Anécdotes et ecrits

Mon parcours se complète ci-dessous et dans la page « REFERENCES »

Assigny dans le Cher reste un bon souvenir parmi d’autres. Un centre équestre dans les communs d’un château en pleine campagne style vielle France dans le centre de la France. Terrains naturels et prairies immenses, cross de quoi se régaler. Une monitrice sympa que je venais aider pour un surcroît de stages et stagiaires.

Le châtelain propriétaire du centre avenant, simple, gentil et chaleureux dont je n’oublie pas ce moment comme je les aime en bonne compagnie où l’on parle de je ne sais quel sujet intéressant après le travail comme ce fut le cas dans cette grande cuisine à haute cheminée où nous savourions un Sancerre rouge du meilleur cru dont je garde encore une bouteille qui m’a été offerte. Moments simples, anodins mais emprunts de sensations douces et de ce bien-être qui font aimer la vie .J’aime ces moments détendus dans la convivialité.

Avoir été itinérant par des remplacements, vacations ou compléter une équipe d’enseignants en diverses régions de France parfois à plus de 800 km (Finistère, Périgord) est une expérience plutôt enrichissante et ouvrant l’esprit. Découverte d’une région, d’autres ambiances, façons de faire, d’autres mentalités et des rencontres le plus souvent agréables.

J’ai ainsi travaillé en Normandie, Bretagne, Limousin, Périgord, Corrèze. En Ile de France, dans la Drôme, le Bourbonnais, le Cher, la Bourgogne, les Alpes et l’Alsace. Outre les conditions de rémunérations et avantages en nature très motivants; dans beaucoup de cas j’étais aux petits soins et très bien considéré. Il est vrai que j’étais toujours en position de demandé….. Parfois même en urgence.

Ce mode de travail peut s’apparenter à celui de mercenaire. Ce choix et Cette façon de travailler, de bouger, oblige de s’adapter rapidement. A peine arrivé dans un centre équestre qu’on ne connaît pas dans une région où on n’a jamais mis les pieds, il faut parfois savoir improviser et de toute façon prendre la chose en main; car après tout on est payé pour ça.

L’avantage est qu’on est épargné de tout ce qui est paperasserie et administratif pour n’être que dans le vif du sujet c’est à dire les cours ou le travail des chevaux, ce qui m’intéresse. Cela demande de la fermeté, de la méthode, du tact, autant de souplesse que de rigueur. De la réactivité et faire fi de tout dépaysement ou nostalgie comme cela peut nous tomber dessus le soir, seul après le travail.

Je garde un bon souvenir de tout cela. Des routes et des voyages avec cette petite part d’aventure qui met du piment même s’il m’est arrivé de me frotter deux ou trois fois avec quelqu’un : animatrice et palefrenier en l’occurrence.

Déplacements ou absences qui allaient d’une journée à deux mois; en moyenne quinze jours ; après avoir négocié un salaire très avantageux sans comparaison avec les salaires misérables de la convention collective.

L’itinérance et les vacations avec un peu d’expérience permettent plus rapidement qu’en situation ordinaire d’affûter son intuition, son jugement et d’évaluer une situation très rapidement. Autrement dit d’être perspicace. C’est ainsi qu’il m’est arrivé de faire demi-tour le jour même peu après mon arrivée dans un centre équestre en Région Parisienne à 400 km de chez moi. Evaluant vite fait le bourbier dans lequel je devais rester une dizaine de jours ….il est vrai facile à évaluer: Accueil froid, allure louche de l’employeur. Déjà cela, ça ne trompe pas mais : écurie mal tenue, chevaux à l’air triste (pour moi c’est un critère très significatif), chambre nue, un lit de fortune, une pseudo carrière dangereuse et deux, trois questions à un jeune palefrenier et…. stop on arrête là. Ça suffit amplement pour que mon intuition me dise de ne pas m’impliquer mais de déguerpir non sans avoir signifié au dirigeant les raisons de mon départ.

Je quitte en rebondissant le lendemain à quelques 40 km à l’UCPA de Bois le Roi près de Fontainebleau avec lequel j’étais en contact. Là, c’est sérieux. Que des professionnels, du directeur aux nombreux enseignants constituant l’équipe pédagogique. On va pouvoir s’entendre. Et de fait j’ai travaillé dans la joie et la bonne humeur avec mes collègues et les stagiaires.

Depuis quelques temps j’ai cessé mes déplacements loin dans d’autres régions à une ou deux exceptions ainsi que les vacations pour me limiter à une clientèle locale de propriétaires de chevaux.

Si j’en parle c’est parce que j’ai été conquis par tous les bienfaits qu’il procure au cheval depuis que j’ai découvert en lui au fil du temps et de l’expérience des vertus que je ne soupçonnais pas et réalise tout le profit qu’il y a à le pratiquer tant pour le dressage proprement dit que pour la mise en condition, la mise en souffle ,la musculation,le calme et bien sûr la récupération.Oui je suis un grand adepte du pas et j’en fais ici l’apologie.

Le pas. C’est déjà cette allure qui permet dès qu’on est a cheval de jauger la locomotion: souple ou raide ,régulière ou irrégulière etc. . . La soumission aux jambes,aux mains et de se lier au cheval par un pas allongé en accompagnant bien le balancement de l’encolure entre les mains et le bassin, mettant de surcroît le cheval » sur la main « .
Sauf pour certains comme les allemands qui sont avant tout des adeptes du trot.Sinon je crois savoir qu’en général le pas est considéré comme l’allure d’initiation de la conduite, des mouvements et assouplissements avant de les pratiquer au trot et au galop. La qualité croissante des allures étant un témoin irréfutable de notre travail .Ainsi je met l’accent sur l’optimisation de la locomotion au premier chef par du pas et du trot allongés de grande amplitude.

Ce bon et vrai pas; celui ou le dos du cheval grace a une bonne musculature aide les gestes des membres et permet de développer ce pas étendu le cheval  » marchant avec son dos »comme on dit opposé au pas étriqué ou le cheval ne se sert pas de son dos faute d’une bonne musculature dorsale (iliaux-spinaux) mais marche qu’avec ses jambes de façon piquée,raide, comme un geste pendulaire.

En terrain varié et dénivelé au pas rênes longues laissant le cheval jauger le sol et se prendre en charge sans intervenir , rien de tel pour le rendre adroit et équilibré.
J’ai pu constater après de longues sorties au pas combien les articulations se fortifiaient.Les tendons durcissent surtout sur sol dur mais du fait de leur étirement par un pas ample ça maintient leur élasticité.De plus cette allure peut être soutenue longtemps sans fatigue.

J’ai vu des chevaux très nerveux se calmer rien que par du pas allongé au maximum.C’est un moyen pour leur enlever toute velléité de faire un écart ou un bon. Je dis toujours à l’élève dont le cheval déborde d’énergie et est prêt a bondir de  » le prendre dans les jambes », c’est à dire de le pousser fermement au pas très allongé afin qu’il sente qu’il y a un chef,un patron sur son dos via l’autorité des jambes, j’emploie le terme de capitaine par préference. Pourquoi le pas allongé? Parce qu’il ne met pas le cheval dans les meilleures dispositions pour faire du rodeo à l’inverse du pas ralenti avec un cavalier aux rênes raccourcies qui stressent le cheval.Une fois encore ceci n’est pas une pure théorie mais un fait constaté par la pratique.

Lorsque je monte un cheval pour le travailler; après la détente le travail commence et là au pas et encore au pas et rien qu’au pas durant un temps très long qui semble toujours court (minimum 20 à 25minutes)je fais les exercices de gymnastique et de soumission adéquates suivant le stade ou en est le cheval: étirements d’abord comme il se doit puis les transitions du pas allongé au pas ralenti,du ralenti à l’allongé sur des distances ou temps ( c’est pareil) d’abord assez longs puis des distances ou temps plus serrés avec de plus en plus d’exigence quant à la qualité de la soumission- réactivité -légèreté. Après cela s’en suivent des demandes de flexions alternées avec hanches en dedans ,reculer, épaules en dedans en ligne, sur courbes et spirales,descentes d’encolure,relevé et maintient de l’encolure , foule sur une rêne etc. . . . Le cheval acquiert ainsi une légereté au souffle de la botte et passe du pas très allongé au ralenti ou pas compté en deux secondes sur simple grandissement du corps sans rien dans les mains .Sensation d’une bonne mise en mains et de maitrise du cheval.

Dans le travail sur deux pistes le pas m’a semblé être plus opérant qu’au trot ou au galop,le cheval ne pouvant sauter comme au trot ou au galop pour se soustraire au chevalement des membres.
Tout ce travail en amont au pas fait d’exercices très simples mais dans une recherche de perfection ( soumission-impulsion-équilibre- légèreté) s’il n’est pas tout et n’est pas tout, fait énormément, facilite beaucoup pour le reste et s’avère très « payant ».

Lorsque je donne un cours de 2 heures (orienté essentiellement sur le travail du cheval plus que sur la formation du cavalier) ,après la détente je fais faire a mes élèves au minimum de 45 minutes de pas en commençant par mettre le cheval en avant si nécessaire suivit du programme du jour que j’ai prévu par rapport a la séance précédente qui n’échappe pas aux étirements avant de passer aux exercices plus  »concentrés ». Beaucoup d’exercices pour décontracter le cheval ou si on préfère pour détruire les résistances musculaires par autant de flexions de mâchoire que d’assouplissements par des transitions, du reculer de l’épaule en dedans etc. . . afin d’avoir le cheval bien en main et leger dans l’impulsion et pour certains le cheval rassemblé . C’est ce qui se passe fatalement grâce a ces 45 minutes de travail au pas où les éleves bien »installés »sentent alors cette osmose et cette harmonie jouissive avec leur monture.Le centaure se profile! Tout étant affaire de concentration, d’observation de sensations et de tact il va de soit que le cours se fait en interactivité entre les élèves et le prof (bibi). Après; tout le reste aux autres allures semble être  »du gâteau » et en fin de séance j’observe et juge donc le trot et surtout le pas évoluant librement rênes longues pour m’indiquer si on a fait du bon travail et s’il y a progrès ou pas. Si le trot ou le pas s’avèrent être d’une qualité incomparable par rapport au début de séance c’est la preuve d’un travail progressif et juste. Mes élèves sont étonnés au début de cet heureux constat et il y a encore quelques semaines une collègue m’ayant accompagné et assistant à un de mes cours me disait  » ne pas avoir vu autant de progrès . . . des chevaux en si peu de temps » (2h) . Cela est dû essentiellement au pas j’en suis intimement convaincu. Ça fait plaisir de voir « qu’on est dans le vrai » et je suis satisfait malgré mes exigences de progrès . Je le dis aux élèves en faisant le point et on repart heureux .Et pour la petite histoire les 2 heures de cours ne causent aucune fatigue pour les chevaux et les cavaliers car je veille à ça. Il m’importe que les chevaux soient plus en forme en fin de séance qu’au début même après un cours rondement mené .C’est tout a fait réalisable la preuve. Mieux ; ils terminent détendus,décontractés sans jamais avoir été saturés ou en sueur et je le dis parce que c’est flagrant: des chevaux heureux . Car il y a des signes qui ne trompent pas. Certains chevaux de mes élèves me connaissent très bien et lorsqu’ils marchent au pas librement rênes longues avec leur propriétaire sur le dos ils lèvent et tournent la tête et viennent vers moi a l’appel de leur nom! c’est amusant. Ils savent que le sucre ou la caresse les attendent.Car comme je l’ai écrit sur la page  » ma pédagogie » le sérieux et l’exigence du travail avec le cheval ne doit pas empêcher les sentiments et un lâcher prise affectif. Cela fait le plus grand bien au cheval et facilite la complicité alors pourquoi s’en priver! D’ailleurs je commence mes cours par un petit mot et caresser chaque cheval avant d’entamer la séance et durant celle-ci comme je l’ai déjà écrit, les moments de trot et de galop sont très courts mais répétés et la séance entrecoupée de très nombreuses mini poses au pas ou a l ‘arrêt.De poses sucres aussi . . . et pour moi de poses « schweppes » lorsqu’il fait chaud.

Pour étayer mes propos sur les bienfaits du pas dans le dressage ; des écuyers de renom étaient fervents de pas comme Baucher disant que » le pas est la mère de toutes les allures » .C’est vrai, un beau pas génère un beau galop .Pour preuve regardez le magnifique galop des chevaux de courses au canter et durant la course.Regardez leur pas après ou avant la course.Un pas ample,souple délié à la façon dont marche la panthère.Un beau pas donne un beau galop et un beau galop confirme un beau pas. L’ecuyer Dupaty du clam écrit « on ne saurait exprimer tout le bien que cette allure procure au cheval ». Raabe illustre écuyer de Saumur disait de l’écuyer Rousselet « que c’est a l’allure du pas qu’il dressait ses chevaux « . Enfin l’écuyer Boudant écrivait: « je n’essaie le galop et le piaffer qu’après avoir répété et répété le « préparer « au pas comme s’il avait été le but réel du dressage ». Tout est dit.

J’ai pu constater tous les bienfaits du pas pour mettre les chevaux en souffle par de longs temps à cette allure alternés de transitions allongements- hyper ralentissements sur le plat voire en terrain dénivelé au pas libre.Des cavaliers plus compétents que moi : Jean Yves et thierry Touzain à l’époque oû ils montaient en compétition et en équipe de France de complet mettaient leurs chevaux en souffle essentiellement par du pas avec les résultats qu’on connait (années 70-80).

De fait le pas est excellent pour le cœur et la respiration comme pour nous et sachant qu’elle se règle sur le jeu des antérieurs, le cheval a tendance à deux respirations lentes par foulée de pas. Cela a pour conséquence de décongestionner les poumons et de les ventiler. C’est pourquoi le pas allongé est l’exercice respiratoire du cheval.Là, je m’étends volontairement en ouvrant une parenthèse sur les courses pour faire l’apologie des jokeys et des entraineurs. Si pour les entraineurs de chevaux de courses (galopeurs) le galop reste la base de l’entrainement je témoigne de l’importance qu’ils donnent au pas tant avant qu’après les galops le matin à l’entrainement. Lorsque nous terminions les séances de galop à Maisons-Laffitte à l’ouest de Paris chez l’entraineur JeanPaul Gallorini ou en Anjou chez l ‘entraineur anglais mr Hall, c’était au minimum une demi heure de pas et jamais de chevaux en sueur qu’il faut sécher comme on le voit ailleurs ou alors exceptionnellement et volontairement dans un but bien précis. Encore et toujours ce professionnalisme dans les courses qui n’a pas son pareil dans le milieu équestre que l’on connait.Chez l’entraineur Jean Paul gallorini à Maisons-Laffitte chez qui je montais des lots (3 chevaux) certains matins;ce n’était pas une demi heure mais trois quarts d’heure de pas extrêmement lent; les chevaux totalement décontractés,sereins et en pleine forme après leur travail et leurs efforts.Je me souviens de ces longs retours à l’écurie en forêt de St Germain au pas très très lent en file indienne après les galops en suspension debout sur les étriers les genoux au niveau du garrot pour les demi-trains et les bout-vites (grands galops) .Petite parenthèse: Après avoir monté nos pur sang; en fin de matinée; Jockeys ,lads, entraineurs et comme moi les « cavaliers d’entrainement »et ils sont nombreux nous nous retrouvions à » L’Auberge bleue », le café- bar des « gens de courses » en bordure de forêt, toujours bombé de jockeys, de premiers garçons, de cavaliers aux lots comme moi et entraineurs devisant . Ce monde particulier des courses que j’ai un peu côtoyé et appris à connaitre et que je respecte. Messieurs les cavaliers d’équitation classique comme je le suis aussi; je peux vous dire que ces gens là, jockeys et entraineurs en savent un bout sur les chevaux,ils ont des connaissances subtiles et pointues qui nous échappent je vous l’assure quant à l’entrainement de chaque cheval, son tempérament sa psychologie,comment le monter et la stratégie à prendre.Par exemple:J’entends le jokey Alain de Chitray dire: » Ce cheval il faut le monter en « course d’attente parce qu’il a tendance à avoir son second souffle vers 2000m, la distance étant de 3500 m? ». On encore  » ce cheval est susceptible, il n’aime pas avoir un autre cheval à son côté dans le peloton c’est pour ça qu’il a des muserolles australiennes;il peut se placer à l’arrivée avec ce terrain lourd qui lui convient ». « Avec tel cheval j’entends le jokey Christophe Soumillon dire:  » il faut qu’il aille plus sur le mors, il ne se tend pas assez pour mieux le contenir avant les 800 mètres « . J’entends l’entraineur Nicolle dire à la télé sur » Equidia » : « Ce cheval prend son second souffle à mi parcours mais trop tard pour une course de 3000m, il va falloir doubler son » interval- taining »pour améliorer sa petite respiration « ! ! ! (c. a. d.pas celle des poumons mais celle des tissus via les globules rouges donc du sang).!.;Cà c’est du langage de vrai « pro ». Et là encore récemment j’entends à la télé le jockey Charles Boudot dire: . . . » Avant le dernier tournant je l’avais bien sur la main, mais je l’ai contenu en main impulsive pour qu’il ne se déploie pas avant les chevaux de tête; sa pointe de vitesse étant très rapide mais de très courte distance »! . »En mains impulsives »! et pas en actions de mains type demi-arrêts! Subtil non? Actuellement vous voyez des chevaux terminant les plus longues courses dans une bonne accélération sans la moindre sueur, soufflant sans plus mais rarement haletant comme souvent autrefois . Qu’elle ambiance que ce milieu particulier d’hommes énergiques,connaisseurs oh combien,réfléchis et pour les jockeys d’obstacles des types sacrément courageux sans être comme autrefois un peu têtes brûlées.Là dans les courses,on n’est pas dans l’équitation de loisirs;c’est du sérieux. On le sent tout de suite lorsque l’on va dans une écurie et que l’on côtoie un tant soit peu ce milieu de vrais professionnels confrontés à des enjeux importants. Chevaux aux petits soins c’est normal; mais de façon toujours réfléchie et intelligente. On est hyper-méticuleux dans les courses.Le laisser aller et le négliger n’existent pas. Pas un lendemain de course sans mettre les chevaux au paddok ou leur faire faire une promenade au pas,quelques fois avec un léger trot en fractionné . Rien de tel pour enlever le reliquat d’acide lactique et les éventuelles courbatures et ce coup de mains au pansage comme on ne le voit que là. Avant de fermer la parenthèse sur les courses je tiens à dire que je suis admiratif des jockeys d’obstacles pour leur courage d’abord mais aussi pour l’excellence de leur monte tout comme celle des jokeys de plat elle aussi, incomparable monte par rapport à ce que c’était il y a encore quelques temps . Regardez les à la télé déjà quand ils commencent leur canter en super- équilibre au petit galop.Tout y est : équilibre, aisance, finesse,position adéquate,rien ne bouge, jambes fixes talons bas et non plus comme avant étriers chaussés à fond jambes en avant comme les vieux chasseurs anglais, etc . Des postures ou positions de jokeys disions nous avec ce que çà avait de péjoratif à juste tître à l’époque. Désormais ce n’est qu’impression d’harmonie et de légèreté parfaite.

Revenons au pas. Avec certains chevaux comme le pur sang Equito en photo dans « mon parcours »; après un long temps de travail au pas ou les transitions deviennent de plus en plus rapprochées pour arriver à passer en deux secondes du pas allongé encolure étendue au pas compté encolure relevée et si possible avec flexions de mâchoire et bien sûr le cheval dans l’impulsion prêt a jaillir et inversement du pas hyper lent au pas allongé;on constatait une évolution flagrante. Par cet exercice répété un certain nombre de fois et restant assez longtemps dans ce pas très lent et rassemblé Equito bandé comme un ressort l’encolure remontée, bien placée faisait voir les muscles de la base de l’encolure gonflés,saillants.Il redoublait d’énergie et d’impulsion; un des buts recherchés . Contenir ainsi cette énergie recherchée et provoquée par le pas hyper lent jusqu’à ce besoin du cheval de gicler ou au moins de s’étirer, c’est ce qu’on appelle » la force explosive « . Continuer encore un peu ce pas hyper lent avec ce trop-plein d’énergie à la limite de l’exaspération puis « rendre »,laisser s’étirer le cheval dans un pas allongé avec extension d’encolure ou passer au trot ou au galop afin surtout de ne pas lui faire perdre son perçant et son moral.Voilà un aspect du travail que je faisais particulièrement avec ce cheval.Et avec ce même Equito il m’arrivait parfois en fin de séance de m’approcher à moins de 4 mètres d’une haie barrée d’1,20 m au pas très lent et de le laisser gicler et s’enrouler au-dessus comme un chat.C’était amusant et confirmait l’impulsion . Ça n’a rien d’extraordinaire je le sais surtout avec un bon sauteur comme Equito qui passait aisément 1,40m de la même manière quand je le prenais en longues rênes mais ceci est pour y voir l’impulsion.

Cette « force explosive » recherchée qui est une énergie crée et contenue par et grâce à ce pas très lent est à rechercher pour générer de l’impulsion et participe au rassembler. Voici donc encore un bienfait dû au pas.
Le pas reste l’allure de base sur laquelle je reviens systématiquement lorsque je suis confronté à une difficulté de dressage: soumission, bouche dure,peur etc.Il reste aussi une très bonne gymnastique corrective et compensatrice de base sur laquelle je reviens souvent comme bien des cavaliers quelle que soit la discipline du cheval au même titre qu’un skieur,un judoka ou un tennisman fait de la gymnastique en plus des exercices propres à sa discipline.
Enfin et pour terminer. En ce qui concerne les chevaux ayant eu des tendinites, péri-tendinites voire claquages, le pas après le repos nécessaire s’avère une véritable thérapie par ces promenades au pas lent sur sol dur afin de reconstituer les fibres tendineuses avant de passer aux trottings sur sol dur puis du pas ou du trot alternés sur sol dur et sol souple. S’ajoutant à cela si on peut le faire: L’hydrothérapie . Mieux, la thalassothérapie à l’océan, c’est l’idéal. Mon cheval Allinton qui n’a jamais eu le moindre problème aux tendons revenait de nos séjours sur la Côte Atlantique après avoir pataugé et marché au pas des heures dans l’eau sous les genoux avec des tendons d’acier . . . bien trempés . . . évidement . .

Voilà un petit exposé de ce que j’ai constaté à propos du pas et de ce qu’ il peut apporter de bon pour le cheval ; de ce que je pratique aussi. Cela n’a rien d’innovant ni d’exhaustif. Cette apologie du pas ne me faisant pas sous estimer pour autant les vertus des autres allures

P.Crivelli

Je crois bénéfique de ne pas faire du dressage que dans un manège ou une carrière comme nous en avons tous trop l’habitude mais de travailler le cheval souvent en extérieur sur une bonne prairie.N’ayant plus les repères des lettres ni les dimensions entourées par des lisses ou un pare-bottes cela oblige à se débrouiller,de sortir d’un carcan pouvant nous enfermer dans une sorte de conformisme néfaste et stupide. Cela permet de se concentrer plus sur la manière dont on exécute le mouvement qu’à sa précision de lettre à lettre. J’ai vu ainsi des cavaliers d’un assez bon niveau tellement formatés par du dressage pratiqué qu’en manège de 40 ou 60x20m qu’ils étaient étonnés que je les fasse travailler sur le plat un peu plus loin dans une prairie parsemée de quelques arbres et pas encadrée d’une barrière .Sans jeu de mots  » le champ libre ». Mon intention était tout à fait délibérée,sachant à l’avance la suite. De fait,Je constatais qu’ils perdaient leurs repères les premiers instants; certains un peu contrariés parce que çà sortait de l’ordinaire et de leurs chères habitudes . Mais là,confrontés à la réalité, çà ouvre l’esprit. Les élèves montant librement et évoluant sans balises,se responsabilisent,deviennent de plus en plus créatifs, prennent des initiatives qu’ils ne prenaient pas au manège.Affranchis de l’esprit de géométrie je voyais les chevaux et cavaliers évoluer sereinement puis progressivement devenir de plus en plus autonomes. C’est bien le but de l’enseignement. Je n’ai rien contre le manège surtout en hivers mais travailler ainsi est bénéfique tant pour les chevaux que pour les cavaliers. Je dirais même,pour avoir beaucoup monté à cheval en « solo » dans mon coin hors du manège ou d’une carrière mais sur un bout de prairie ou une clairière parfois au petit matin,loin du bruit et des regards que c’est vraiment très agréable, parfois jouissif. Pour ma part,J’aime être en bonne compagnie et la convivialité; partager certaines choses agréables à deux ou plusieurs plutôt que seul. Mais je pense qu’il y a des choses et des moments particuliers qu’il faut vivre seul et isolé pour mieux les savourer comme d’être à cheval et « faire cavalier seul »; travailler dans son coin ou se promener.Une osmose se crée entre la nature le cheval et moi. Des moments que je déguste pleinement tout comme lorsque je fais du footing en forêt ou que je rêve ou médite face à l’océan. Une solitude positive.

P.Crivelli

Pour avoir été enseignant en postes fixes et surtout enseignant indépendant et itinérant et avoir ainsi fait un bon nombre de remplacements et de vacations en différents centres équestres, j’ai accumulé un bon nombre de certificats de travail dont certains très élogieux et des attestations éloquentes.

Comme cavalier,j’ai des attestations de montes et de stages venant de professionnels et d’entraineurs de renommée avec pour certains des compliments qui me touchent et dont sans présomption j’ai droit d’être fier.Tous ces certificats et attestations sont dans mon press-book/c.v.

Comme tous les profs je présume cela me fait plaisir quand des élèves apprécient mes cours, me disent que c’est cohérent et varié, qu’ils ne ressentent jamais de lassitude et pour certains j’ai droit à des compliments et des petits cadeaux, des cartes. Cela me touche beaucoup mais je ne suis pas dupe parfois d’exagérations de leur part aussi sincères soient’ ils. Toutefois il est évident que l’appréciation d’un élève d’un niveau galop 6, à fortiori 5,4,3 ou débutant ne peut avoir le poids, la véracité d’un expert, d’un professionnel qui en plus ne me ferait pas de concessions. Ce qui veut dire que forcement des compliments verbaux ou écrits venant de ces derniers ont plus d’importance et plus de crédit que venant des élèves. En particulier ce que m’ont écrit certains professionnels sur des certificats de travail et attestations ou dit de vive voix comme le commandant de Faucompret vétérinaire principal de l’École de Cavalerie et de l’E.N.E (École Nationale d’Équitation) réputé pourtant pas façile et dont je sais qu’il m’appréciait et m’avait » à la bonne « . Moi simple stagiaire détaché du Centre Zootechnique de Rambouillet, il m’invitait parfois à manger chez lui où il recevait des officiers. Je me souviens particulièrement d’un repas où il y avait le commandant Boyot du Cadre Noir et de leurs propos fort intéressants tant sur les chevaux que sur la vie. C’était particulièrement agréable. J’en était très honoré autant que surpris. Mais aussi de ce que m’ont dit Mr Gallorini entraineur de chevaux de courses à Maisons-Laffitte et Mr Hall entraineur en Anjou. Des certificats élogieux aussi que je garde précieusement dans mon press-book de cinq ou six directeurs de centres équestres dont Mr Valois dans le Cher; vrai homme de cheval, féru de dressage aux longues rênes et avec lequel souvent le matin nous montions de jeunes chevaux .Un bon patron avec qui j’entretiens encore de bons rapports ainsi qu’une collègue instructrice dans la Drôme avec qui j’ai fait plusieurs vacations dans son club et avec laquelle nous avons fait du bon travail. Une déconsidération,une critique de ces personnes, ces professionnels m’atteindrait vraiment et me ferait me remettre sérieusement en question.Tandis qu’une critique déplacée ou injustifiée venant de profane, d’amateur, ne pourrait m’atteindre ainsi que mes collègues je présume mais nous laisser froid et droit dans nos bottes. Ce à quoi on pourrait rétorquer au besoin. . . si cela se présentait, ce qu’a écrit La guérinière: « De ceux qui tiennent un tel langage sans fondement il est inutile de combattre leur opinion qui se détruit suffisamment de lui-même » .

J’aime mon métier. Pas un matin je me suis levé avec ce sentiment désagréable de corvée que bien des gens connaissent dans d’autres professions plus conformistes ou plus conventionnelles. Et si j’ai parfois subit et enduré ce n’est par par le métier proprement dit, ce n’est pas par les élèves ni par les chevaux mais comme je l’ai déjà écrit, c’est parfois par certaines conditions matérielles extrêmes n’aidant pas à mettre en œuvre ce qu’on pourrait faire et valoriser. » Ne pas avoir les bons outils ». Ça c’est très frustrant,parfois révoltant .Mais le pire à supporter et là encore j’insiste encore volontairement c’est pour quelqu’un du métier comme moi et mes collègues enseignants, d’être salarié d’un employeur qui n’étant pas du métier ne sait pas apprécier à son juste prix et critique. Là c’est problématique et mon expérience comme celle de la plupart de mes collègues le prouvent; çà devient insupportable et ingérable neuf fois sur dix (voire mon topo dans  » Certaines difficultés du métier ») .Trop souvent ce qui est du ressort de l’employé est mal définit et l’employeur se mèle des prérogatives et de ce qui est du domaine de l’enseignant . Souvent il met des responsabilités sur le dos de l’enseignant alors que celui-ci n’y est pour rien et c’est le conflit. Essentiellement dans un centre équestre, pour que ça fonctionne bien et pour faire du bon travail il faut une totale harmonie d’idées et conceptions entre l’employeur et l’enseignant .La liste serait trop longue d’exemples d’attitudes,de comportements invraisemblables que j’ai pu voir de près par des patrons sans scrupules et indignes. Que ce soit avec un seul patron ou un comité dans un centre équestre, mis à part les centres de vacances,colonies,classes vertes etc. ou UCPA où là, pas de problème. J’accepte volontiers un employeur très dur si celui-ci peut m’en apprendre sur le métier et les chevaux et que je puisse dire  » avec lui qu’est-ce que j’en ai bavé mais qu’est-ce que j’ai appris ». Mais pour çà il faut qu’il soit sinon un vrai « pro »; quelqu’un du métier. Si ça ne va pas avec l’employeur ou le comité ne sachant pas apprécier (par incompétence), se comportant mal et ne pouvant rien m’apprendre sur mon métier alors là! C’est compliqué! Quelle stratégie à adopter ne sachant comment il peut réagir? Être ferme? généralement ça paye. Être diplomate? Si ça marche pourquoi pas. Sinon mieux vaut laisser ces gens dans leur jus et leurs certitudes et dégager au plus vite si c’est possible en pensant ce que m’avait dit de pertinent Philippe Karl pour lui-même avoir été confronté à ce genre de situation :  » Le mépris des imbéciles est pour nous un plaisir de fins gourmets ». Par contre quel plaisir et quelle sérénité d’être salarié et donc subordonné d’un patron du métier, un vrai professionnel avec tout ce que ça veut dire de compétences et de rigueur comme ces entraineurs de chevaux de courses et ces personnes citées plus haut. On est sur la même longueur d’ondes,on se comprend à demi- mot; pas besoin d’expliquer et encore moins de justifier ce qu’on fait. Bref là on travaille en bonne intelligence avec plaisir dans la sérenité et être salarié ,là ça va mais à cette cette seule condition.

Le métier d’enseignant d’équitation. Un métier de chien nous disait Gilbert L’écrivain instructeur et formateur à Dijon. Certes, mais un beau métier je pense. Difficile, aventureux , instable si l’on est salarié et qui demande beaucoup de qualités mentales,morales,physiques, une certaine philosophie de vie et des nerfs solides. Il faut savoir que la pédagogie en équitation est la plus complexe de tous les sports avec la voile (courants, vents etc.). Un métier qu’il faut faire avec passion mais bien entendu sans jamais être plus royaliste que le roi pour les salariés; « mener la danse « du moins ne pas se laisser dépasser par les personnes ou je ne sais qu’elle situation  » délicate ». Facile à dire je sais.Toutes choses qui ne sont pas évidentes à affronter pour un ou une jeune monitrice mais qu’après une certaine expérience aguerrissante on maitrise. Il me semblerait opportun à ce propos de mieux armer moralement les élèves enseignants pour affronter d’éventuelles difficultés relationnelles par un complément de formation très sérieux pour bien gérer leurs émotions,garder la tête froide, la bonne répartie etc. . .via entre autre par l’analyse transactionnelle et d’autres moyens modernes que certaines professions apprennent. Ce métier a été pour moi justement confronté aussi à des difficultés parfois douloureuses mais aussi à des succès et de grandes satisfactions, une école de la vie.Cela me fait dire en passant que ce beau mais difficile métier mériterait pour les salariés,je dis bien les salariés ;d’être beaucoup plus rémunéré. Si en plus on compare les salaires d’autres éducateurs sportifs où il y a moins de risques, oui c’est trop peu payé.Mais les centres équestres n’étant pas des entreprises lucratives et ayant peu de moyens on ne peut leur en vouloir.

P. Crivelli

Egmont .Selle Français monté par sa propriétaire à Blois en Touraine. Je ne résiste pas à mettre cette photo d’un saut parfait de ce cheval imposant du nom de l’ouverture orchestrale de Beethoven que j’ai entrainé avec sa propriétaire quelques temps lorsque j’étais dans le Val de Loire. Il abordait les obstacles toujours dans un très bon équilibre sans désordre et sans précipitation, lui pertant ainsi de prendre sa foulée d’appel avec justesse et au bon endroit. Cela expliquant ainsi cette bonne trajectoire et ce style classique comme celui de sa cavalière. Ce cheval est le type même du bon cheval pour faire ressentir aux jeunes cavaliers les justes et bonnes sensations de l’abord de l’obstacle, leur donner du plaisir à sauter et progresser facilement.

P .Crivelli

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EGMONT

Le cheval Ugolin, un pur-sang en photo dans la page  » mon parcours  » et moi sommes engagés dans une épreuve B2 soit des obstacles de 1,25/1,30 m au concours de sauts d’obstacles (concours hippique) de Poitiers sur le terrain en herbes. Nous faisons un parcours sans faute comme six autres concurrents. Assez lent certes mais régulier. Ugolin est en pleine forme,moi aussi. Arrive le barrage où le chronomètre joue. Deux concurrents viennent de prendre des pénalités. Le troisième couple fait un sans faute assez lent.Il reste trois concurrents dont Ugolin et moi qui rentrons en piste confiants.J’ai le cheval bien en mains . . .c’est bien parti. Le premier obstacle, le deuxième, troisième s’enchainent aisément dans un bon train en sentant le bon abord,la bonne foulée. Après un aqueduc au milieu d’un petit bidet d’eau nous franchissons l’obstacle que je redoutais. Une stationna de palanques aux couleurs de l’Italie: vert,blanc,rouge.Mais aussitôt franchie je tourne au plus court à la réception pour gagner du temps.Il reste trois obstacles à franchir. Tout va bien . . .trop bien. Je réalise qu’Ugolin est plus rapide que le concurrent précédant. Cela me grise et en une seconde ma mémoire flanche, je ne sais plus lequel des deux obstacles est à sauter! J’opte pour le plus éloigné . . . pas de chance c’est le mauvais! Au dernier moment à deux ou trois foulées je rectifie la direction in- extremis et brusquement pour reprendre le parcours à l’endroit où l’erreur a été commise comme il se doit en poussant au maximum Ugolin afin d’essayer de rattraper le temps perdu stupidement et aborder le bon obstacle; un oxer jaune et blanc. Ugolin n’est pas un cheval particulièrement puissant. On ne peut compter sur sa puissance musculaire pour sauter mais plus sur sa détente,sur l’élan et l’élan c’est le train. C’est pour cela qu’un parcours rapide lui convient bien. Il franchi ainsi aisément l’oxer abordé un peu de biais ainsi que les deux derniers obstacles et passe l’arrivée à vitesse grand V mais . . . .peine perdue,pas le V de la victoire. Le dernier concurrent passant après moi fait un beau sans faute donc sur une distance plus courte que mon parcours et remporte la victoire et la coupe, nous reléguant ainsi à la seconde place.Une belle coupe que je loupe à deux ou trois secondes près. C’est rageant et frustrant.

Ce jour là je n’ai pas été digne d’Ugolin qui lui la méritait bien. Rageant contre moi,un peu honteux et frustré de ce que j’aurais pu remporter,Je détournais ma rage en le récompensant généreusement; me contentant d’un souvenir en laiton, d’un flot et Ugolin d’une plaque d’écurie verte comme l’espoir . . . d’une revanche.

P. Crivell

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Ugolin ici à Royan sautant « le mur de l’Atlantique »

J’ai fait un certain nombre de vacations notamment dans des centres équestres recevant et hébergeant des groupes d’adultes mais surtout d’adolescents et parmi ceux-ci des étrangers dont des Américains à Tours au cœur de la Touraine, le jardin de la France, le pays des châteaux de la Loire, de la douceur de vivre ,de Balzac et de Rabelais.Une province qui m’est chère où la langue française est la plus pure dit’ on. Ainsi Tours est un pôle où se retrouvent des adolescents et étudiants américains pour améliorer leur français et dans leurs loisirs il y avait l’équitation. Cela me donna l’occasion de parler anglais. Américains typiques ces jeunes garçons et filles . Extravertis comme tout bon américain; décontractés et très sympathiques dont j’ai gardé contact par après avec certains et . . . certaines Sally,Vicky. C’est avec grand plaisir que j’ai travaillé avec ces Américains toujours enthousiastes et mené des reprises plutôt joyeuses par comme le dit si bien d’Orgeix « une équitation de soleil ». Je me souviens de ces filles remontant gaillardement à cheval après quelques bonnes chutes dans la sciure.Des battantes dotée de courage et de vigueur; ça m’épatait. Une expérience professionnelle et humaine enrichissante.

En Normandie, à Forges les Eaux, j’ai eu la charge d’un groupe de collégiens anglais venant de Bristol .Pas de manège et beaucoup de pluie. Je garde surtout le souvenir de ces reprises dehors sous la pluie qui n’en finissait pas sur un terrain boueux . Ce n’était pas confortable mais nous avons pu faire du travail correcte les »roastbeefs » et moi malgré tout.

Deux étés: 1998-1999 j’ai travaillé à Bujaleuf dans le Limousin et le grand et beau centre de loisirs équestre avec d’autres collègues: Bruno, Annik, Marc .D’abord ce cadre particulier sur les Monts du Limousin à l’aspect un peu sauvage incitant à rêver avec cette vue plongeante sur le lac en contre-bas qui me faisait rêver ou ressentir je ne sais qu’elles sortes d’émotions à chaque repas depuis le réfectoire. Nous faisions chacun 3 à 6 reprises par jour avec systématiquement 12 élèves par reprise et une bonne cavalerie .Chacun des moniteurs faisant son travail librement comme il l’entendait avec ses groupes d’élèves .Je crois pouvoir dire que mes collègues et moi faisions du bon boulot.Une organisation parfaite et des horaires très ponctuels. Tout le monde était content et satisfait, de la direction aux élèves .Il y avait parmi d’autres groupes de français un groupe important d’allemands.Des garçons et filles adolescents du niveau galop 3 au niveau galop 7.Que des enfants de militaires de la Bundeswher. Je me souviens de l’étonnement de voir bon nombre d’entre eux parler très bien français; quasi couramment après seulement deux années d’étude! J’avais déjà constaté cela lorsque j’étais en classe terminale où une classe de collégiens allemands était venue passer une journée avec nous. Ils parlaient tous un français plus que correcte après trois années alors que nous les français avec 6 années d’allemands balbutions! On était vexés. J’ai toujours pensé à l’époque déjà que la pédagogie scolaire au collège ou au lycée en France surtout concernant les langues sauf la langue de bois était médiocre. Les faits sont là et rien n’a changé en 2017. Parmi les autres groupes de français la plupart des jeunes étaient eux aussi enfants de militaires de toutes armes mais beaucoup de fils et filles de marins venant de la base navale de Brest.La flotte à cheval! .Il n’y eut jamais de vagues. . . .l’océan Atlantique étant trop loin. De bons élèves.L’année suivante, à nouveau à Bujaleuf ce furent des marocains venant de Rabat dont j’ai été le moniteur avec d’autres collègues. Là encore essentiellement de l’instruction par des reprises de 12, mais aussi des promenades, des jeux équestres avec en ce qui concerne mon orientation, beaucoup de monte à cru car c’est excellent et ludique, de courses poursuites, chasses au renard, de voltige, un ersatz de horse-ball et mon dada: les gymkhanas.Et puis ce fameux 12 juillet 1998 ! L a France championne du monde de foot-ball. L’inoubliable match de la finale du Mondial à Paris, suivi entre deux reprises.Instants magiques, grandioses. Apothéose d’explosion de joie.Une communion unanime que seul le foot peut apporter avec autant de ferveur et de liesse partagées par tous et moi-même, dont je soupçonne même les chevaux d’avoir ressentis cette joie communicative. Un bonheur renforçant la bonne ambiance de ce séjour et le plaisir d’exercer mon métier.Un excellent souvenir comme je l’ai déjà écrit dans  »mon parcours équestre »ces séjours sous le soleil parfois brûlant des Monts du Limousin joignant l’utile à l’agréable dans une ambiance particulièrement agréable je dirais un peu magique et des conditions de travail plus que correctes rendant mon départ non sans un peu de tristesse

P.Crivelli

Il est heureux de constater l’excellence de la monte actuelle des cavaliers de C.S.O.internationaux et plus précisément de leur style par rapport à ce que c’était jusqu’au milieu des années 1990.

Comme nombre de cavaliers je regarde à la télé sur Equidia et les chaînes allemandes les grands concours de sauts d’obstacles .Il y a peu: Rome, Berlin, Zurich, Aix la chapelle, le derby et grand prix sur le terrain joliment fleuri de Dinard. Je ne vois que des cavaliers ayant un style frôlant la perfection.Tous des stylistes et puristes de premier plan et dans le même style quelque soit la nationalité.

Finies les différences de styles et de méthodes comme avant où l’on reconnaissait bien la monte allemande le cheval enfermé avec les Schockemohle, Winkler, Steenken, Wiltfang. Finie la monte et méthode anglaise instinctive,naturelle avec souvent des positions pour le moins inesthétiques et acrobatiques.Finie la monte et méthode coulante latine avec les D’inzeo,Mancinelli, D’oriola. Ces différents styles et méthodes d’avant disons le milieu des années1990 montraient des cavaliers excellents et efficaces mais avec le plus souvent des jambes baladeuses rejetées en arrière lors du saut,les talons frôlant parfois les fesses,des plongées du corps excessives, des cavaliers pas toujours en place,des sauts » à l’arraché »qui n’ont rien d’esthétiques et académiques. Rares étaient les stylistes qu’on assimilait à puristes mise à part les américains. En France dans les années 1970 seul un certain Pierre Durand, le commandant et pas l’autre Pierre Durand; le grand dans tous les sens du terme, le médaillé d’or olympique avec Jappeloup, était considéré comme un styliste à défaut d’être un battant et d’avoir l’étoffe d’un champion. De fait il faut le reconnaitre le style de ce militaire était élégant à l’époque et se démarquait des autres. Mais aujourd’hui avec ce que l’on voit chez ces cavaliers de haut niveau son style semblerait dépassé,pas des plus esthétiques voire lui vaudrait des sarcasmes.

Désormais il y a cette monte internationale en C.S.O. excellente qui me semble être un compromis de ces différentes méthodes dans un seul style. Ce style hyper classique innové par les américains dans les années 1960/7O et qu’eux seuls appliquaient. Style très sobre, pur, jambes restant à leur place talons bas, aides discrètes,position impeccable et toujours en harmonie avec le cheval ; impression de facilité, de fluidité. Une émanation de la monte hunter sinon la monte hunter appliquée au plus haut niveau, juste renforcée d’interventions plutôt discrètes et d’une totale soumission du cheval. Aujourd’hui même sur les plus gros parcours les cavaliers ont cette belle et bonne position ,ces gestes sobres,coudes au corps,jambes à peine reculées lors du plané, bref la monte classique, le style hunter, élégant, esthétique et efficace. Ce que Georges Morris entraineur de l’équipe américaine a écrit dans « l’information hippique » : « Style et efficacité ne s’éxluent pas au contraire. Assiette liante, aides discrètes sont indispensables à une technique valable. Je crois profondément qu’on ne peut séparer le fonctionnel-rationnel de la pureté du geste ». Tout est dit.
Quand je vois la monte de Pénélope Leprevot, mais encore mieux la monte sublime de la portugaise Luciana Diniz, c’est un régal . La monte des allemands Markus Herring et Daniel Deusser, du français Philippe Rozier, l’italien Di luca, le suisse Guerdat, de l’extra-terrestre champion allemand Mikael Young et les autres je suis admiratif,subjugué. Il y a un monde avec le style des générations d’avant 1995. Un seul exemple concret: la différence de style entre Marcel Rozier pour qui l’a vu monter et son fils Philippe.

Ce renouveau esthétique avait commencé me semble t’il avec ici en France : François Franzoni,Michel Robert et Eric Navet. Un régal de les voir monter. Désormais c’est chose courante au niveau des grands cavaliers .Du très beau style et de la très très bonne équitation.C’est magnifique.

On peut regretter toutefois pour le spectacle cette uniformité menant à la monotonie. Cette uniformité de monte et de style amène une uniformité de technique de l’abord de l’obstacle et à y regarder de près tous ces cavaliers abordent les obstacles en foulées croissantes donc en accélérant peu ou prou dans les deux ,trois dernières foulées. Je suis quand même surpris de voir que quand tout se joue au chronomètre la majorité de ces grands cavaliers jouent plus sur la prudence. Peut- être par peur de précipiter et faire tomber une barre, préférant être pénalisé en allongeant modérément et contrôler ainsi mieux leur cheval quitte à perdre du temps?!. C’est intelligent car moins risqué mais ça serait bien de voir des cavaliers surtout à ce niveau prendre plus de risques en allant plus vite au risque de faire tomber une barre. Cela aurait du panache . Ils aborderaient les obstacles en foulées décroissantes lorsque ça va vraiment très vite. Foulées décroissantes où le cheval à plein galop sur les épaules se » recompose » hyper rapidement dans les deux ou trois dernières foulées avant l’envol. Un abord s’apparentant au « petit pied » sans en être un. C’est ce que faisait Jean d’Orgeix en son temps avec le culot et le talent qu’il avait lui permettant de gagner tant d’épreuves au chronomètre. Mais tout le monde n’est pas d’Orgeix; un surdoué et un as de l’obstacle. Il est vrai aussi que la vitesse n’est pas dans l’esprit de la monte hunter, ceci expliquant peut-être cela.

J’attribue ainsi cette belle et excellente équitation d’obstacles à la monte hunter qui me semble en être le substrat.Les trois stages de monte hunter auxquels j’ai participé m’ont bien convaincu du bien-fondé de ce travail de base et de fond ,simple mais rigoureux notamment dans la bonne position du cavalier sur le plat permettant de capter au mieux les bonnes sensations et de développer le tact. Bonne position permettant d’améliorer les principes fondamentaux dans une allure lente que sont l’équilibre,la soumission dans la légèreté et l’impulsion .Tout ce qui est en amont du saut proprement dit et y prépare, donc ce qu’on fait sur le « le plat »; valable autant pour le cavalier que pour le cheval. Comme le dit d’Orgeix et il n’est pas le seul : « le travail du cheval d’obstacle se fait plus sur le plat que sur les barres ». C’est ma conviction depuis longtemps. Je crois qu’il faut aussi tenir compte de la qualité des selles actuelles incomparable avec celles d’avant; aidant énormément à donner la bonne position et par conséquent à faire ressentir les justes et bonnes sensations permettant au cavalier d’agir à propos et de lui développer le tact. Moi enseignant et cavalier je mesure comme jamais l’importance que peut avoir pour la formation du cavalier tant en qualité qu’en rapidité un excellent cheval et une excellente selle. J’attribue donc aussi cette excellente équitation aux bons chevaux et aux entraineurs,formateurs dont certains sont très pointus par une réflexion poussée dans l’analyse de ce qu’il faut faire pour être plus performant. Une recherche très rationnelle faisant progresser la technique. On est loin de ces cours d’obstacles d’il y a encore quelques décennies où ça se limitait à peu près à des consignes simplistes du genre « tendre-attendre -sans détendre » . . .j’ajoute .. pour mieux surprendre!. Enfin ,autre facteur et non des moindres à cette excellence; c’est me semble t’il : Des cavaliers très sérieux dans leur travail, des vrais professionnels vraiment très réfléchis,rigoureux ,beaucoup plus méticuleux qu’avant me semble t’il et là pour le coup ça rejoint le sérieux et le professionnalisme des jockeys et entraineurs ce qui est un compliment. Aujourd’hui on analyse et on calcule tout,on pèse et soupèse tout; la moindre résistance du cheval est scrutée,décortiquée;on ne saute plus sans parler de contrat de foulées etc . . .Tout ceci est très bien, fait progresser et a permis d’en être là et de voir ainsi des cavaliers de 20 ans dans les plus grosses épreuves internationales.J’y adhère; mais il ne faudrait pas que ça éteigne le perçant et la spontanéité indispensable face à un imprévu donc à l’improvisation en cas de besoin.Il ne faudrait pas que tout celà ne laisse pas de place à l’instinct mais au contraire en soit a son service et l’affûte.

Au final actuellement on voit une équitation d’obstacles au haut niveau à un degré d’excellence rarement atteint auparavant, joignant l’efficacité au style esthétique qui me semble t’il n’est pas prète de disparaitre. Un régal pour les yeux.

P.Crivelli

Restons dans l’équitation classique et plus particulièrement dans la compétition de dressage. Question : sa raison d’être?

Ce mot « dressage »se comprenant en terme de soumission ou d’ obéissance et en terme de gymnastique.

Tous les exercices de gymnastique et de travail de soumission hors compétition que nous faisons à cheval sur « le plat » tous les jours pour certains d’entre nous.Tout ce travail de base fondamental ou plus élaboré est un moyen au service d’un but,c’est à dire en vue d’une ou plusieurs disciplines: voltige; cross, c.s.o. ou simple promenade. On adapte ainsi l’éducation physique et mentale du cheval qu’on nomme « dressage » suivant ces buts ou objectifs impliquant forcément un minimum de soumission en plus du dressage-gymnastique. Les deux : soumission et gymnastique s’imbriquant l’une dans l’autre. Si donc tous les exercices, figures et airs de dressage sont au service de buts, cela signifie qu’ils sont subordonnés à ces buts. Cela revient à dire que tous ces exercices ; que ce soient l’épaule en dedans ,les transitions, le reculer les chassers de hanches, appuyers ,demandes de flexions etc, ne sont que des moyens pour améliorer le cheval et parvenir ou parfaire à ces buts: saut, cross, horse-ball, promenade etc. JEAN SAINT- FORT PAILLAILLARD, écuyer au Cadre Noir ,médaille d’or de dressage en équipe écrit dans son livre « ÉQUITATION:  » Les mouvements quels qu’ils soient ne doivent pas être considérés comme des buts en eux mêmes ». C’est tout ce que j’affirme ici. Le dressage n’est donc qu’un moyen et non une fin en soi ou un but. Cela parait évident et on ne peut plus logique. C’est par cette évidence que je pose cela en postulat.

Tout ce dressage hors compétition donc » à la maison » influx sur les résultats obtenus dans la discipline choisie ( ou ce but c’est pareil: c.s.o. ,cross etc.) et inversement, les résultats en compétition dépendent en partie de la qualité du dressage en amont donc des moyens mis en œuvre pour .

Inversons les valeurs. Que l’on considère les moyens comme une fin en soi, un but!. Autrement dit que faire du dressage devienne un but,une finalité au lieu de rester comme il se doit rien qu’un moyen !. Le dressage étant jusqu’alors qu’un moyen indispensable pour améliorer le cheval devenant désormais un but,une fin!. Faire du dressage pour du dressage!. Ce qui revient à dire travailler la soumission pour la soumission! l’équilibre pour l’équilibre, la souplesse rien que pour la souplesse! . .? .!!! . . Est-ce que cela a un sens?. Non . . à moins qu’on arrive à me convaincre du contraire. C’est pourtant bien un but et une fin en soi pour la plupart des compétiteurs de dressage à fortiori des spécialistes au haut niveau pour qui la compétition est la finalité. Indépendamment d’eux il est clair que cette discipline se revendique comme les autres de pouvoir être un but ,une fin en soi,une discipline » sportive ». C’est ce que je conteste formellement et ne suis pas le seul vous le verrez plus loin dans le volet suivant.

Pas question pour moi de remettre en question la valeur du dressage hors compétition c’est évident puisque c’est avant tout un moyen; un moyen au service d’un autre but que le dressage pour le dressage. Et s’il est vrai que pour certains le dressage hors compétition, je dis bien hors compétition,peut être considéré comme un moyen mais aussi un but à la fois ,il n’est pas question pour moi de les mépriser. De mépriser ces esthètes et autres puristes passionnés de dressage pour le plaisir pur puisque le plaisir pur, gratuit,sans esprit de compétition peut- être un but . Il en est de même pour ceux qui font du dressage pour l’art donc forcement hors de toute compétition puisque l’esprit de compétition est plutôt antinomique avec l’art.Pour ceux-ci donc qui font du dressage que pour le plaisir pur hors des compétitions et/ou pour l’art on peut considérer que leur dressage est comme un moyen et un but à la fois .Pas question non plus de dédaigner le dressage de spectacle dont le but est avant tout un spectacle dont beaucoup y voient de l’art voire du grand art à juste titre ainsi que le dressage académique de Vienne en particulier; temple de l’art équestre dont on peut considérer que ce dressage a un but on ne peut plus louable et noble; celui d’être le conservatoire d’une tradition équestre prestigieuse et séculaire et d’offrir un spectacle non moins prestigieux, magnifique et forcement sans esprit de compétition. De même j’approuve les reprises de la Fédération pour juger les élèves cavaliers et comme moyen pédagogique. Tout cela, ce dressage hors compétition nous venons de le voir est justifié, a un sens et peut être pour le coup non seulement un moyen mais aussi un but . Mais la compétition de dressage donc les concours ! ? ! ? ! Du dressage en faire une compétions,donc en faire un but?. De faire des moyens un but ? ? ? ; Cette question est pour moi plus qu’un sujet à caution désormais que j’ai plus d’expérience, plus de recul et peut-être plus de réflexions qu’avant . C’est une grosse remise en question et une contestation.

Oui, la compétition de dressage pourquoi faire?

Je m’interroge sur son bien-fondé,sur son sens et surtout je conteste totalement la valeur des tests des reprises et les critères de jugement sur lesquels se basent les juges quant à l’équilibre du cheval et la soumission. J’y reviendrai plus loin mais d’abord.

Quel est le bien-fondé et les raisons qui créditent les concours de dressage ? Si ce n’est un but alors un moyen? mais lequel ?

Pour savoir où on en est ? Un test pour mesurer les progrès du cheval? ou se mesurer à soi-même? . .pas besoin de concours pour ça, un bon entraineur suffit, d’autant qu’il pourra monter et tester le cheval pour mieux conseiller. Pour éviter le nombrilisme ou de se croire meilleurs qu’on est et rester dans son coin sans se remettre en question? . . .pour ceux-là peut-être. Pour se mesurer aux autres? : Lisez bien:  » les notes des juges disent que mon cheval est mieux soumis et mieux équilibré que les autres et que tel cheval !

Moi je ne le sens pas ainsi; mon cheval ne me semble pas mieux . . .mais les notes sont là pour « prouver « (! .? .! .? ) qu’il est mieux et les notes ce sont les juges et les juges s’y connaissent mieux que moi! Alors qu’est-ce qui compte? le jugement des juges assis sur leur chaise uniquement par ce qu’ils voient ou bien mon appréciation pour juger quand je suis sur mon cheval et donc ressentir s’il est mieux équilibré et mieux soumis en l’occurrence?  » . Bonne question mais un peu embarrassante n’est ce pas et pour laquelle j’ai ma petite idée. Ah; pour dire « j’ai fait tant de points de plus ou de moins que la dernière fois » ? . . .Pour améliorer mon cheval d’après les notes de la reprise précédente? et là on en revient à la valeur des tests sans même parler de l’aspect subjectif inhérent au jugement de l’homme. Pour juger la locomotion et les allures du cheval ? là d’accord c’est plus valable je le concède mais pas besoin de participer à un concours de dressage pour ça, l’œil averti d’un connaisseur suffit.

Alors? Autant je peux développer l’utilité, la raison d’être et le pourquoi du dressage et ses bienfaits hors compétition tant pour le cheval que pour le cavalier et pour ce dernier : opiniâtreté, persévérance,humilité,être capable de se remettre en question sans accuser le cheval,être diplomate,capable de contourner les problèmes pour les règler indirectement,faire machine arrière tout en étant ferme,vouloir sans exiger, accepter de donner du temps au temps et ne pas croire que tout arrive tout de suite etc . . . ( je vous avais prévenu dans la page « ma pédagogie » de mon site, l’équitation et encore plus le dressage n’est pas pour les gens pressés ).

Autant je me sens étranger à la compétition de dressage et ne la cautionne pas du tout, n’y voyant rien de convainquant.

Je ne remets pas en cause le jugement des juges ni leur compétence malgré tout ce que l’on entend à tous niveaux même au plus haut par certains dont l’écuyer et compétiteur JEAN MARIE DONARD du Cadre Noir qui ne mache pas ses mots sur eux dans son livre  » Le guide du dressage ». Pour ma part je n’ai jamais ressenti le besoin de contester mes notes lorsque je participais aux reprises des concours complets ou des concours de dressage (ex reprises 2 et 3).On ne peut donc pas m’accuser de je ne sais quelle rancœurs justifiant mes critiques sur les concours de dressage. Si j’ai participé un certain temps à une formation de juges de dressage à Strasbourg je dois avouer que c’était pour en apprendre plus et pour ma culture équestre (ne le dites pas à mes élèves mais je me considère comme un éternel étudiant en équitation) . Mais je ne vois pas ce que peut apporter la compétition de dressage, son utilité, son but puisque j’insiste encore ça ne peut pas être un but ou une une fin en soi. Mieux ça ne peut pas même être un moyen nous l’avons vu plus haut, mais j’insiste volontairement; si des fois on en était venu à se dire  » . . de tous ces airs et toutes ces figures et exercices de dressage que nous connaissons et faisons « à la maison »nécessaires pour dresser le cheval et bien on va en faire un concours . . .autrement dit, faire une compétition de (ou avec) tous ces moyens! ! ! ! ! Un non-sens,une ineptie . Alors ! ! ! ! ni un moyen ni un but!. DOMINIQUE BARTERER cavalier français professionnel implanté aux USA écrit ceci dans Plaisirs Équestres : »Le dressage doit rendre le cheval plus agréable à monter. Je ne peux considérer le piaffer, le passage ou les changements de pieds comme une fin; je les considère comme des moyens pour améliorer le cheval ». Alors que reste il si la compétition de dressage ne peut être ni un moyen ni un but ? . . . à moins que quelque chose m’échappe, c’est possible et ça serait alors gentil de me le faire savoir.

Charles de KURFFY écrit ceci de pertinent prêtant à réflexion: « Les cavaliers de dressage qui ne sont pas sûrs de leur art ont besoin d’une victoire pour se rassurer. Ceux qui en sont plus sûrs acceptent une victoire comme un honneur plutôt qu’une preuve ». Mais aussi :  » Les cavaliers qui savent ce qui est bien par ce qu’ils sentent n’ont pas besoin d’un juge via les concours. Leur entraineur devrait suffire. Leur récompense est d’avoir accompli quelque chose entre eux et leur cheval. Quelques chose qu’ils sentent et donc savent. La progression de leur cheval est leur propre récompense. Ces cavaliers ne changeraient pas une victoire contre le plaisir de faire progresser leur cheval. » ! ! !

Xavier LIBBRECHT rédacteur en chef de « L’eperon » écrit ceci dans le No 229 « Pas un cavalier qui rechigne à devoir dresser son cheval à toutes fins utiles( se promener, sauter l’atteler etc) .En clair dresser pour quelque chose soit,dresser pour le spectacle passe encore, mais dresser pour dresser comme une fin en soi et mieux encore dresser pour se mesurer à l’autre qui dresse pour une fin en soi, le tout requérant le jugement d’autrui afin de savoir lequel est le meilleur tient du »directus » . . .Honnêtement c’est étrange! Par contre.Travailler seul son cheval sous l’œil d’un maître afin d’obtenir la belle attitude, le mouvement recherché parle assez naturellement à nos contemporains. En faire » tout un cirque » dans un système qui en plus apparait bloqué n’existe pas les passions. Le dressage de compétition en France souffre d’un déficit d’image énorme entretenu par l’attitude de ses adeptes et partisans aux comportements d’éternels pénitents ». Je trouve ces propos de Xavier LIBBRECHT particulièrement pertinents.

Alors soit; les choses étant ce qu’elles sont, la compétition de dressage étant ce qu’elle est on la prend comme elle est. Mais cela n’empêche pas d’y regarder de plus près,d’aimer aller au fond des choses et de se poser des questions ;d’être soucieux d’impartialité,surtout d’objectivité et de justesse .D’avoir un esprit critique et s’interroger voire contester de façon constructive je l’espère du moins comme on le verra plus loin. Reste donc la question des tests pour juger l’équilibre et la soumission du cheval qui me semblent infondés et absolument sans valeur.

L’ ÉQUILIBRE

Je ne remets pas en question le jugement de l’équilibre et de la soumission par ce qu’il est possible aux juges de voir sur le rectangle. Je conteste les tests en eux mêmes en ce qui concerne de pouvoir examiner l’équilibre et la soumission du cheval et partant de là émettre une note. Juger l’équilibre et la soumission dans le contexte d’une reprise sur un terrain bien plat dans un silence religieux pour ne pas perturber le déroulement de chevaux et cavaliers exécutant leur reprise répétée des dizaines de fois et le plus souvent mécanisée n’est pas ce qu’il y a de mieux pour avoir un avis sérieux et au plus juste . Juger l’équilibre et la soumission sur des critères et des tests qui n’en sont pas de bons ce n’est pas sérieux et c’est sans valeur. Quelque part c’est injuste et malhonnête surtout si comme c’est le cas en compétition, en plus d’une question d’ordre moral il y a des enjeux financiers par les classements . Il y a de l’imposture dans » l’air » . . . . du dressage de compétition.

Mais d’abord qu’entend on par équilibre ?

En langage équestre l’équilibre est généralement conçu comme la qualité du cheval qui fait toujours preuve d’un parfait contrôle de sa masse et en dispose en exacte fonction du mouvement. C’est en fait le sens de l’équilibre. Ainsi il y a autant d’équilibres que de mouvements.Le cheval peut avoir tantôt plus de poids sur l’avant- main mettons au trot allongé tantôt plus de poids sur l’arrière- main mettons au petit trot ou dans une pirouette par exemple et l’équilibre ni trop sur les épaules ni trop sur les hanches à peine plus sur les épaules ,c’est l’équilibre horizontal. L’important est qu’à tout instant et le plus vite possible le cheval puisse se déplacer dans tous les sens d’un équilibre à l’autre et ne pas perdre l’équilibre sinon le rattraper lestement. Ainsi le cheval de course complètement sur les épaules ce qui est normal, donc en déséquilibre . . .sur les épaules .Placez devant lui un droit d’1,40m et il se redressera,tendra son dos dans les dernières foulées croissantes ou décroissantes suivant pour remettre son équilibre (du poids) sur les hanches et préparer son saut. Le cow boy, le gardian,la genette portugaise passent du grand galop à l’arrêt net sans tirer; virevoltent de gauche à droite,bondissent littéralement,tournent lestement,se déplacent en tous sens comme un petit chien avec lequel on joue, démarrent au galop fulgurant pour tourner brusquement ou se maintenir à une petite allure avec forcement le poids du corps et le centre de gravité variant sans cesse en fonction des mouvements. Leurs chevaux sont parfaitement équilibrés parce que pouvant passer d’un équilibre à un autre hyper rapidement. Il ont cette facilité,cette agilité à tout moment de retrouver et récupérer instantanément leur équilibre si celui-ci est perturbé et d’aller en toutes directions. Voilà ce qu’il faut bien comprendre sur cette notion d’équilibre chez le cheval et celà ne peut se faire que sur les hanches avec un engagement des postérieurs.

Ce qui est condamnable c’est le poids se fixant et restant sur l’avant-main (le cheval lourd à la main) ou sur l’arrière-main (cheval pas en avant) rendant vaine toute action du cavalier. Un cas extrême; celui du cheval qui en plus de n’être pas bien dressé et donc ne ralentit pas aux plus légères indications des mains mais vous en met plein les bras et est en plus « sous lui du devant » de par sa constitution c’est à dire qu’à vue d’œil lorsqu’il est à l’arrêt donne vraiment l’impression qu’il va s’écrouler devant lui . Alors là mes amis c’est peine perdue surtout si ce cheval manque de sang .Pour la petite histoire; il y a bien longtemps j’avais une élève ayant un Frison morphologiquement très » sur les épaules » et lymphatique. Monté c’était un treuil et malgré nos efforts et un travail exténuant pour essayer qu’il puisse se rééquilibrer en remettant au mieux du poids sur l’arrière-main avec beaucoup de recules et d’autres assouplissements nous n’avons obtenu que très peu de résultats.Trop de mal et de temps pour si peu. C’était prévisible mais ayant besoin de clients à ce moment je ne rechignais pas, je n’avais pas voulu non plus contrarier la propriétaire par scrupules je pense et j’ai manqué de courage pour lui dire la vérité. Qu’on ne pouvait rien attendre d’un tel cheval avec une telle morphologie; c’était peine perdue . De fait, après d’autres tentatives avec deux autres collègues ça n’a rien donné m’a t’elle dit par après.

Revenons à nos » moutons ». L ‘équilibre horizontal tant recherché en cross ne doit être qu’un passage éphémère entre l’équilibre sur les épaules et l’équilibre sur les hanches et inversement.Il est certain aussi qu’au trot souple avec un bon engagement des postérieurs permettant ce rebondissement de l’allure le cheval est en équilibre; de surcroît si lui lâchant totalement les rênes il se maintient dans cette même attitude à la même vitesse .Le cheval qui se porte de lui-même est en équilibre. On pourrait s’en tenir là pour le juger mais ce bon test à mon avis n’est pas suffisant à lui seul. D’où ce que je suggère plus loin comme autres tests à l’extérieur. Il va de soi que plus le cheval est à une allure lente et de surcroît rassemblée plus il est dans une attitude équilibrée lui permettant facilement d’être prêt à se déplacer en tous sens, le summum étant le rassembler. Là il est comme une boule prête à se déplacer en tous sens et à la plus légère sollicitation du cavalier.

Cheval super équilibré = cheval super léger

J’aime à dire que dans ces moments où le cheval est bien rassemblé il y a ce « tout en un » c’est à dire tous les éléments fondamentaux quel on recherche dans le dressage: soumission, équilibre, impulsion, tension, engagement, soutien, rectitude et légèreté.

Alors comment juger l’équilibre du cheval de façon sérieuse?

Sur une reprise ou quasiment tout se fait lentement à allure rassemblée où c’est donc plus facile d’avoir un cheval équilibré qu’à une allure gaillarde ! Non ce n’est pas sérieux parce que pas assez probant.

Je me souviens lorsque j’étais en Normandie comment procédaient des cavaliers de concours complet de niveau national dont l’un d’entre eux de niveau international pour juger au mieux l’équilibre d’éventuelles recrues parmi des jeunes chevaux. Après leur avoir fait passer un petit double à distance normale en liberté dans un couloir d’obstacles, le fameux « rond d’Avrincourt »que l’on ne voit plus guère aujourd’hui, ils les faisaient passer un double à fausse foulée c’est à dire à une foulée et demie entre les deux obstacles, laissant le choix au cheval de faire sa foulée et demie qui n’est pas la meilleure solution car ça expose au «  »petit pied »;soit faire deux petites foulées et c’est ce qui permet de franchir au mieux le deuxième obstacle,soit de faire une petite foulée à la réception du premier saut suivit d’une longue foulée et ça ce n’est jamais bon . Un piège certes mais volontaire à titre de test permettant de constater de façon probante comment le cheval s’y prend en terme d’équilibre brut ,naturel ,face à un problème mettant en difficulté son équilibre, et tout est là.Tout est là qui fait dire que c’est un bon test,sérieux et crédible. Parce que c’est un bon test qui permet en toute logique d’apprécier sérieusement l’équilibre du cheval et si ce dernier est plus ou moins doué .Après ce test, bien entendu le jeune cheval suit son entrainement à l’obstacle par des sauts sans pièges mais à bonnes distances.

Pour étayer mon propos voici ce qu’a écrit le colonel DURAND écuyer en chef du Cadre Noir » Le dressage pur doit vérifier son authenticité par des des preuves irréfutables qu’est la réalité,donc résister à l’épreuve réaliste que sont hors du rectangle le terrain varié,le franchissement de petits obstacles naturels.Lorsque le cheval semble travailler juste sur le plat; l’obstacle constitue une preuve par neuf irréfutable de l’équilibre, de la franchise et de la soumission donc de l’authenticité du travail (dressage) en cours sur le plat ». On ne peut être plus clair et formel.

Dans le même esprit lorsque j’étais à Saumur au Service Vétérinaire, assez souvent entre les visites et soins le matin aux chevaux blessés ou malades tant à l’ENE (Ecole Nationale d ‘Équitation) qu’à l’école de Cavalerie à Saumur- ville ( les militaires) et les opérations l’après midi; j’allais assister aux séances d’entrainement de l’équipe de France de concours complet dirigée à ce moment par JEAN-PAUL BARDINET l’entraineur national . Cela se passait dans la carrière dite « enchantée » au milieu des bois à Terrefort sur la hauteur de Saumur. Afin d’affuter chevaux et cavaliers J.P. BARDINET avait monté et instauré ce qu’on appela « la combinaison Bardinet ». Une innovation à l’époque pour travailler justement l’équilibre des chevaux. Cela consistait en un ravin (coffin) où on disposait des barres amovibles en combinant « des pièges  » dixit BARDINET par toutes sortes de distances bonnes ou mauvaises entre les barres aussi bien dans la descente que dans la montée ou au milieu, profitant de la déclivité pour créer la surprise chez le cheval afin qu’il apprenne à se débrouiller donc à rattraper au mieux et au plus vite son équilibre perturbé. On est loin des sacro-saints contrats de foulées et bonnes distances du C.S.O. Cela entraine aussi les chevaux à bien réagir face à l’imprévu. BARDINET avait pour précepte d’aller du connu à l’inconnu progressivement mais aussi de créer la petite surprise pour rester éveillé et que les chevaux s’adaptent au plus vite . Entre nous,tout cela sort de la routine et est très excitant surtout pour ceux qui sont à cheval .Tout se passait bien dans la joie et la bonne humeur pour ces cavaliers et chevaux spécialistes du complet.Tous convaincus des bienfaits de ces exercices pour affuter l’équilibre des chevaux. Parait ‘il que Thierry POMEL continua par après de s’en inspirer pour entrainer ses chevaux de C.S.O. C’est donc encore une fois la faculté de récupérer l’équilibre perturbé qui compte pour juger l’équilibre. Le saut proprement dit, s’il y a saut et suivant s’il est bon ou mauvais dépend de l’équilibre préalable : bon équilibre = bon saut, mauvais équilibre = mauvais saut

Voici donc deux tests probants parmi d’autres pour juger au plus vrai et plus juste l’équilibre du cheval. Tests destinés aux chevaux d’obstacles mais aussi à tous les chevaux et bien sûr à ceux de dressage.

Est-ce possible de juger avec autant de véracité l’équilibre sur un rectangle plat ? ! Non . On peut épiloguer autant qu’on veut sur le fait que le cheval est plus en équilibre sur les épaules et là trop sur les hanches etc . . durant sa reprise mais ça n’a pas grande importance .Car quand bien même si admettons dans un allongement au trot le cheval semble mettre trop de poids sur les épaules mais se « reprend »bien sans brusquerie de façon fluide et dans la légèreté dans cette transition pour passer au petit trot ;c’est çà qui est important. Il est vrai que si dans l’allongement le cheval n’est pas trop sur les épaules et reste arrondi de la tête à la queue on est d’accord que cela prédispose mieux à ralentir que s’il est creux; le juste milieux étant l’équilibre horizontal .(Pour ma part pour tester l’équilibre du cheval que je monte sur le plat,j’essaie aussi de le faire tourner rien que par le poids de mon corps sur la fesse gauche ou droite ). Mais juger l’équilibre du cheval essentiellement sur çà ce n’est pas sérieux; c’est pourtant le cas dans les concours de dressage. Pour autant ,en admettant que l’on juge l’équilibre pour beaucoup dans les transitions et qu’il soit correct et bien noté à juste titre . Question: à nouveau est-ce un test suffisant,et un bon test? ?. ?. Non et certainement pas autant que les deux tests cités auparavant (en Normandie et J.P. Bardinet). Ça n’a pas la rigueur et l’objectivité quasi mathématique de ces tests mettant en situation de difficulté volontairement provoquée mettant à l’épreuve l’équilibre. L’écuyer NUNO OLIVEIRA a écrit :  » Ces fameux cavaliers de dressage qui se considèrent comme les meilleurs. Leur travail est bien fait mais dans un rectangle de 60m x 20 et pas ailleurs, à l’extérieur « .

Ainsi, que valent les plus belles notes d’équilibre dans un concours de dressage sur le rectangle même si celles-ci sont valables . . .sur le plat . . . si ces notes n’ont pas été confirmées ou infirmées par d’autres tests réellement probants comme on la vu ! ! !

LA SOUMISSION

La soumission étant l’obéissance du cheval à la plus légère indication du cavalier.Là encore porter un jugement et une note dans le contexte particulier d’un concours de dressage où les chevaux sont à des allures plutôt lentes et rassemblées prédisposant donc à plus de soumission,les chevaux connaissant la reprise, s’attendant où il faut tourner,allonger etc..Certes on observera qu’il sont bien soumis. Mais comme pour juger leur équilibre, les tests de soumission sont-ils probants donc sérieux ? Non.

Voilà ce qu’écrit l’écuyer PHILIPPE KARL dans son livre « Dérives du dressage moderne ».  » A quoi sert une discipline (le dressage) où la soumission est un but en soi quand elle met des spécialistes en difficulté dans des situations dont se jouerait tout amateur éclairé de l’équitation de loisir »! On ne peut être plus clair.

Que valent les belles notes de soumission sur le rectangle si à l’extérieur face à des éléments les plus naturels tel qu’une grosse flaque d’eau, l’envol d’un oiseau,une légère pente à peine glissante,une clairière ou une prairie pouvant stimuler le cheval pour un bon galop ,un ruisseau,l’aboiement d’un chien etc.etc.si ce même cheval se dérobe et met son cavalier en difficulté pour se faire obéir,voire persiste quelques soient les actions de mains et de jambes du cavalier ? Comme le dit si bien l’écuyer NUNO OLIVEIRA expert en dressage et grand défenseur du dressage s’il en est: « L’actuel cavalier de dressage ferait bien de se demander comment se comporterait son cheval dans les sentiers de montagne en franchissant des fossés ou des barrières naturelles, des ravins ou si revenant dans le passé il vient à défendre sa vie les rênes dans une seule main, maniant l’épée ou le sabre dans l’autre ». Propos concordants totalement avec ceux de Philippe KARL nous venons de le voir mais aussi de Jean Paul BARDINET ancien entraineur national de complet qui écrivait dans » l’Information Hippique »: « Si je parvient à obtenir un résultat parfait sur le rectangle mais que le cheval me prend la main sur le cross,mon travail de dressage n’est pas au point ».

Pour donner du crédit au jugement sur la soumission le bon sens veut encore une fois comme pour juger sérieusement l’équilibre que l’on confronte le cheval à des tests adéquats. Des tests sérieux mettant forcement à l’épreuve la soumission sans quoi par définition ce n’est pas sérieux; ces tests n’étant pas vraiment des tests et donc ne permettant pas de constater de façon flagrante et probante la soumission. Rien de plus logique mais sans cela le jugement est vain .Malheureusement rien de tout cela dans les concours de dressage. Bien-sûr la grande majorité de tous ces chevaux participant aux compétitions de dressage sont soumis voire parfaitement soumis et même pour bon nombre dans la légèreté au haut niveau . . . oui sur le rectangle et rien que le rectangle via les reprises et je suis le premier à l’admettre quand je vois de fait d’excellentes prestations. Mais la soumission ne doit pas se manifester que sur le rectangle et tout est là, sans quoi elle n’a pas de sens. Les concours n’offrant pas de tests vraiment crédibles comme nous venons de le voir et bien forcement les meilleures notes de soumission ne prouvent en rien la soumission pour celui qui est lucide et a un minimum honnêteté intellectuelle. Cela reste à minima sujet à caution et davantage une contestation .

Ainsi,avec un souci d’objectivité, d’impartialité et de de vérité même si elle dérange,les concours de dressage m’apparaissent très contestables et sans valeur par le fait de faire d’un moyen un but,une fin en soi. Un but vide de sens et de bien-fondé. Mais en plus ces épreuves de dressage se discréditent par le jugement se basant sur des tests ne prouvant en rien la valeur de l’équilibre et de la soumission du cheval.

SUGGESTIONS

 » Tout cheval de dressage devrait être prêt à prouver son utilité à l’extérieur  »

colonel PODHAJSKY écuyer en chef de l’école de Vienne

 » La haute école ne se légitime que dans la mesure où elle accroît réellement les qualités du cheval dans son utilisation à l’extérieur »

Von HOHLBEIN écuyer en chef de Vienne

Après les critiques émises sur la vacuité des tests et des jugements actuels des reprises de dressage; si je pouvais je suggèrerais qu’après chaque reprise le cavalier et son cheval au sortir de la carrière soient confrontés à d’autres tests autrement plus probants concernant donc l’équilibre et la soumission, quitte à changer de selle et enlever la bride pour un simple filet.De là,toujours sous le regard des juges, ils fassent un petit parcours sans chronomètre en terrain varié s’apparentant plus au trec qu’à un cross. Exemple : partir au trot en terrain dénivelé,passer une grosse flaque de boue,descendre une pente un peu escarpée,un petit saut de puce puis un galop allongé suivit d’un ralentissement très net à tel endroit précis, passage au pas dans un couloir de barres,des demi-tours serrés ,passage de banquette au galop et arrêt pile au-dessus avant de descendre( très bon test pour constater la soumission),passage de branchages,pourquoi pas maintenir le cheval droit sur un sentier avec un joggeur en face, un trot franc suivit d’un arrêt et immobilité rênes totalement longues,passage d’un ruisseau,une pente un peu en porte- à -faux( très bon test pour voir et juger l’équilibre) etc . .etc . . ou toute autres difficultés-tests jugés pour infirmer ou confirmer les notes de la reprise, éventuellement avec des coefficients . A défaut d’un terrain naturel et suffisamment dénivelé faire après la reprise un parcours de gymkhana avec des passages permettant au mieux de juger de l’équilibre et de la soumission .Ce n’est pas l’imagination qui manque pour ce genre de choses que j’ai beaucoup mis en pratique avec mes élèves : slalom, passage de couloirs étroits, cavalletti pour longues puis petites foulées ,fausses foulées, chicane, « potagère »,demi-tour autour d’un baril etc . . etc. . .

Si ces tests ne sont pas une panacée,au moins ils peuvent donner plus de preuves et de crédit que ce que peuvent révéler les reprises en l’état au niveau de l’équilibre et de la soumission.

Patrice Crivelli

82-bis

Afin d’étayer mes critiques sur la compétition de dressage, voici quelques avis de personnes plus compétentes dont personne ne peut contester leur expertise et leur jugement.Un seul de de ces exemples devrait faire s’interroger sur la valeur des concours de dressage

« Le dressage n’est qu’un moyen » C.BAILLE officier des haras

« L’unique but des concours de dressage n’est que probatoire » gal DECARPENTRY juge international

 » LA PREUVE PAR L’ABSURDE  » tel est le titre d’un article dans la revue « Plaisirs Équestres « de février 1984 de DANIEL GOSSIN relatant un fait qui à lui seul suffit à démontrer la non valeur des reprises de dressage à tous niveaux puisqu’il s’agit en l’occurrence d’un grand prix gagné par la suissesse Christine Stuckelberger championne du monde et médaille d’or olympique et son cheval Granat.

Photo à l’appui, on voit la cavalière à peine sortie de la carrière après sa reprise, complètement embarquée par son cheval à plein galop! .Par ailleurs j’ai vu celà sur une vidéo (vous pouvez aussi voir ce spectacle autant étonnant qu’affligeant sur une vidéo de Jean d’Orgeix en avant-propos) ;c’est encore plus manifeste,je n’en croyait pas mes yeux. Vous voyez la cavalière couchée en arrière les bras tendus sur les rênes de bride bataillant comme elle peut pour essayer d’arrêter son cheval embarqué à plein galop,tournant et tournant autour du rectangle.Ce fait est suffisamment éloquent et significatif pour que quiconque que nous soyons, particulièrement les aficionados de la compétition de dressage et plus spécialement les écuyers de haut niveau reconnaissions les faits et ayons l’honnêteté intellectuelle,la simplicité,au besoin la modestie de reconnaitre cette évidence même si elle dérange et oblige à une sérieuse mais bénéfique interrogation et remise en question: à savoir que les reprises de dressage et la compétition de dressage ne prouvent en rien la qualité du dressage des chevaux et plus particulièrement leur soumission et leur équilibre?

Je cite Daniel GOSSIN auteur de l’article :  » . . .On s’esclaffe quand,la reprise terminée, le cheval embarque au triple galop sa cavalière accrochée aux rênes comme une débutante. C’est curieux! Et quand il l’emmène à nouveau devant le jury, avant que celui-ci ait eut le temps de remettre le prix on s’esclaffe encore  » . . . .Mlle Stuckelberger a prouvé qu’elle était capable de monter un cheval de grand prix dans les strictes limites du rectangle mais pas au-delà. » . . . « La réalité a été fréquemment et éloquemment illustrée par le couple Stuckelberger-Granat: il a fait la démonstration par l’absurde de la non valeur des reprises de dressage comme preuves d’un dressage effectif. Mais comment des gens compétents qui gèrent le dressage international peuvent-il continuer à croire que les reprises telles qu’elles sont conçues constituent l’aboutissement d’une parfaite entente entre le cavalier et sa monture? Comment peuvent-ils espérer que le sur-apprentissage des exercices et de leur enchainement immuable mènent à la véritable soumission?  » . . . « Cela ne vaudra évidemment jamais un bon « parcours »de dressage en terrain varié (tient tient !)jalonné de panneaux indiquant les exercices et passages que l’on doit s’apprêter à exécuter de tel point à tel point ». CONCLUSION : Les épreuves de dressage ne conduisent nullement au véritable dressage du cheval , ce qui est vraiment un comble! « 

Et à la réponse supposée: « oui mais elle gagne »! Je répondrais : Une victoire fondée sur de l’insignifiance et sans vraie valeur est par définition insignifiante et sans valeur. Est-ce glorieux et méritoire? Certains diraient que c’est être complice d’une escroquerie.

Cet exemple d’un cheval qui plus est, grand champion de dressage incontrôlable hors du rectangle après avoir eu on s’en doute de bonnes notes de soumission mais démontrant par A+B la non valeur de ses notes nous ramène à ce que disait J.P. BARDINET l’entraineur national de complet: » Si je parviens à obtenir un résultat parfait dans le rectangle mais que le cheval me prenne la main sur le cross, mon travail de dressage n’est pas au point »! . . . Que de cohérence entre tous ces experts en dressage si critiques à l’égard des concours de dressage.

Je sais que si dans ce cas présent j’étais juge je serais très mal à l’aise, en porte à faux et encore plus si j’étais le cavalier. Quant à C. Stuckelberger elle devrait être disqualifiée.Et personnellement je ne serais pas rassuré de monter ce cheval à l’extérieur alors que je n’ai jamais eu peur sur des chevaux de courses à l’entrainement assis les genoux au -dessus du garrot au pas ou les fesses en l’air au galop parce que des chevaux calmes, équilibrés, sains « bien dans leur tête » et surtout bien traités par un travail très bien dosé par de vrais « pros ». Je n’ai pas le souvenir de chevaux nous embarquant ou ayant de ces réactions anormales comme ces exemples cités en dressage notamment de Granat, le champion du monde. Nous étions nous les cavaliers d’entrainement, sereins et j’étais heureux et sur un nuage sur mes pur- sang en Anjou et à Maisons- Laffitte.

Mais en plus de cet embarquement de Granat,l’écuyer NUNO OLIVEIRA a dit, je le cite : « Dans le film on voyait Granat monté par sa cavalière sortir des écuries pour aller sur la piste d’entrainement. Quelle ne fût pas ma surprise en voyant le cheval faire un tête à queue terrible et malgré les rênes d’ouvertures et les efforts de sa cavalière fuir vers les écuries! Ensuite on voyait le cheval revenir toujours monté par sa cavalière mais à ses côtés son entaineur Georges Wahl une gaule à la main! Cela me fit un drôle d’effet de voir que ce champion olympique de dressage n’est pas dominable hors du rectangle. »

Voilà ce qu’écrit l’écuyer MICHEL HENRIQUET grand défenseur du dressage s’il en est dans « Cheval Magazine » sous le titre « Les méfaits du dressage »:  » le dressage fut ainsi définit par le bon écuyer J.Pelletier: « C’est l’instruction du cheval préparé de longue main de façon à le rendre propre à toutes espèces de services, sans peine pour lui et avec une entière soumission aux exigences du cavalier bien demandées ». Et M . HENRIQUET d’écrire : « Cela me rappelle une confidence d’un de mes premiers maîtres, le colonel BOUHET qui commença à douter des principes de base de la haute école : monté sur le cheval avec lequel il venait de gagner le championnat de France de dressage au Grand Palais,et partant en manœuvre, il souffrit comme à l’accoutumée des désordres de son cheval parcourant la campagne.!!!!!! Cela se passait dans les années 1950 mais ne s’est pas beaucoup amélioré.Il faut avoir assisté à ces épisodes tragi-comiques d’un champion du monde de dressage incapable de recevoir une coupe qu’on lui remettait à Vienne lors des fêtes du quadricentenaire de l’école de Vienne : son cheval se pointait et bondissait de tous côtés. L’année suivante, c’était encore un grand champion que son cheval ramenait à l’écurie avant de rentrer sur le rectangle malgré tous les moyens peux discrets de son cavalier parce qu’un cygne battait des ailes à 100 mètres de là.! ! ! » . On croit rêver.

Dans  » Cheval- Magazine ,MICHEL HENRIQUET écrit encore ceci : « Hier encore ,je me trouvais chez des amis, cavaliers d’obstacles de tout premier plan, l’un d’eux ex-champion de France. Leur attitude narquoise vis à vis du dressage en général s’exprimait très librement. Nous évoquions une certaine retransmission télévisée des championnats d’Europe qui réunissaient en principe une partie de l’élite mondiale de la haute école et chacun exprimait ses doutes sur l’efficacité potentielle de chevaux dont l’équilibre leur semblait douteux: chevaux portés à plein bras, encolure cassée,, trot plus bloqué que rassemblé ,passage traînant et sauts de pie ne donnaient pas cette impression d’athlètes équilibrés »prêts à l’emploi » tel qu’est supposé être un cheval dressé « 

L’écuyer PHILIPPE KARL dans son livre « Dérives du dressage moderne » écrit :  » Les épreuves de dressage font la promotion de la mécanisation et de la routine. Les cavaliers peuvent répéter à satiété les mêmes programmes dans le milieu intangible et aseptisé du rectangle réglementaire.C’est pourquoi; programmés à l’extrême,il arrive que des chevaux de dressage ne se comportent pas comme des chevaux dressés, ne supportant pas le moindre imprévu et pouvant se livrer à des fantaisies humiliantes pour leur passager (piaffer d’excitation inextinguible lors de la remise des prix,tour d’honneur embarqué etc ) .A quoi sert une discipline où la soumission est un but en soi quand elle met des spécialistes en difficulté dans des situations dont se jouerait tout amateur éclairé de l’équitation de loisir? « .

Le Colonel DURAND écuyer en chef du Cadre Noir a écrit : « Le dressage de compétition ne parvient à être ni sportif ni artistique.L’art s’est vu ravalé à l’application de quelques procédés simples,en nombre restreint, adaptés à une discipline le dressage et de surcroît de compétition difficilement transposables aux autres disciplines équestres  » . De fait combien de belles reprises en concours complet pour de mauvais cross par le même cheval ! combien de bons cross après une mauvaise reprise! Aucune harmonie, aucune cohérence pouvant argumenter en faveur de la reprise de dressage (autant faut-il le rappeler que le dressage ,le vrai,intelligent hors reprise en compétition est nécessaire et fructueux; j’en suis le premier défenseur). Et toujours le colonel DURAND . . . »On a vu ainsi apparaître en fait des jockeys de concours hippiques et des jockeys de dressage » . Allusion faite à ces cavaliers exclusivement orientés vers une discipline,montant de superbes chevaux surdoués spécialement conçus pour le dressage ,valant une fortune,dressés par d’autres où de fait le cavalier ( pas tous bien- sûr et certainement pas Dominique d’Esmé) à peu de chose près n’a plus qu’à monter dessus et faire sa reprise comme le jockey monte sa course souvent sans avoir monté le cheval à l’entrainement. C’est ainsi.

MICHEL ROBERT ,le champion de C.S.O. que l’on connait mais aussi champion de France de complet et participant aux jeux olympiques de Munich en 1972, loin de négliger le dressage dit ceci à propos des concours de dressage :  » Cela n’a pas de sens .Je trouve les reprises mal conçues, ennuyeuses et le plus souvent d’un ennui mortel. Chevaux et cavaliers sont mécanisés à outrance.Où se trouve de la joie dans de telles performances? On est tenté de croire que certains cavaliers se lancent dans cette discipline plus pour être vus que pour devenir des hommes de cheval »

A nouveau le colonel DURAND: « Les concours de dressage déçoivent le public ,n’y trouvant pas les émotions du sport ni de l’art. Répéter les reprises entraime routine et résignation pour tout le monde.L’équitation pratiquée sur les rectangles ne parvient pas à être ni sportive ni artistique « . Si vous y trouver à redire moi pas,je suis tout à fait d’accord là-dessus comme avec tous ces experts cités. Je mettrais juste un léger bémol pour reconnaitre que parmi ces compétiteurs de dressage de haut niveau certaines prestations touchent à l’art mais ce n’est pas la généralité.

NUNO OLIVEIRA a écrit :  » La compétition de dressage détruit » l’esprit » du cheval en le mécanisant.Les chevaux récitent ce qu’ils ont appris mécaniquement, elle n’a pas de sens profond » . . . .Celà ressemble étrangement à ce qu’en dit MICHEL POBERT. Notez bien : « la compétition de dressage , . . .elle n’a pas de sens profond, dixit NUNO OLIVEIRA.

ERNEST Van LAON,professeur à l ‘École Nationale d’Equitation des Pays Bas écrit dans « Plaisirs Équestres »: « La pratique du dressage en compétition ne suit plus les objectifs généraux du dressage; elle a généré une existence propre qui ne repose sur rien mais que personne dans le milieu ne se risque à remettre en cause « 

Dr DELVOZ juge international de dressage dans Plaisirs Équestres 121 écrit :  » Le véritable but de l’équitation de dressage et de compétition est manqué : les mouvements deviennent une fin en soi.Les chevaux ne se manient pas d’eux-mêmes, manquent de légèreté ,l’accent trop mis sur la locomotion « 

Jean Claude RACINET expert bien connu du milieu équestre par ses réflexions pertinentes écrit dans Plaisirs Équestres 127 dont le titre s’intitule  » LE DRESSAGE POURQUOI ?  » ( sous entendu des concours) :  » Morosité des compétitions de dressage  » ( rien n’a changé depuis) . . . »Si on évoque les airs naturels dans le dressage; le changement de pieds au temps n’existe pas . . » . . . « . les chevaux de C.S.O. sont condamnés à l’équilibre mais pas ceux sur le rectangle. . » Cela rejoint ce qu’à écrit PHILIPPE KARL :  » sur le plat, le cheval parvient à rester debout nantit d’un solide instinct de conservation; il reste au sens élémentaire toujours « en équilibre ». Sur le plat celà garantit une impunité que le cavalier prend volontiers pour une confirmation de ses procédés fussent ‘ils aberrants . Immédiates,,visibles, objectives et parfois douloureuses, à l’obstacle les sanctions sont sans appel et ne s’accommodent d’aucun verbiage creux. C’est ainsi qu’en dressage on peut invoquer doctement le cheval « sur les épaules », « en équilibre horizontal » ou sur les hanches », à tort et à travers. » Et c’est un écuyer qui parle.

MICHEL COCHENET membre de l’équipe de France de concours complet, champion de France comme MICHEL ROBERT, cavalier émérite de dressage ayant participé au championnat du monde de dressage à Aix-la-Chapelle écrit ceci dans Plaisirs Equestres 129 : « J’ai couru le championnat de concours complet et le championnat du monde de dressage à Aix-la-Chapelle. Mais je n’ai jamais été enthousiasmé par la compétition de dressage qui oblige à travailler non en vue du dressage en général.Il y a 10ans je vous aurait dit  » c’est un cheval qui gagne » car pendant longtemps j’ai été passionné par la compétition.Puis,je me suis tourné vers le dressage, mais pas le dressage de compétition,le dressage qui permet de « faire mieux » et de dresser un grand nombre de chevaux. »Très intéressants ces propos non? D’après MICHEL COCHENET le dressage de compétition donc les compétitions ne permettent pas de « faire mieux »c’est à dire d’améliorer le cheval.! Merci monsieur COCHENET d’apporter de l’eau à mon moulin et confirmer ma petite idée sur » la chose »

Il y a un article très intéressant dans Plaisir Équestres 80 s’intitulant « LE DRESSAGE OLYMPIQUE : ART VIVANT OU EXERCICE STÉRILE ?  » trop long pour l’évoquer ici mais rien que ce titre en dit long sur ce que cela peut interpeler.Juste ceci :  » Le cavalier olympique fait ses gammes et rien d’autre.Il les fait plus où moins bien, ce qui permet aux juges de distribuer des médailles, mais est-il juste de juger l’exécutant uniquement sur ses gammes, Je pense que non. » Les gammes ça revient à dire les moyens,donc via la compétition de dressage on juge les moyens, lesquels contribuent à un but dès lors qu’il y a compétition . Quitte à me répéter, la compétition de dressage fait donc des moyens un but, une fin en soi! alors que le dressage ne devrait rester qu’un moyen au service de buts : C.S.O.,cross, promenade,polo, horse-ball etc..N’y a t’il pas là quelque chose de tordue?

JEAN MARIE DONARD écuyer réputé du Cadre Noir de Saumur et compétiteur de dressage en grand prix et championnat d’Europe que du reste on peut voir en photo sur mon site à la page « mon parcours équestre » n’est pas tendre avec la compétition de dressage et les juges. Je cite quelques extraits de son livre « le guide du dressage »(belin): Aujourd’hui plus que jamais ,le dressage comme discipline olympique est devenue un business dominé par l’argent et la génétique. Ces magnifiques chevaux allemands ou hollandais issus de croisements intelligents valent des fortunes,ils sont beaux et équilibrés,ils ont du sang et ils sont plus jugés sur leurs aptitudes que sur le réel talent de leurs cavaliers.Les compétitions de dressage sont le plus souvent arbitrées par des examinateurs d’auto-écoles qui n’ont jamais monté ces épreuves sauf quelques cas d’anciens champions et dégoutent à juste titre les meilleures volontés.Ils parlent avec exaltation de légèreté quand les chevaux sont verrouillés,enfermés,la nuque trop basse et les antérieurs sous les angles. lls voient de la souplesse quand les membres bougent sous des dos contractés. Avec des chevaux surdoués, le savoir tend à disparaître, la génétique venant compenser les lacunes techniques. Dresser un cheval magnifique et talentueux ne vous donnera qu’un faible mérite même si vous serez admiré grâce à ses qualités naturelles. Alors que réussir le dressage d’un cheval présentant des points faibles, paresseux ou mal équilibré vous mettra moins en lumière mais vous apportera plus de satisfactions personnelles et enrichira considérablement votre savoir. » ! Voilà ce qu’écrit J.M. DONARD. Que de lucidité et de pertinence. C’est tout ce que je pense moi aussi mais qu’exprime mieux J.M. DONARD et venant de lui ça a plus de poids .J’en suis heureux et conforté dans mes idées.

Enfin pour terminer avec ce qui aurait pu commencer car ça résume parfaitement ce que je pense. L’éditorial de Xavier LIBBRECHT rédacteur en chef de L’eperon (No 229). » Pas un cavalier qui rechigne à l’idée de devoir apprivoiser puis dresser son cheval à toutes fins utiles( se promener, sauter, l’atteler etc . . .) En clair,dresser pour quelque chose soit, dresser pour le spectacle passe encore,mais dresser pour dresser comme une fin en soi et mieux dresser pour se mesurer à l’autre qui dresse pour dresser comme une fin en soi, le tout en requérant le jugement d’autrui afin de savoir qui est le meilleur des deux tient du « directus » . . .Honnêtement c’est un peu étrange. Travailler seul son cheval sous l’œil d’un maître afin d’obtenir la belle attitude, le mouvement recherché parle assez à nos contemporains. En faire tout un cirque dans un système qui en plus paraît bloqué n’excite pas les passions. Le dressage dit de compétition souffre en France d’un déficit d’image énorme entretenu et relayé par l’attitude de ses adeptes et partisans aux comportements d’éternels pénitents »

P.S. Toutes ces citations d’experts sont extraites des revues : Cheval Magazine, l’information Hippique, Plaisirs Équestres, l’Eperon.

Patrice Crivelli

J’ai en mémoire le spectacle désolant d’un écuyer du Cadre Noir compétiteur de dressage que je voyais souvent travailler son cheval à l’entraînement en bride des heures et des heures de piaffer, d’appuyers, de pas d’école, le cheval en nage,la sueur coulant sur son front, l’encolure et les flancs blancs d’écume, sans la moindre caresse,sans le moindre repos pour détendre cette  » mécanique » compressée, celà me faisait mal au coeur.Là me direz vous ce n’est pas la compétition qui est en cause, c’est vrai, mais le dosage dans le travail à l’entraînement. Cet exemple n’étant malheureusement pas un cas isolé chez les compétiteurs de dressage cela autorise à le mettre en exergue. Le lendemain de ce spectacle affligeant,je revois ce même écuyer sur le même cheval sortant de l’écurie au pas d’école! Curieux! j’observe discrètement et écoute le mécontentement de cet écuyer n’arrivant pas en fait à faire marcher son cheval au pas ordinaire comme il le désirait et essayant comme il pouvait pour y parvenir mais sans succès; rien n’y faisait .Le cheval sur-conditionné et on peut le dire abruti par ces excès de »dressage » et de pas d’école que j’avais vu la veille en perdait son latin ou plutôt ses repères et son fonctionnement naturel c’est à dire marcher d’un pas ordinaire ou franc,délié étendu,régulier. Anecdote authentique qui en dit long sur l’absence totale de savoir doser l’effort et les exercices à bon escient.Savoir doser,celà demande un peu de tact et surtout du bon sens; mais c’est frappant de voir à tel point il y a une défaillance de ce côté dans le milieux du dressage. Ce n’est pas aux airs de dressage qu’il faut s’en prendre mais à leurs abus et donc à ce manque de respect du cheval indigne et méprisable de la part d’un cavalier,à fortiori d’un écuyer; et là ça concerne tous les cavaliers de dressage,compétiteurs ou pas à tous niveaux mais davantage pour les cavaliers et chevaux de haut niveau puisqu’il leur est demandé plus de travail et d’efforts. Je ne suis pas écuyer mais cavalier et homme de cheval,ce qui me fait dire que plus on oriente le cheval vers le dressage et on le pousse dans cette voie; compétition ou pas, plus il faut avoir à l’esprit de varier par des sorties,du saut; d’entretenir son moral et faire en sorte qu’il ait plaisir à ce qu’on lui fait faire : du dressage ou autre chose par principe mais plus particulièrement pour ces chevaux de dressage. Car les exercices de dressage ont ça de particulier qu’ils demandent de très gros efforts de concentration, de tension mentale et nerveuse générant stress, anxiété,nervosisme comme le dit si bien d’ORGEIX . La plupart de ces spécialistes de dressage par définition s’adonnent exclusivement qu’à leur spécialité, leurs malheureux chevaux aussi . Leur sortie journalière,leur semaine se résume en gros qu’à faire du dressage, que du dressage et encore de dressage. Je conçois qu’il faille travailler dur et répéter les exercices, faire des gammes, mais de là à faire « des heures » d’appuyers,des kilomètres de trot et galop rassemblés sur la carrière le cheval très concentré; oubliant qu’il se sature vite comme un enfant.Non. Pour les chevaux de dressage et surtout de haut niveau, bien entendu qu’il faut répéter et peaufiner et mettre au point, je passe par là aussi quand je travaille un cheval à un petit niveau mais attention aux excès et dérives qui à vouloir trop bien faire font du mal,saturent le pauvre animal, l’abrutissent, lui enlève son perçant,sa joie de vivre voire pouvant le rendre neurasthénique. Ce qui n’est pas le cas des autres disciplines. J’en parle dans le volet  » Souffrances du cheval » .

SUGGESTIONS

Concernant ce pauvre cheval que l’écuyer n’arrive plus à faire marcher dans son pas naturel. C’est bien par un excès de pas d’école qu’il perd son sens naturel, son pas naturel;donc déjà arrêter les frais et le laisser marcher librement monté ou en longe afin que de lui-même il retrouve son fonctionnement normal le temps qu’il faudra . Quelques bonnes promenades rênes longues devraient suffir. Ensuite le monter comme avec un jeune cheval en filet simple en le poussant sur la main dans un pas franc et des descentes d’encolure.

Pour le reste de tout ce qui est critiquable dans l’exemple ci-dessus et pour d’autres effets nocifs du dressage mal mené voici quelques suggestions qui me semblent plus faire appel au bon sens qu’à des compétences particulières . C’est déjà au sein de la séance elle même dite de dressage qu’ il faut tout simplement respecter plein de petits temps de repos rênes longues à l’arrêt ou au pas. Ne jamais faire du kilométrage de trot ou de galop mais fractionner par du pas et . . . tiens du pas oui ,beaucoup ,beaucoup ,beaucoup de pas; du travail au pas ,figures et exercices divers ,alternant étirements et rassembler suivant l’avancée du dressage et quand le cheval est rassemblé ne pas le contenir trop longtemps pour préserver ses »ressors » et son moral donc rendre souvent en demandant de bonnes extensions d’encolure au trot de préférence et le laisser trotter librement quelques bonnes foulées rênes en guirlandes comme je le fais faire sans cesse à mes élèves après quelques courtes minutes de travail rassemblé .Caresser souvent ,encourager de la voix comme je le demande aussi à mes élèves . Tout cela me semble n’être que du bon sens et permet en plus d’entretenir de bons rapports avec les chevaux qui ont j’en témoigne du plaisir à travailler tous ces exercices pouvant être fastidieux et abrutissant pour eux si on ne s’y prend pas bien .Comme je l’ai écrit dans la page « ma pédagogie  » de mon site ; je fais faire ainsi des séances de travail sur le plat ou de dressage si vous préférez pendant 2 heures de suite bien menées,actives sans qu’aucun cheval ne soit en sueur ou essoufflé; mieux ,terminent en pleine forme encolure relevée,l’oeil vif . . .et tout le monde heureux. Au- delà des séances de dressage proprement dit, pour les compenser et équilibrer il est impératif de sortir de la carrière et faire une saine équitation d’extérieur en simple filet,pour comme le dirait l’écuyer JEAN MARIE DONARD : « remettre les pendules à l’heure ». Vous pouvez voir à ce propos sur la page « ma pédagogie » de ce site une grande photo d’un cheval monté par une jeune cavalière ( ma nièce) traversant une grosse flaque de boue où il est écrit » Ambarèze, un cheval de dressage » ça dit tout (dans l’esprit) de ce que je veux dire sur les compensations nécessaires pour les chevaux axés sur le dressage ou les spécialistes de dressage .Avec ces chevaux il faut compenser ces séances de dressage même si on fait en sorte qu’elles ne soient pas éprouvantes pour le cheval par alternances de sorties dans la nature, voire terminer la séance de dressage par une petite promenade afin de retrouver ses esprits . Mettre le plus souvent le cheval au paddok ou au prés (j’entends dire à la télé Philippe Rozier dire «  »le boxe c’est la mort du cheval ») ,sauter quelques petits obstacles non pas par une séance d’obstacles mais au sein d’une séance de dressage par ci par là pour s’amuser et pour rompre cette foutue mécanisation qui est nocive et dont on peut tous se laisser abuser par la routine; (discerner les nécessaires répétitions d’exercices comme les gammes au piano de la mécanisation abrutissante et contre productrice ,c’est aussi ça être homme de cheval). Beaucoup de promenades relaxantes, jouer avec le cheval ,le caresser généreusement et là encore comme je l’ai écrit sur la page « pédagogie »: un lâcher prise affectif ,laisser parler son cœur . . . le cheval le mérite bien.

Deuxième exemple de » maldone « concernant le dressage de compétition.

Je me souviens avoir monté un certain temps près de Mulhouse le cheval d’une cavalière assez portée sur le dressage et participant régulièrement à des concours de dressage d’un niveau moyen certes mais quand même avec quelques classements honorables, son cheval toujours en bride. Ayant fait appel à mes services afin de résoudre quelques petits problèmes et d’améliorer le cheval je la regardais évoluer sur la carrière lors de ma première visite. Le cheval en bride exécutait des exercices et figures plutôt correctes bien que dépourvus de légèreté.La soumission et l’équilibre me semblaient acceptables du moins de façon visuelle. Lorsqu’à mon tour je pris le cheval pour le tester et faire un « diagnostique » je le conduisis en bride d’abord et exécutais des exercices simples puis un peu plus compliqués, grosso modo ça allait malgré bien des choses à travailler. Après un petit temps de repos je continuais à le tester mais rien qu’en filet cette fois et que sur les exercices les plus élémentaires du jeune cheval afin de me rendre compte au plus vrai de son équilibre,de sa soumission, son impulsion et sa légèreté .Et bien « il n’y avait plus personne »! Ce cheval avec des résultats honorables en bride et en compétition sur des exercices plus compliqués ne venait pas sur la main,ignorait la descente d’encolure! la cession de mâchoire n’en parlons pas!,les ralentissements au trot difficiles sans demi-arrêts et j’en passe.Tout à revoir à la base et pourtant ce cheval avait des résultats en concours de dressage.. . . en bride certes,mais cela n’explique pas tout.Surprenant non ! Car où est la logique du prétendu bienfondé de la compétition dressage ? . . ! ! !

SUGGESTIONS

Dans ce cas précis concernant le cheval. »Tout à revoir » signifie reprendre à zéro son dressage. Finie la bride, qu’en filet et mors simple ou Chantilly. Leçon de jambes, mise en avant, allures étendues et sur la main, demandes de flexions latérales et directes à l’arrêt; trot avec extensions d’encolure,pas et trot allongés en ligne,transitions douces puis au fur et à mesure des progrès des transitions plus fanches . . . longues rênes ,terrain varié au pas etc.
Question: Faut-il s’en prendre aux juges d’avoir bien noté ? Non. Ils voient ce qu’ils voient et peuvent avoir vu une bonne reprise. Faut-il s’en prendre à la bride? Il est évident que c’est un moyen puissant qui peut contraindre le cheval à cèder et exécuter sous cette contrainte mais masquera des lacunes et un mauvais dressage . . .que le simple filet révèlera ( C.Q.F.D.). Il faut donc s’en prendre à la bride et l’usage qui en fut fait mais pas qu’à elle seule . Alors à qui s’en prendre de cette inadéquation ou incohérence entre la reprise correcte et bien notée en bride et en concours puis hors de cela et en filet « plus rien après . . .zéro! » alors que théoriquement on devrait constater une amélioration du cheval après sa reprise et hors du concours même en filet ? De mon point de vue c’est au dressage de base et donc des « fondamentaux »qui n’ont pas été respectés ou bien faits sur ce cheval autrement dit c’est le dresseur qui est responsable.Mais il ne faut pas oublier une fois encore la part de responsabilité des reprises donc des concours de dressage qui quelques soient les belles notes surtout de soumission et d’équilibre ne prouvent rien . . . .absolument rien, la preuve!, et n’améliorent en rien le cheval. Ces reprises ne prouvent que leur royale insignifiance .Mais ce qui est tout aussi important c’est qu’elles induisent en erreur les cavaliers compétiteurs en les laissant dans des illusions bonnes ou mauvaises sur la vraie valeur du dressage de leur cheval; sauf pour certains assez connaisseurs et lucides pour ne pas être dupes?

Patrice Crivelli

Il est curieux de voir que dans le dressage classique et plus particulièrement dans les épreuves de dressage; de la plus petite reprise au grand-prix, la vélocité donc la rapidité, l’agilité et la lesteté n’existent absolument pas hors des quelques foulées de trot et de galop allongés. Pourquoi cette absence que je vois comme un appauvrissement du dressage et des reprises ?

Je sais très bien que la rapidité n’est pas ce qu’on recherche dans le dressage classique .Ce n’est pas une course.Que l’équitation de travail, des westerners n’est pas la même que la classique ( bien qu’on y retrouve les mêmes principes). Je sais que la lenteur a ses vertus et est à rechercher dans certains exercices comme l’épaule en dedans; j’en ai fait l’apologie dans mon topo sur le pas. Je sais très bien que « notre » équitation classique ne demande pas cette vélocité et lesteté demandées par nécessité aux autres formes d’équitations mais qu’elle est faite d’allures variées, franches certes,à vitesses plutôt lentes ou moyennes mais pas vives. Que c’est une équitation plutôt douce et sans brusquerie avec des transitions coulantes mais pas heurtées. C’est ce qui en fait aussi son charme et c’est forcement tout ce que l’on voit par les reprises. De la vitesse dans le cross certes et c’est normal mais hors de cela encore une fois la vitesse et l’agilité ne sont pas du ressort de l’équitation classique.Il n’y a pas de ces départs au galop fulgurant suivit d’arrêt brusque, de tournées en tous sens hypers rapides comme le font si bien les westerners, les gardians,en tauromachie et d’autres artistes .

Néanmoins même si la vitesse des mouvements et l’agilité nécessitant par ailleurs des chevaux de sang sont l’apanage de ces équitations de travail et de spectacle mais n’est pas vraiment nécessaire en équitation classique. Il n’empêche et tout le monde en conviendra qu’ objectivement ce sont de sacrées qualités et vertus. Y compris concernant le dressage proprement dit et le dressage classique .Demander à un cheval de jaillir au triple galop au souffle de la botte et de s’arrêter pile sur de légers serrements de doigts ou presque comme le font si bien les westerners cela demande du dressage, du tact et du reste est dans l’esprit des principes de l’équitation classique. Je pense que c’est autant valeureux sinon plus difficile que de demander un départ au petit galop à partir de l’arrêt et de s’arrêter doucement.Je pense que faire un demi -tour ou tour complet sur place (pirouette) en une fois si ce n’est tourner plusieurs tours comme une toupie ou une patineuse sur glace avec seulement une main c’est fabuleux et que ça vaut bien la pirouette exécutée en 6 ou 7 temps ou « morceaux » à deux mains comme c’est le cas en équitation classique jusqu’au grand-prix! (cela m’exaspère). Si l’expert en dressage classique me répond que c’est plus facile de faire une pirouette en 1 tour comme les westerners ou les gardians alors qu’il me le démontre .

A l’époque de Pluvinel le dressage avait pour finalité le rassembler (comme c’est le cas aujourd’hui) dans un but de maniabilité au combat. Le rassembler concentrant les forces du cheval comme un ressort permettant de l’avoir très obéissant aux plus légères indications et prêt à bondir en tous sens, s’arrêter net, virevolter. Les temps ont changés.La finalité du dressage reste le rassembler mais les buts ont changés. Place à l’équitation de loisirs ou dite sportive, à l’équitation de travail mais aussi pour le simple plaisir d’avoir un cheval agréable à monter, à l’équitation artistique aussi et de spectacle. Et . . .c’est là que les Athéniens s’atteignirent . . . On en arrive à nouveau à cette aberration de ce dressage pour le dressage comme finalité que sont les concours de dressage. Sujet plus qu’à caution . Ainsi, si le rassembler permettait aux chevaux de jaillir et virevolter avec agilité à l’époque ancienne, il doit permettre d’en faire de même aujourd’hui en équitation classique non!Qui plus est dans les concours de dressage au moins d’un certain niveau! .Encore faut-il que nos écuyers nous le prouvent!. Ce que font remarquablement les westerners, les gardians et ce qui se fait en tauromachie les rênes dans une main, l’équitation et le dressage classique donc nos écuyers,logiquement devraient pouvoir exécuter cela aussi aisément sinon mieux avec les deux mains non! D’autant que ces cow-boys et autres artistes « hors du système »que je sache ne passent pas leur temps à faire des épaules en dedans et autres appuyers! Tout cela m’interpelle donc et devrait faire réfléchir nos ecuyers et compétiteurs de dressage. Si comme beaucoup de cavaliers classiques et de surcroît de dressage ont encore ce sentiment que l’équitation classique est supérieure à l’équitation western (comme je le pensais moi aussi autrefois je le confesse)avec cette appellation  » d’académique »qui par ce simple mot la crédite de supériorité et bien qu’ils le démontrent par cette « dimension »de vélocité » et forcément de légèreté tellement absente du dressage.Qu’ils démontrent cela par divers exercices comme en western; au moins à petite dose . Personnellement j’ai essayé seul à cheval d’ajouter au travail et exercices classiques certains mouvements comme ceux des westerners dont la pirouette en un seul tour .Je n’y suis pas arrivé. Mis à part avec Allinton pour des départs et arrêts relativement foudroyants que je faisais d’ailleurs rarement et que sur un sol bien sablé . Et encore ce n’était pas du niveau des westerners.Mais d’un écuyer, donc supposé d’un niveau supérieur, nous sommes en droit d’attendre certaines qualités eut égard à son niveau pouvant théoriquement rivaliser avec de » vulgaires cow-boys ». Oui on est en droit d’attendre de lui de l’excellence et donc il devrait théoriquement et aisément en toute logique faire aussi bien qu’eux puisque sa science équestre est supposée supérieure . En est-il ainsi? bien-sûr que non. Alors nous,cavaliers d’équitation classique et vous les écuyers de tous poils : Modestie, Modestie, et encore Modestie.Et comme l’écrivait Nuno Oliveira » L’actuel cavalier de dressage ferait bien de se demander comment se comporterait son cheval dans les sentiers de montagnes,en franchissant des fossés ou des barrières naturelles, ou si, revenant dans le passé il avait à défendre sa vie les rênes dans une main ,l’épée dans l’autre « .

Pour étayer mes propos .J’entends dire J.P. Bonneau, l’entraîneur de l’équipe de France de c.s.o .lors d’un stage que l’on voyait à la télé sur Equidia : »Il y a beaucoup à apprendre des cow-boys et des cavaliers de tauromachie ». Et toujours J.P Bonneau dire: » Nelson Pessoa disait que les meilleurs cavaliers sont les cow-boys! » Et sans ironie de sa part . J.P. bonneau en était lui aussi convaincu. A méditer. Je cite là encore un écuyer et non des moindres, Philippe Karl, oui encore lui, dans son livre « Dérives du dressage moderne »:… »En matière de tourner des cow-boys et changements de direction, l’équitation western est bien plus proche de La Guérinière que le dressage officiel ». Et paf! Et à propos de l’arrêt net voici ce qu’écrit encore Philippe Karl avec photos à l’appui: » La revue Cavallo a publié les résultats d’une expérience instructive. Des capteurs électroniques placés sur les rênes enregistrent les tensions exercées sur la bouche du cheval à l’occasion d’une transition du galop à l’arrêt. Un entraineur western monté en filet sans muserolle. Avec des mains hautes et sans intervention des jambes, le cheval s’arrête sur les hanches, nuque ouverte et restant le point le plus haut. La tension des rênes atteint 2,7 kg/ rêne et ce en une fois. Plusieurs cavaliers de dressage chevaux montés en filet avec double muserolle serrée au maximum. Par des aides réglementaires(assiette et jambes poussant sur des mains basses et actives,les chevaux s’arrêtent en baissant la nuque mais pas les hanches.Les cavaliers utilisent des demi-parades répétées allant de 8 à 10 kg par rêne et arrêtent leurs chevaux avec des tensions entre 10 et 12,5kg/rêne ! ! ! ON PEUT

A BON DROIT SE POSER LA QUESTION : SI CE N’EST A SACRIFIER A SES RITES A QUOI SERT LA COMPÉTITION DE DRESSAGE ? ? ? « Voici ce qu’écrit noir sur blanc Ph. Karl.

Sans vouloir dévaloriser nos écuyers de compétition dressage . Il n’en demeure pas moins que le soucis d’objectivité et d’impartialité impose de reconnaître qu’ils n’atteignent pas la dimension artistique, l’excellence équestre voire l’exploit que nous montrent aussi ces nouveaux artistes à cheval à travers ces spectacles tel que « Les crinières d’or » et bien d’autres que je serais le premier à critiquer si c’était plus surfait que sérieux,particulièrement sur la question de dressage pur. Je ne parle même pas de ce qui se fait à pieds avec les chevaux où là c’est magique avec les J.M.Imbert,F. Pignon et tous les autres. Je prends l’exemple d’un artiste écuyer parmi bien d’autres, cet italien montant sur une selle sans étriers et sans rênes, les bras écartés, le cheval au petit galop rassemblé et remarquablement régulier, avec juste une sorte de ruban fixé à la selle et passant dans la bouche du cheval ! Une harmonie parfaite entre l’écuyer et ce cheval, tous deux dans une attitude impeccable, un galop léger et une cadence comme rarement vue. L’écuyer-artiste, toujours les bras écartés faisant faire à son cheval tenez vous bien, des changements de pieds sur cercle ! Puis s’arrêtant pile, et toujours les bras écartés, reculait quelques pas,repartait au petit galop puis faisait un demi -tour toujours au galop rassemblé et à nouveau des changements de pieds tous les deux temps sur le cercle ! J’étais subjugué ,ébahi quand j’ai vu çà. Respect et admiration,car là on est là dans l’excellence, le zénith du dressage.Et encore vu aux « Crinières d’or » d’autres écuyers-artistes à cheval en simple filet, rênes à peine tendues au galop rassemblé exécutant des levades, du galop sur place certes à quatre temps mais quand même et le mézair comme les écuyers de Vienne dans la légèreté et la grâce! . Ou encore un piaffer à forte suspension et beau tride et non pas piqué des antérieurs comme on le voit souvent sur les rectangles. Voilà ce que ces artistes que j’admire et respecte nous offrent .Un régal pour les yeux.Tout y est: la technique respectant les canons et les critères de dressage et de l’art,du vrai .

Je ne cite que ces deux exemples parmi bien d’autres artistes équestres de haute volée. On ne peut qu’être subjugué et admiratif par leurs spectacles en matière de dressage .Certes si on parle de l’excellence de l’équitation western on sait que que le cow-boy ne fera pas de piaffer , de passage ou des transitions coulantes dans les critères de l’équitation classique mais pour le reste!. Encore une fois parce que l’écuyer étant supposé supérieur (et se croyant souvent supérieur) par sa science académique, on a le droit d’être plus sévère ou attendre de lui plus que d’un cow-boy .Et pourtant saurait-il faire une pirouette d’un coup et bondir avec agilité comme les westerners? Certainement pas. Toutefois j’ai pu me rendre compte que cela dérangeait certains cavaliers de compétition de dressage ayant du mal à accepter que se considérant comme les seuls tenants et conservateurs de la sacro-sainte équitation académique ils sont dépassés par des « saltinbanques »et autres cow-boys. En un mot ils ne sont pas les vedettes.Leur aura en prend un coup .Il est vrai que çà peut-être humiliant.Mais argumenter des propos comme j’en ai entendu de mauvaise foi sur la qualité de ce que font ces artistes ou westerners, une raillerie sourde voire un certain mépris envers eux. Raillerie qu’on peut facilement soupçonner de jalousie ou de complexes ou se trouver de fausses excuses, cela est insupportable, mesquin et çà ne grandi pas ces cavaliers ou écuyers d’équitation classique. Reconnaître ses faiblesses n’est pas s’abaisser que je sache et c’est faire preuve de modestie . Qualité première d’un cavalier qui semble faire défaut à beaucoup d’écuyers, faisant dire au grand et vrai écuyer Nuno Oliveira à propos des écuyers de compétion je cite: » Ces cavaliers qui se prennent pour les meilleurs du monde « ! je ne pense pas que l’écuyer Jean Marie Donard ami et admirateur de Nuno Oliveira aurait soupçonné ce dernier de jalousie . Alors messieurs les écuyers et de surcroît de compétition; moi qui suis aussi un défenseur de l’équitation académique mais dont je m’impose une honnêteté intellectuelle, l’objectivité et le soucis d’impartialité montrez moi qu’en sortant de votre rectangle ,de votre carcan, de vos finasseries de salon et des exercices conventionnels de dressage vos chevaux sont au moins équilibrés, francs, soumis et légers. Mais aussi montrez nous que vous pouvez faire aussi bien que ces artistes et westerners au niveau vélocité,agilité, rapidité. Pirouette en une fois et non pas en 6 ou 7 temps.Démarrage foudroyant au galop suivit d’arrêt net sans rênes ou si peu. Appuyers en zig-zag rapides et serrés. On vous accordera de faire celà avec une rêne dans chaque main. C’est la seule voie pour redorer votre blazon et que je vous admire à moins qu’en toute simplicité vous faisiez acte de modestie et reconnaissiez l’excellence de ces cavaliers prévalant vos prestations. Pour être juste c’est vrai aussi que j’ai entendu un écuyer du Cadre Noir avouer à la télé sur Equidia qu’il se sentait petit au regard de ces artistes et cow-boys.Très bien monsieur l’écuyer c’est tout à votre honneur.

SUGGESTIONS

N’étant pas un westerner mais un cavalier classique, je ne suis pas le mieux placé pour donner des leçons pour avoir chez un cheval la vélocité l’agilité voir la rapidité.Toutefois ne refaisant pas le monde j’applique ce qui nous est transmis par nos »maîtres »c’est à dire l’exigence de réactivité du cheval à la plus légère pression des jambes et aux ralentissements voire arrêts aux plus légers serrements de doigts. C’est le principe,la théorie que j’essaie de pratiquer de mon mieux et d’enseigner. La recherche de ces qualités qui sont trop absentes « chez nous en équitation classique ». On en arrive à la leçon de jambes, et de fait ça marche. Mais de là à arriver à cette excellence des westerners non .Conclusion : Encore une fois nous les cavaliers classiques restons humbles, très humbles vis à vis de ces westerners parceque ce sont eux seuls qui peuvent vraiment nous apprendre la vélocité, l’agilité et la rapidité comme ils nous le démontrent si bien.

Alors quitte à me répéter pourquoi ne pas ajouter dans les reprises de bon niveau où le rassembler est de mise et dans les grandes reprises; en plus de ce qui existe, des pirouettes en 1 tour, un ou deux départs au galop fulgurant depuis un reculer puis s’arrêter pile quelques foulées après, virevoler, repartir etc etc..etc comme en reining. Imaginons ainsi nos écuyers de grand-prix en redingotte noire faire un démarrage foudroyant au galop; passer du galop allongé en quatre foulées au tout petit galop, un arrêt net suivit d’un reculer très rapide puis lent à nouveau rapide puis j’aillir, virevolter, faire un demi-tour en une fois et pas en trois temps etc.! Et pourquoi pas un petit gymkhana axé sur la vélocité la rapidité, l’agilité . . . . un « agility- équin »!

Pour juger la légèreté sur les reprises actuelles à partir de la décontraction de la mâchoire et des hanches avec des rênes tendues c’est à moitié convaincant.Sur une impression générale idem s’il n’y a pas d’actions de mains et de jambes manifestes. Mais le mieux ne serait-il pas en plus de celà de voir évoluer le cheval en tous sens et lestement nécessitant impérativement les rênes plus ou moins détendues sans quoi c’est impossible de virevolter et c’est une preuve par neuf de légèreté.Voilà une bonne raison pour introduire dans les reprises un peu de vélocité, agilité, réactivité

Tout d’abord pour rassurer les partisans des reprises actuelles mes critiques sont suivies de suggestions . Suggestions non pas de supprimer ce qui existe c’est à dire les reprises telles qu’elles sont mais d’innover en les complétant par ce qui me semble être de bonnes idées pour les bonifier et leur donner du crédit .

Suite au premier exemple cité dans le volet 3 d’un cheval mécanisé au pas d’école et dont l’écuyer n’était pas foutu de le remettre au pas ordinaire ce qui parrait aberrant et en tout cas prouve que le travail de ce pseudo écuyer est faux, me pousse à cette simple réflexion pouvant être une suggestion dans le but de redonner du crédit aux reprises et concours de dressage. « QUI PEUT LE PLUS PEUT LE MOINS « .

Partant de ce fait,il me semble logique que plus un cheval a atteint un haut niveau de dressage attesté par la compétition,mettons les chevaux participant à la reprise st Georges et au-delà; plus ceux-ci sont censés être bien meilleurs qu’à leurs tous débuts lors de la première reprise de jeunes chevaux et des petites reprises .Quoi de plus normal et logique!. Ce qui veut bien dire que sans nous inquiéter notre cheval de « St Georges ou grand prix »ayant donc monté jusqu’à ces échelons validés par la compétition devrait . . .(qui peut le plus peut le moins ). . . normalement dérouler la reprise de jeunes chevaux et les autres petites reprises en simple filet de façon excellente. Atteindre sinon du 9 ou 10 sur 10 du moins démontrer que le haut niveau a joué et permis une très nette amélioration de ces petites reprises en filet. Si ce n’est pas le cas, si on ne constate pas une excellente reprise de petit niveau (en filet et selle classique mixte) alors là! c’est grave.Tout serait à revoir.Il y aurait un constat sans discussion et une preuve évidente que le dressage de ce cheval de grand-prix est mauvais même s’il gagne et que le bien-fondé de toutes les reprises surtout si elles se disent « de progression »s’avère totalement infondé et insignifiant.Ce serait une totale remise en question de la valeur des compétitions de dressage que personne ne pourrait contester.

Ainsi pour les reprises de Haut niveau on pourrait imposer après la reprise mettons St Georges et un petit temps de repos de demander aux concurrents de refaire une reprise niveau jeunes chevaux en filet et selle mixte.Là çà serait intéressant de voir les notes de ces chevaux de haut niveau (mais quelque chose me dit qu’on aurait des surprises) .

En ce qui concerne le deuxième exemple dans le volet 3 avec le cheval bien noté en bride et « plus personne » en filet hors compétitions. Appliquer ce que j’ai déjà suggéré c’est à dire après la reprise juger le cheval sur un petit parcours à l’extérieur en terrain varié genre TREC afin de tester sérieusement l’équilibre et la soumission. Ça serait déjà pas si mal . »La preuve par neuf de l’authenticité du dressage pur « comme l’écrit le colonel Durand écuyer en chef du Cadre Noir.

EN RÉSUMÉ: Ce qui serait l’idéal pour bien juger et créditer les reprises au delà des débutants jusqu’au grand-prix. (A). laisser les reprises comme elles sont mais. (B). Après la reprise mettons la St Georges enlever la bride, mettre un simple filet et une selle mixte pour dérouler une reprise élémentaire afin comme on la vu de voir si la supposée bonne reprise St Georges a porté ses fruits; ce qui veut dire que la reprise élémentaire devrait en toute logique être du 9 sur 10 car qui peut le plus peut le moins. (C). Exécuter quelques exercices ou figures façon western pour juger cette partie importante de: vélocité,agilité,rapidité par des départs au galop fulgurants, arrêts nets, pirouettes en un tour cette fois et pas en 6 ou 7 temps etc. . . . (D) . Enfin,un petit parcours en terrain varié genre trec ou mini cross . A défaut de terrain, faire un petit gymkhana. Autres suggestions :Pourquoi pas au grand prix du pas espagnol et terminer par une pesade comme le suggère Philippe Karl?. Et comme en concours hippique, concourir sur des tracés et des enchaînements de figures sans cesse différents. Les reprises deviendraient des parcours de dressage! Les concurrents en découvriraient le texte comme en C.S.O. en arrivant sur place, aidés par quelqu’un leur dictant la reprise.

CONCLUSION

Si le dressage du cheval a pour but de le gymnastiquer et d’améliorer sa soumission et ses allures ce ne peut pas être un but en soi, une finalité mais qu’un moyen. On n’assouplit pas juste pour assouplir;on ne recherche pas la soumission que pour la soumission; donc le dressage pour le dressage mis à part les artistes et l’école de Vienne dont c’est la raison d’être. Vouloir ainsi faire du dressage un but, à fortiori une compétition n’a aucun sens profond comme le dit l’écuyer Nuno Oliveira.Insignifiance donc des concours de dressage ne pouvant pas même permettre d’évaluer de façon sérieuse je veux dire probante la juste valeur des prestations des reprises du fait de l’absence de critères et de tests probants, entre autre sur l’équilibre, la soumission, l’agilité. Des critiques rejoignant celles d’experts et éminents écuyers.

Un sérieuse remise en question du bien-fondé de la compétition de dressage s’impose. Après quoi, conservant malgré tout les concours et les reprises actuelles on pourrait apporter des améliorations en les complétant par des tests et exercices vraiment probants.

Je sais très bien que toutes ces idées que je défends ne se réaliseront pas. C’est utopique de croire que cela verra le jour.Mon intention ici n’étant que d’exprimer ma façon de voir les choses et mes idées, rien de plus: critiques certes mais aussi suggestions et sans rien attendre.Mais si admettons que cela soit évoqué ou suggéré à haut niveau ce serait une révolution dans ce petit cercle du » dressage ». Cela créerait un taulé bousculant les habitudes et un conformisme pesant parmi beaucoup de compétiteurs manquant d’ouverture d’esprit. Cela obligerait à de sérieuses remises en questions salutaires suivies d’une refonte totale des concours de dressage; et çà , forcement çà dérange parce que ça bouscule des certitudes. Je ne crois pas vraiment à une évolution des mentalités; tout au plus une petite prise de conscience pour quelques uns et encore. Pourtant je persiste à penser que ces quelques idées qui valent ce qu’elles valent sans plus, seraient enrichissantes tant pour les chevaux que pour les cavaliers ainsi que pour la valeur de jugement des reprises et du crédit des concours. Avec cette nouvelle rigueur il y aurait logiquement moins de critiques pour une discipline ne l’oublions pas,où le jugement des juges étant forcément subjectif relativise sa valeur car ce n’est pas forcement le meilleur qui gagne. Enfin cela donnerait un coup de fraîcheur et plus d’attrait à ces reprises qui sont de mornes carcans récitatifs. Au final ce serait un bien pour les compétitions de dressage. Et enfin si l’on peut contester mes critiques et mes suggestions on ne peut pas dire que je ne pose pas les bonnes questions.

Patrice Crivelli

Cette question implique nécessairement la question de l’équilibre du cheval. L’équitation académique et de dressage de compétition se pratiquent sur terrain plat où l’on demande au cheval des figures,des exercices,des airs et des attitudes de dressage dans un équilibre adéquat.Pour çà le cavalier intervient en permanence pour mettre son cheval en équilibre. C’est lui qui gère l’équilibre du cheval, contrôle sa masse et par voie de conséquence le cheval ne prend plus en charge son équilibre, il se déresponsabilise en quelque sorte.Ce que dit si bien l’écuyer François Baucher: « substituer aux forces instinctives des forces transmises ». La finalité étant d’avoir un cheval rassemblé afin de concentrer ses forces, les maîtriser et disposer de sa masse à tout instant, en tous sens et en toute légèreté-agilité permettant ainsi au mieux l’exécution de figures et airs de dressage que l’on connaît : transitions, appuyers , passage etc.Tout ceci par conséquent étant conditionné par l’homme est un équilibre vrai mais artificiel, imposé par le cavalier sans lequel le cheval ne pourrait de lui-même exécuter ces airs et figures ( en liberté il peut bien-sûr passager,piaffer etc). En somme un équilibre adapté à l’équitation de manège.C’est quand le cheval est rassemblé qu’on contrôle le mieux tout : soumission, équilibre, impulsion à la seconde prêt car c’est sa meilleure disposition physique sur le plat pour être prêt à tourner, accélérer, virevolter, s’arrêter, reculer etc.. sauter.Ceci, cette façon de faire en intervenant(c.a.d. interventions du cavalier) est aussi bien valable pour le dressage académique que pour faire un parcours de c.s.o.
Et pourtant! Cet équilibre que l’on cherche à entretenir notamment au petit galop rassemblé est-il absolument nécessaire en dehors du dressage et du parcours d’obstacles?

Observons le cow-boy sur son cheval au pas. Le cheval est loin d’être rassemblé. Il marche en déséquilibre le poids surtout sur les épaules, dos et encolure creux. En une seconde il passe au petit ou grand galop! En une seconde il s’est « recomposé », tous ses muscles tendus, bandés pour jaillir ou virevolter. Autre exemple : le cheval de course dans sa stalle de départ avant que s’ouvrent les portes est à l’arrêt tête en l’air et dès l’ouverture en une seconde il passe de l’attitude en aplomb mais pas rassemblée au rassembler proprement dit ( abaissement des hanches/report du poids sur l’arrière -main/ encolure et tête ramemées /tous les muscles tendus comme un ressort) . Posture obligée pour s’élancer .

Rapidité pour passer d’une attitude « désordonnée », creuse , à une attitude rassemblée. Mieux, nous voyons des chevaux de cow-boys et de gardians virevolter en tous sens, s’arrêter brusquement et repartir aussi vite sans être le moins du monde rassemblés autant que nous voyons les chevaux de tauromachie aussi agiles dans le même genre d’exercices en tous sens au contraire toujours dans un rassembler parfait respectant les canons académiques. Dans les deux cas çà marche parfaitement :rassembler ou pas .Question: Pourquoi? Je n’ai pas la réponse . Ce qui est ainsi prouvé est que cette vélocité agilité et obligatoirement la légèreté ne tiennent pas impérativement au rassembler. Point commun à ces deux façons de procéder avec ou sans rassembler donc académique ou pas c’est une super impulsion, une super souplesse,une super réactivité et une super légèreté,les chevaux se maniant à la plus petite indication des mains ou du poids du corps. Ceci impose de dire une fois encore qu’en équitation tout est relatif . . .même le rassembler.

Alors suite à ces deux exemples théoriquement on aurait donc pas besoin de garder en permanence le cheval dans une allure dite équilibrée voire rassemblée même sur le plat s’il peut en une seconde se rééquilibrer à la moindre indication ;sauf à faire des airs de dressage très rapprochés tel que piaffer-passage comme déjà dit ou entre les obstacles d’un c.s.o.; où les obstacles étant si proches il faut nécessairement garder le cheval au galop rassemblé,tendu comme les rênes par ailleurs . (comme le disait le colonel Danloux : « En concours hippique ;la légèreté à la Loire « ) Conclusion : Relativisons cette permanence de l’équilibre . . .pour les chevaux qui instantanément seront rééquilibrés.

Pour ma part je recherche comme tout cavalier un cheval équilibré et léger par la mise en main voire le rassembler avant tout pour l’avoir bien en mains, disponible pour aller en tous sens lestement, très vite ou lentement,mais aussi pour l’incontournable gymnastique que sont les exercices d’assouplissements et de musculation.
Mais à l’extérieur, en terrain varié, on ne monte pas comme on monte au manège où l’on intervient pour avoir un cheval placé ou rassemblé comme on la vu parce que cette façon de faire d’intervenir sur le cheval notamment pour l’équilibrer est adaptée aux exercices de manège à fortiori aux airs académiques (haute école) mais pas du tout pour l’extérieur, le terrain varié. L’équitation académique est absolument inadaptée à l’équitation d’extérieur et ce serait une erreur totale parce que préjudiciable à l’équilibre du cheval de monter à l’extérieur comme au manège. En terrain varié et d’autant plus accidenté, au sol tortueux,glissant le cheval est confronté à un perpétuel déséquilibre. Face à cela le cheval est le mieux à même pour sentir d’instinct comment se mouvoir, comment retrouver et gérer son équilibre mieux que ne peut le faire son cavalier. Il se prend en charge en somme, c’est lui son meilleur guide. Et pour cela il faut lui laisser l’initiative de ses mouvements par des rênes longues lui permettant de se servir de son encolure comme balancier et à nous juste de pousser. Être néanmoins prêt à une rapide reprise de rênes et mise en mains si le cheval était prêt à fuir au galop ou je ne sais quel écart.

Le dressage de base est nécessaire y compris pour améliorer un cheval axé sur l’extérieur ou le cross grâce à une gymnastique complémentaire ou d’entretien à petite dose et pour affiner sa soumission. Au-delà de cette dose et/ou d’un dressage de base assez simple mais de qualité, cela ne peut être d’aucune utilité pour ce même cheval voire être nocif.Quant à l’équitation académique à fortiori elle ne peut rien apporter au cheval d’extérieur( des citations d’experts un peu plus loin dont François de la Sayette). Monter son cheval à l’extérieur comme on le monte au manège où l’on intervient sur le cheval pour l’équilibrer les rênes plutôt courtes encore une fois serait une erreur totale, parce qu’empêchant le cheval de trouver lui- même son équilibre.Il faut Laisser son instinct s’exprimer. Combien voit-on de chevaux de complet faire de belles reprises et de mauvais cross! Combien de bons cross pour de mauvaise reprises ! et on n’est pas là en équitation académique mais de dressage de base.Par contre le travail à l’extérieur ne peut être que bénéfique et enrichissant pour un cheval de dressage académique (la vie est décidément injuste ) ; déjà pour son moral qui doit en avoir bien besoin, pour le perçant,par l’équilibre acquis par le terrain varié, pour l’impulsion. Une bonne sortie en terrain varié est une excellente séance de gymnastique irremplaçable pour le cheval. Avec le même cheval on peut pratiquer l’équitation de manège voire académique et l’équitation d’extérieur aussi différentes soient elles du moment que l’on s’adapte à chacune et qu’on respecte l’équilibre du cheval.

Points communs à l’équitation académique et l’équitation d’extérieur: Le cavalier s’assure de l’engagement des postérieurs et pousse au besoin.Dans l’une il y a l’équilibre provoqué par le cavalier on la vu,dans l’autre on laisse le cheval dans son équilibre naturel .Enfin dans les deux on recherche la légèreté en descente des mains . Elle se fait d’office à l’extérieur par les rênes longues.

Pour ceux qui connaissent. On peut en simplifiant résumer l’équitation académique depuis les écuyers Pluvinel, La Guerinère jusqu’à Baucher comme étant une entité où le cavalier intervient sans laisser d’initiative au cheval et se pratiquant au manège .Elle n’est pas transposable à l’équitation d’extérieur on la vu. L’équitation d’extérieur défendue par l’écuyer D’Aure est une autre entité. Une manière de monter adaptée à l’équitation d’extérieur, laissant comme on la vu une liberté de mouvements au cheval sans intervenir sur son équilibre naturel

En conclusion. Ces deux formes d’équitation étant différentes, chacune doit être adaptée à ce que l’on fait . A l’extérieur on monte « façon adaptée à l’extérieur » en laissant le cheval s’équilibrer et prendre toute initiative. Équitation naturelle comme on la nomme. Au manège on monte « façon dressage »en équilibrant son cheval par interventions mais sans initiative du cheval. Toutefois ces deux procédés se complètent. Mais autant l’équitation académique et de compétition de dressage ne peuvent rien apporter à l’équitation d’extérieur ou si peu et ne peuvent pas vraiment améliorer un cheval pour l’extérieur mais par contre un cheval de c.s.o.( le travail d’un cheval de c.s.o.se faisant par beaucoup de travail sur le plat = dressage) Autant l’équitation d’extérieur ayant de multiples vertus incomparables ne peut que faire du bien et enrichir le cheval de dressage pur et de compétition de dressage. Enfin il va de soit que pour donner bon moral et joie à un cheval surtout s’il en a besoin ce n’est pas en le travaillant en faisant du dressage mais bien par l’équitation d’extérieur en promenade de « santé » voire une petite galopade suivant son état. Quant à donner du souffle et du perçant que je sache c’est aussi par l’équitation d’extérieur et non pas en faisant des appuyers ou de l’épaule en dedans.

A fin d’étayer et confirmer mes idées voici quelques citations d’experts.

« Frederico Caprilli précurseur de la monte moderne à l’obstacle appréciait l’équitation de haute école comme une chose en soi mais il la combattait parce qu’il avait constaté à quel point elle était nocive pour la masse des chevaux et cavaliers dirigés vers une équitation sportive »dixit le général P. Durand ecuyer en chef du Cadre Noir

De fait voici ce que Caprilli écrit: « A l’extérieur,Je crois qu’on doit tendre à avoir le cheval tel qu’il est dans la nature, avec un équilibre naturel.Il y pourvoit de lui-même quand on lui laisse la liberté. « 

 » l’équitation académique présente des dangers pour le complet  » colonel Challan- Belval

« Équitation académique et équitation sportive divergent totalement et ne peuvent se mener de front sans risques » colonel Challan-Belval

« Que penser de ces chevaux « savants » que le moindre élément imprévu trouble au point de les rendre incontrôlables à l’extérieur et qui sont incapables de franchir un petit tronc d’arbre sans incident » Colonel P. Durand . . . .Cela nous ramène à la championne du monde de dressage Christine Stuckelberger se faisant embarquer au galop en sortant du rectangle,et faisant ainsi plusieurs tours de piste complètement couchée en arrière tirant comme une folle pour essayer d’arrêter son cheval (photo et vidéo à l’appui)

Ce que dit F. de la Sayette dans l’éperon 139 est intéressant: « Ayant eu l’occasion de débuter à la chasse des chevaux qui en bride au manège étaient déjà savants, j’eus des surprises désagréables car certains d’entre eux, soumis et obéissants aux aides dans le manège devenaient ingouvernables à l’extérieur . . comme névrosés ».!!!!!!! Et c’est un connaisseur qui parle. Pour ma part en corolaire à cela, je pense que le dressage à bien entendu ses vertus en plus de sa nécessité dont on ne peut se passer mais plus il est d’un haut niveau d’airs ou d’exercices et répétés à satiété aussi bien faits soient ils plus ça entame le moral du cheval. Ce qui ne peut être le cas par du travail à l’extérieur dans la nature : promenades, cross, sauts et courses. Chassez le naturel il revient au galop . . . de course. Cette saine et bonne équitation que je mets en avant tant pour le bien des chevaux que pour les cavaliers et pour laquelle je milite.

« L’équitation sportive et d’extérieur est une source d’apport direct à l’équitation de dressage « colonel P. Durand

« L’art équestre s’est vu ravalé à l’application de quelques procédés simples, en nombre restreint adaptés à une discipline, le dressage et de surcroît de compétition difficilement transposables aux autres disciplines » colonel P. Durand

« On peut se demander si l’équitation académique donc de dressage même à niveau moyen demeure bien adaptée au service courant d’aujourd’hui: Le sport équestre.Certains chevaux de complet satisfont brillamment aux critères de l’équitation académique sur le rectangle prouvant le lendemain à l’extérieur qu’ils ne sont ni calmes,ni en avant, ni droits » colonel P. Durand

Si ces arguments ne suffisent pas! ! ! !

Patrice Crivelli

S’il est un sujet sur lequel on n’a pas le droit de fermer les yeux dans le dressage du cheval et essentiellement par le biais des compétitions, c’est bien de la souffrance des chevaux. Souffrance physique mais surtout morale. Chose que l’on ne rencontre pas dans les autres disciplines. Je n’ai pas en mémoire le souvenir d’avoir vu un article sur la souffrance des chevaux de c. s. o., de complet ou de horse-ball. Des traumatismes physiques relativement bénins,tendinites, contusions etc. bien sûr mais pas de souffrance morale. Par contre la souffrance morale chez les chevaux de dressage. Souffrance endogène surtout à haut niveau est un fait avéré dont heureusement on parle de plus en plus ( comme du reste on parle enfin de plus en plus de la maltraitance des animaux en général ) dans les médias et des articles tel que celui que je cite là parmi d’autres dans des revues hippiques . »Dressage: LA GRANDE SOUFFRANCE » cheval-mag 454. Je cite quelques extraits: « Sujets aux boiteries, aux dorsalgies ou aux excès d’entrainement. Les chevaux de dressage dépriment. Le vétérinaire allemand Gerd Heuschmann dénonce dans son livre « DRESSAGE MODERNE,UN JEU DE MASSACRE » aux éditions BELIN le jeu de massacre qui se déroule sur les rectangles de dressage . Un cri d’alarme salutaire. Cela rejoint étrangement ce qu’écrit Phlippe Karl dans son livre « DERIVES DU DRESSAGE MODERNE »aussi aux éditions BELIN. C’est très intéressant et très pertinent .Pour le vétérinaire allemand lui-même cavalier: « La plupart des cavaliers imaginent que le cheval qui essaie de se soustraire à cette position de ramener contraignante fait acte de résistance et d’insubordination alors qu’il ressent de la fatigue au niveau de la nuque ». Ou encore : » les chevaux sont trop comprimés et mis dans un moule. En résultent une musculature incorrecte et des signes de tension physique et psychique qui peuvent entraîner irrégularité et boiteries. Les juges devraient savoir reconnaitre les allures naturelles et les allures artificielles obtenues par la contrainte. A eux de récompenser les cavaliers qui présentent un cheval décontracté, souple et heureux et sanctionner ceux qui montent un cheval crispé,figé et en souffrance » .

De fait, observant ce que font beaucoup de cavaliers de dressage « à la maison » donc à l’entrainement ,même si le travail de leurs chevaux est juste. Je suis consterné de voir à quel point ils ne savent pas doser les efforts et la fatigue de leurs pauvres chevaux et mesurer le degré de tension nerveuse qu’ils leur infligent .Quand je vois ces chevaux rassemblés et sous pression,les muscles tendus faire tous leurs exercices et assouplissements je comprends cette nécessité inhérente au dressage c’est à dire le travail rassemblé. Mais ce que je reproche c’est l’excès. Un peu de ce travail essentiellement concentré oui c’est nécessaire et bénéfique mais de là à faire des kilomètres d’appuyers,de galop hyper rassemblé,de passage etc. .le cheval souvent en sueur complètement stressé, l’œil hagard, sous prétexte de peaufiner le travail, de parfaire,sans le laisser s’étirer, souffler et décompresser quelques instants ou si peu avant de remettre çà. Pas de pose, pas ou peu d’étirements, c’est affligeant. Ces « écuyers » sont  » dans leur bulle » concentrés ce qui est normal et recherchent la perfection ce qui est normal ( quoi que?) mais en oubliant la pose urgente alors que le cheval qu’on veut assouplir fini par s’épuiser et se raidir. A vouloir trop bien faire,on fait mal et on fait souffrir le cheval.Il souffre en silence résigné, blasé. Cela m’insupporte car c’est indigne de ne pas se rendre compte de la souffrance infligée à ces pauvres animaux sans parler de l’effet contre- productif et des conséquences désastreuses que çà fait sur leur physique et leur moral .En fait d’assouplir le cheval çà l’épuise et le tétanise, lui fait perdre son perçant, toute légèreté et le stesse . . .En un mot çà l’abruti, alors que ces cavaliers devraient travailler à le décontracter et lui donner du cœur à l’ouvrage. Abrutis,sclérosés et saturés par ces excès d’exercices de « dressage » qui soit dit en passant ne prouvent en rien concrètement que le cheval est bien soumis ,en équilibre et léger comme je pense l’avoir assez exposé dans la partie « Les concours de dressage: un non-sens ». Ces pauvres chevaux mécanisés à outrance , ne se livrant pas d’eux même avec légèreté en perdent leur latin et leur fonctionnement mécanique naturel comme par exemple un beau et bon pas franc tel que ce cheval d’un écuyer de l’ ENE sortant son cheval du boxe ou à peine monté dessus le cheval marchait au pas d’école alors que « l’écuyer » essayait bien-sûr de le faire marcher normalement dans un pas ordinaire mais n’y arrivait pas; le cheval étant sur-conditionné aux airs d’école qui ne sont évidemment pas à mettre en cause. Un léger extrait d’un article dans » Plaisirs Équestres » de Charles de Kunffy: »….Il n’y pas de programme de travail qui ne soit aussi répétitif que celui d’un cheval de dressage .Il devient donc blasé plus tôt que n’importe quel autre cheval de compétition. La considération, le succès conduisent le dresseur à travailler sans relâche. Pourtant, le cheval ne partage pas nécessairement les infatigables aspirations de son cavalier. Le cheval qui est écœuré du manège ne s’arrête pas seulement de faire des progrès mais commence à régresser. Le cavalier dont les représailles à ce comportement sont de punir le cheval en le faisant travailler encore plus,ne fait qu’aggraver une situation déjà très mauvaise.J’ai un jour demandé à un célèbre cavalier de dressage comment il faisait pour avoir des chevaux se présentant sur un rectangle dans une forme aussi bouillonnante. Il répondit par un seul mot:  » variété ». Voilà encore le constat d’un expert étayant mes propos.

Des vétérinaires équins disent que les chevaux de dressage vivraient en moyenne moins longtemps que les autres.Et je cite toujours le même vétérinaire:  » Ce qui frappe, c’est leur regard triste, vide, parfois désespéré. La nuque cassée, la bouche ballonnée, ils ne peuvent pas protester. Les moins timides fouaillent de la queue ou grincent des dents.Les autres encaissent, résignés. Même au plus haut niveau les chevaux de grand-prix piaffent en hochant la tête avec un dos figé.Et les juges récompensent la plus grande amplitude ou le trot le plus spectaculaire même s’ils sont obtenus par la contrainte. « Il n’y a pas que la douleur physique qui peut rendre les chevaux malheureux mais aussi la souffrance morale par des techniques d’équitation rapides, des excès d’exercices le cheval concentré et souvent en sueur. »écrit Charles de Kurffy dans « Plaisirs Équestres » . Et ceci de G.Wyterslooth : »Que voyons nous dans certains paddocks éloignés du public. Des »beireter » qui travaillent les chevaux pendant deux heures avant l’entrée en piste.On répète les changements de pieds, le passage, les appuyers, les pirouettes, les reculers, le tout pèle mêle sans interruption. Pas une minute de pas pour laisser souffler le cheval ! Est-il indispensable de les abrutir de cette façon? . Laurent Elias champion de France de c.s.o que je connais pour avoir été avec lui élève au Centre Zootechnique de Rambouillet me disait qu’avant de faire le grand prix de Biarritz et de le remporter il a fait monter son palefrenier sur son cheval Guénour pendant une heure en promenade sur la plage avant de le reprendre pour une légère mise au point . La sagesse qui parle. Avant lui, un certain colonel Jousseaume médaillé d’or de dressage aux J.O. de Londres en 1948 avec Harpagon emmenait tous les deux jours son cheval en longues promenades et allait passer parfois le steeple de Lamorlaye.(l’eperon No 102). Enfin je cite le juge international de dressage et vétérinaire le Dr Roland Delvolz à ce propos: « Lorsque j’ai l’occasion d’assister aux détentes, je n’ai pas l’impression que les gens du dressage ont une méthodologie intellectuelle et technique qui leur permette de préparer leurs chevaux pour la présentation ». Tout le contraire de ce que j’ai vu et constaté chez les entraineurs de chevaux de courses . Des pros . . . de vrais pros. Je décris ceci en quelques mots un peu plus loin . . .des pros.; des vrais.

Pour ma part lorsque j’étais stagiaire au Service Vétérinaire de Saumur j’ai vu un nombre considérable de chevaux de dressage atteints, blessés par le dressage, je dis bien par le dressage. Par exemple au niveau de l’articulation du pied et de la » bride de l’aponévrose plantaire », des nécroses, des inflammations. Comment? Et bien par les » appuyers », voire les » épaules en dedans »au niveau des antérieurs. Ces exercices tant pratiqués faisant mouvoir les membres non pas dans leur fonction naturelle qui est d’avancer et reculer droit devant dans leur axe mais là, agissant latéralement par abductions et adductions. Mis à part l’assouplissement des muscles des épaules, des hanches et des pectoraux les appuyers agissent de très mauvaise façon sur ces parties décrites particulièrement au boulet et de l’os du pied qui travaillent à faux et tiraillent sur les tendons et fibres des aponévroses allant jusqu’à des teno- synovites du boulet ce qui est très grave avec risques d’usure et de boiterie. J’ai pu voir et constater celà avec les vétérinaires. Des blessures qui bien entendu nécessitent des soins et de la kiné. Cela confirme ce que je pensais déjà: un peu d’appuyers et de préférence au pas car c’est plus efficient qu’au trot oui mais vraiment peu et terminer en  » remettant de l’ordre dans la maison », je veux dire par là les tendons et ligaments par un bon pas franc et allongé. Je passe sur les problèmes de dos et de cervicales, dorsalgies, névralgies encore une fois causés par le dressage mal fait et les excès de « gratouille ». Oui j’ai vu ça à Saumur au Service Vétérinaire. Et comme par hasard çà rejoint ce qu’a écrit le vétérinaire équin Gerd Heuschmann: » Une grande partie des chevaux de dressage qui atterrissent dans nos cliniques sont là parce-qu’ils sont mal montés,mal entrainés ». Alors que le dressage est censé améliorer le cheval dans sa soumission mais aussi sur le plan physique puisque c’est aussi une gymnastique . . . douce de surcroît; s’il est bien une activité qui ne devrait pas porter atteinte au corps mais lui faire du bien c’est le dressage, on est d’accord.Et pourtant!. . . . . . S’il y a mal c’est donc qu’il y a maldonne. Dressage mal fait, ou abusif ou encore d’exercices contre nature comme cet exemple cité par l’excès d’appuyers . Cela devrait faire réfléchir et ouvrir l’esprit car sauf si on est de mauvaise foi avec une malhonnêteté intellectuelle parce que çà dérange forcement nos habitudes; ou si on n’est pas homme de cheval, il y a une sérieuse remise en question du bien- fondé de ce qu’on croit être jusque là de bons exercices .Ils font du bien d’un côté pour assouplir ,muscler et améliorer la soumission et d’un autre ils portent atteinte à l’organisme. En conclusion :Tous ces exercices , figures et airs de « dressage » on peut en faire oui bien-sûr mais à consommer avec modération et correctement, coupés de très fréquentes poses les rênes longues au pas ou à l’arrêt, ou de remises en avant par quelques foulées très allongées,de caresses et autres encouragements vocaux comme Jean d’Orgeix l’explique si bien et surtout compléter par beaucoup « d’extérieur ».(Oui messieurs les écuyers et ne vous en déplaisent d’Orgeix vrai homme de cheval est exemplaire du point de vue entrainement et savoir faire pour le bon dosage de l’effort à demander ainsi que pour donner un bon moral aux chevaux.C’est un fin psychologue.Ce n’est pas J.M. Donard écuyer du Cadre Noir mais aussi cavalier de c.s.o. dont d’Orgeix était le patron qui vous dira le contraire). Mais personnellement ce qui me dérange le plus c’est comme la dit ce vétérinaire et que moi-même j’ai pu constater à Chantilly et Pompadour en assistant à des concours de dressage de haut niveau. C’est ce regard triste,éteint de ces magnifiques chevaux, particulièrement quand j’étais les voir dans leurs boxes. Pas un ou deux, tous, je dis bien tous avaient un air de chiens battus!. des yeux qui en disent long sur ce qu’ils doivent endurer. Ça c’est clair et net . . . n’en déplaisent à certains et pas besoin d’être un expert pour se rendre compte que ces chevaux frôlent la neurasthénie. Regardez les chevaux de cirque donc de dressage. Les voyez vous tristes, éteints, ternes ? Non , ils sont fringants et vif-argent. Ça en dit long. Jamais je n’ai vu cette tristesse dans les yeux des chevaux de courses dont on pourrait penser qu’avec ce qu’ils font et leur mode de vie ils devraient être tristes, mornes, l’air abattu. Non, rien de cela, tout le contraire . Des chevaux éveillés, vifs,fringants et pour beaucoup plaisantins comme l’était mon cheval Allinton ,pur sang lui aussi. Il faut dire que les entraineurs sont des vrais « pros »qui connaissent leurs chevaux et les respectent j’en témoigne.Ils « sentent » les chevaux, ils ont un sens ou une science du bon et juste dosage en tout et adapté à chaque cheval : durée , intensité, distances adaptée de galop, récupération active ou pas, alimentation etc .etc .sachant exactement le pourquoi du comment. Ils ont un savoir extraordinaire concernant la progression du travail, la juste dose de l’effort à fournir pour chaque cheval, le juste repos et vous disent pourquoi . J’ai beaucoup appris par eux et je pense que nos écuyers et plus particulièrement nos compétiteurs de dressage auraient beaucoup à apprendre sur le dosage du travail de leurs chevaux, leur psychologie, leur mise en forme physique et morale .

Patrice Crivelli

Des disciplines équestres classiques c’est le cross-country que je préfère. Que ce soit le cross en compétition c’est à dire le concours complet ou d’une compétition de cross pur sans les épreuves de dressage et de c.s. o. comme cela existe dans l’Ouest de la France.Ou sous d’autres formes : chasse à courre, chasse au renard, point to point , cross-conduit ou simplement le cross que l’on peut faire tout seul, librement lord d’une promenade »sportive »à cheval pour le plaisir pur.

Je garde un excellent souvenir de tout cela .De tout ce que cela m’a apporté de joie, de plaisir, de vécu, d’émotions,d’expérience équestre, d’un certain enrichissement personnel et je crois pouvoir dire de bonheur.

J’ai en souvenir les premiers concours complets( 1è et 2è séries à l’époque) que j’ai fait dans le Centre et l’Ouest en Anjou et en Vendée à Corné,Baugé, Melay,Vern d’Anjou où je sentais monter en moi cette passion et que là, je suis vraiment dans mon élément d’autant que ça se passait vraiment bien. J’étais toujours en pleine forme avec la chance d’être doté d’une bonne santé et pourvu au minimum d’un honnête cheval et d’une bonne préparation. Le complet d’Ancenis en Vendée reste sans doute mon meilleur souvenir de cette période heureuse et existante du début, de mes « classes » en complet. Par après j’ai participé à d’autres concours complets d’un niveau plus élevé (3è puis 4è séries.Il y avait alors 6 séries. La 6è étant la pré-olymppique).La concurrence était forcement plus élevée. Certains cavaliers se consacraient entièrement à cela avec de bons chevaux. C’était au Mans dans la Sarthe, à Angers, Saumur, St Maixant ou encore en Île de France à Rambouillet où là ce n’était rien qu’à travers la forêt, à Coye la Forêt aussi, avec les chevaux Ugolin, Allinton,Orifan. Que des pur-sang. Nous faisions toujours de bons  » chronos » et ces chevaux terminaient sans sueur, juste les veines gonflées. Orifan aurait pu repartir pour un tour.Je montais en cross en col roulé blanc ou marine ou bleu roi et toujours ma toque blanche sur le casque que j’ai encore.Les chevaux en simple mors ou chantilly sauf pour ce diable d’Orifan en releveur.

Craon en Mayenne reste le plus gros et le plus beau complet auquel j’ai participé. Une 4è série. Soit 4200 mètres et une vingtaine d’obstacles des plus naturels,quelques uns assez sévères mais francs comme le contre-haut suivit à 4m d’un fardier en photo dans  » mon parcours » . Un complet réputé comme les courses de Craon en septembre.Une organisation parfaite,une ambiance unique.Une concurrence d’un bon niveau à ce stade dont quelques pointures du moment avec les Dominique Bentéjac, Jean-Yves Touzain,André Le goupil et d’autres. Un cross a se régaler. Très « nature », vrai, authentique comme je les aime avec fossés genre grenouillère avec des roseaux, barrière de champs rustique, contre-bas, bergerie etc. Le tout dans un cadre des plus champêtre de la France profonde et rurale avec autant de prairies plates que de dénivelés et passages en sous-bois. La fameuse rivière « Oudon » d’une douzaine de mètres de large bordée d’iris jaunes et de nénuphars épars flottant sur cette eau atteignant le poitrail des chevaux était sinon le juge de paix du moins l’obstacle le plus attractif attirant les spectateurs car à Craon il y avait beaucoup de spectateurs et parmi ceux -ci des éleveurs,des paysans,des connaisseurs. Je revois la foule sur la rive d’en face autour du vieux lavoir attendant de voir venir le cavalier sur son cheval au galop et sa traversée aquatique dont l’abord reste toujours un instant de suspens pour les spectateurs et parfois d’appréhention pour le cavalier. Je dois dire que c’est grisant surtout quand on a totalement confiance en son cheval et que comme moi on concoure d’abord pour le plaisir. Certes avec cette envie d’être le mieux classé mais d’abord pour les émotions, le plaisir et la satisfaction d’avoir fait un bon entrainement en amont. Et là, qu’elle exitation déjà lorsqu’on s’approchait au galop de ce passage à gué. Mais en plus avec cette petite foule sur l’autre rive ainsi que de voir et entendre tout à côté un groupe de sonneurs de trompes de chasse en tuniques rouges écarlates sonner je ne sais quel air de venerie! C’est merveilleux, jubilatoir. Des moments inoubliables. Ça c’était le complet de Craon! C’était il y a quelques décennies déjà.

Les cross actuels de concours complet

Les cross actuels n’ont plus rien à voir et ont perdu leur caractère authentique, rustique,rude. J’entendais il y a quelques temps un cavalier de complet dire qu’ils ont perdus leur âme! Il y a sûrement du vrai. Moi je dirais plutôt qu’ils ont perdu leur esprit en se dénaturant. Ca ne va pas faire plaisir aux concepteurs d’obstacles de cross qui se donnent du mal pour nous offrir de magnifiques obstacles très bien faits et décorés de fleurs. Mais désormais on galope quasiment sur du gazon avec en guise de dénivelé que des ondulations très douces et coulantes. Finie la grande pente d’une dizaine de mètres précédant le gué de Fontainebleau profond de 50cm qui je crois n’a jamais tué de chevaux. Elle semblerait aujourd’hui une hérésie même dans les plus grosses épreuves alors que rien de plus naturel . C’est ce qu’on appelle le progrès! L ‘obsession de la sécurité que j’ai moi aussi n’oblige pas de pousser jusque là. Les cross sont propres,nets, »clean »mais aseptisés et sophistiqués, sans aucune rusticité, ce que j’appelle par ce néologisme « artificialisés ». Le colonel B Chevalier médaillé d’or de complet aux JO de Londres en 1948 écrivait ceci il y a quelques années:  » les cross s’apparentent désormais plus au gymkhana »!!! Personnellement je préfère franchir une haie façon bull-finch hirsute qu’une araignée géante en bois verni- polissé; sauter un vieux portillon de jardin potager plutôt qu’un « directionnel »pointu surmonté d’une petite haie taillée au cordeau et entourée de géraniums si ce n’est d’une publicité commerciale . . .dans l’esprit du temps . . . plus que dans l’esprit du cross et du concours complet. Affaire de goût.

SUGGESTIONS

Juste une petite parenthèse. Ayons l’honnêté de reconnaitre que cette épreuve qui reste la discipline reine à laquelle j’adhère totalement se nommant complet est à relativiser. Pour avoir vraiment l’appellation de « complet »il faudrait dans l’absolu comme c’est le cas en athlétisme avec le décathlon y ajouter d’autres épreuves : trec, saut en hauteur, en longueur, vitesse sur le plat, dressage libre par exemple.Les choses étant ce quelles sont, le complet étant ce qu’il est; soit on le prend comme il est. Mais c’était » juste pour dire » et relativiser. Parenthèse refermée.

Cela étant, si je devais suggérer quelques idées concernant le cross Je dirais que je suis pour maintenir ce qui est mais aussi innover comme je l’ai proposé aussi pour les reprises de dressage afin de ne pas brusquer et être conciliant .Laisser le choix pour les organisateurs entre garder des cross tel qu’ils sont actuellement ou les faire dans un autre style authentique voire un panachage à égalité de difficultés et bien-sûr de sécurité. On parle de diversité et bien allons y en proposant le choix entre deux styles de cross .Pour simplifier : les « modernes » ou les « anciens, purs,rustiques, à l’authentique  » . . . peut-être en concurrence mais sans guerre entre eux. Je suggérerais donc d’innover et offrir un choix et non pas imposer un style de cross à la mode que l’on voit à tous niveau et qui parce qu’officiel serait la vérité qu’on n’a pas le droit de remettre en question comme dans d’autres domaines de la vie. Ainsi serait il bien venu me semblait il par exemple de mettre moins d’obstacles à sauter mais dans la mesure du possible plus de passages de terrain dénivelé types descentes,ravines ou coffins naturels, sablières, vallons, petites montagnes russes. Le franchissement d’une barrière puis la reprendre en sens inverse après un demi-tour!voilà une innovation où se joue serré le chrono. Une belle occasion concrète de faire une demie pirouette mais la vraie, façon western en une fois. Prouvant ainsi que l’équitation classique permet de faire aussi bien que l’équitation western! .Pourquoi pas un passage de branchages et plusieurs petits troncs comme on peut le voir en forêt et si possible entre quelques arbres pendant qu’on y est,obligeant à passer au trot ou à faire de multiples petits bons avec agilité comme des sauts de puces .Là on est dans la réalité de la vie ,de la nature, bref dans du vrai cross où les contrats de foulées feraient rire car impossibles. Pourquoi pas un slalom entre des petits sapins? ça permettrait aux plus agiles de se rattraper au besoin. Pourquoi ne pas introduire certains passages tel qu’une chicane ou potagère comme au trec dans le but de faire passer au pas et ainsi laisser les chevaux souffler un peu ?. Ou carrément à mi parcours un passage obligé au pas de tel fanion à tel fanion sur disons 50 ou 80m? Cela romprait évidemment le rythme régulier voir linéaire du galop ,mettrait d’avantage en éveil cheval et cavalier comme en chasse à courre .Quelques idées simples qui me semblent pas révolutionnaires mais un retour aux sources du cross. Ça romprait l’uniformité des parcours et ouvrirait l’esprit des cavaliers de complet trop formatés et conditionnés par ce style artificiel des cross actuels qu’on nous impose officiellement . C’est sûr que les cavaliers seraient déroutés au début et sûrement rebelles parce qu’on modifie leurs habitudes mais très rapidement ils seraient obligés de s’adapter pour à terme se rendre compte du bien-fondé de ces innovations que je suggère mais dont je n’attends rien . J’ai pu le constater avec une élève montant pourtant en complet et que j’accompagnais en promenade.Elle était un peu déroutée face à quelques descentes en forêt au pas ou quelques passages de branchages toujours au pas! et d’un petit gué dépassant les 15 ou 20 cm règlementaires! . . . à la limite de me faire passer pour quelqu’un ne respectant pas les chevaux et être un peu casse-cou! . Ce que je ne suis pas. Ce n’est qu’après que cette élève se rendant à l’évidence de l’innocence de ces éléments naturels se convertie si je puis dire au bienfait de l’équitation d’extérieur; cette saine équitation que je défends.Les pendules furent donc remises à l’heure. Mais, et là j’ouvre une parenthèse, voilà la réalité de ce que cette artificialisation des cross peut engendrer de nocif.Un état d’esprit nouveau. Une fragilisation des cavaliers ; l’opposé d’un certain ragaillardissement ,une vertu de l’équitation et normalement du complet. Ceci conjointement aux excès et dérives constatés via la formation des élèves quant aux soins des chevaux qui ,voulant leur faire du bien les fragilisent : douches à tout va,embrocations systématiques ,gels,bandes de repos, couvertures à gogo sans discernement.Ou encore cette manie d’enlever la bonne terre fraîche dans les sabots après une sortie alors que la laisser 24 heurs fait le plus grand bien à la sole. Mais ceci est une autre histoire.

LE CROSS VIA LA CHASSE A COURRE

Lorsqu’on suit une chasse à courre c’est à dire la vènerie française comme j’ai eu la chance d’en suivre à cheval une douzaine dans le Poitou et le Berry avec l’équipage du « Haut-Poitou ». Chasses au cerf.Là,on fait du vrai cross. Passages en tous terrains,chemins boueux au pas ou au trot, sol pierreux ou sablonneux, à travers fougères et bruyères, passages de chemins forestiers avec fossés,branchages et troncs, passages de routes avec contre-haut, contre-bas, débuchés (traversée de clairières). Au départ de la chasse, après une bonne mise en jambes au pas; l’ensemble des cavaliers suiveurs comme moi en veste noire culotte blanche et cravate de chasse de rigueur est regroupé au trot derrière l’équipage et les sonneurs c’est à dire les veneurs en tenue ( verte à parements beige ventre de biche et dorures pour le »Haut- Poitou ») qui suivent la meute de chiens aux ordres du ou des piqueux et du master. Cela forme un long cortège de cavaliers tel une petite horde avant de s’éparpiller et de se retrouver en fin de chasse avant la tombée de la nuit pour la curée où on a droit à un concert de trompes en deux groupes se répondant d’airs de vènerie  » la Dampierre », « le daim », » « le débuché », « la calèche des dames  » etc. . . et bien-sûr  » les « honneurs du pied ». Le son d’une trompe de chasse est de mon point de vue au mieux lorsqu’il y à de l’écho.Lors de la curée c’est vibrant mais ça n’a pas la violente et splendide percussion qu’il y a dans une église par son acoustique lors d’une messe de Saint Hubert où là ça vous donne des frissons. Suivant les chasses cela varie de 25 à 50 cavaliers d’après ce que j’ai pu constater, voire jusqu’à plus de 10O à la Saint Hubert ou lorsqu’un autre équipage est invité. De là, une fois parti au trot; un trot énergique bien frappé c’est un spectacle éxcitant.Le bruit des sabots frappant le sol,les aboiement de la quarantaine de chiens, l’énergie qui se dégage de ces chevaux ;pour beaucoup de solides trotteurs bien charpentés, aguerris et aux pieds sûrs pouvant passer partout. Les sonneries au milieu de ces immenses allées forestières.Parfois une charge au « galop de chasse »à cors et à cris si le cerf est en vue. On comprend que ce « décorum » ait inspiré tant de peintres. Tout cela participe à une ambiance merveilleuse et des sensations jouissives surtout lorsqu’on traverse les futaies et abordons les chemins boueux mais pas collant ne tirant pas sur les tendons des chevaux je vous rassure. En groupe étiré au trot gaillard ou petit galop où pour ma part, juché sur un puissant trotteur nommé » Diplomate « ( en photo dans « mon parcours ») celà me donnait l’impression d’être une plume sur un buldozer.

Passages de routes forestières avec fossés ou contre-hauts. Beaucoup de boue et parfois des ruisseaux débordant; c’est normal on est en hiver mais peu importe on passe. La culotte blanche se maculant rapidement de boue, le visage fouetté par la froideur de l’hiver et devant nous ces multiples petits fossés en tous sens ou des branchages éparts que l’on a à peine le temps de voir, obligeant vite à se rééquilibrer sans quoi la chute n’est pas loin. De rares chutes mais parfois çà arrive. Je n’ai pas échappé à une bonne gamelle lors d’une chasse avec le cheval que je montais qui, glissant s’étala de tout son corps dans un fossé.Là, on rentre dans le vif du sujet . . . le cross; le vrai dans tout le sens du terme et ce n’est que le début. A la chasse à courre l’improvisation est de mise loin des contrats de foulées.Il faut s’adapter; rien de tel pour apprendre au cheval à se débrouiller. C’est une excellente école. Une équitation vigoureuse, tonifiante, hardie mettant en avant chevaux et cavaliers. Autant exaltante que formatrice.Rien de tel pour les chevaux nerveux ou anxieux, ils se calment et manifestement ils deviennent sereins. Les éventuels mous sont remis en avant; les délicats s’aguerrissent. Contrairement à ce qu’on pourrait penser ce n’est pas que du galop loin de là. Certes il y a de l’action sur une durée pouvant aller jusqu’à 10 heures mais c’est beaucoup de pas, du trot allongé, un petit peu de galop de « chasse » et beaucoup beaucoup d’attentes à l’arrêt à  » l’écoute »dans le silence. Les chevaux sont entrainés à cela. Si comme les cavaliers ils ressentent une fatigue,c’est d’une bonne fatigue et non pas d’un épuisement qui proviendrait d’un manque d’entrainement. Rien de tel comme entrainement pour les chevaux et les cavaliers de complet.Ce dont ne se privent pas les anglais et les irlandais .Après la chasse et les dernières sonneries de trompe avant le crépuscule, les chevaux sont embarqués en camions et vans pour retrouver l’écurie et les soins; puis direction le club-house, nouveau point de ralliement qui généralement se trouve au chenil et aux écuries. Le lieu de « l’établissement » de l’équipage en lisière de forêt où habitent aussi les piqueux, valets de chiens, palefreniers et gardes forestiers. Parfois c’est dans une auberge forestière où pareillement les bonnes habitudes d’abreuvage en pastis, bière et autre kir ne se perdent pas après la journée de chasse .Souvent s’en suit un bon repas ou chacun y va d’évoquer sa passion de la vènerie et manifeste son goût du Bordeaux.Les veneurs sont des passionnés et de bons vivants comme les cavaliers. Tiennent ils ça de Saint Hubert et de Saint Georges leur patron? Dieu seul le sait.

LE CROSS VIA LA CHASSE AU RENARD

En Alsace des regroupements de cavaliers organisaient à une époque des simulacres de chasses au renard comme en Angleterre ( le fox-hunting) mais avec un leurre. Influence de nos voisins suisses et allemands ferus de cela. Le renard étant un cavalier confirmé vètu d’une veste rouge avec une queue de renard fixée à son épaule. Les cavaliers en tenue de concours l’ayant laissé filer quelques temps cherchent à le rejoindre. Le « renard » se signale quand il veut au son de sa pibolle et des cris ,d’où » A cors et à cris »! En somme c’est une course poursuite , une galopade en groupe dans la plaine et assurément du cross sur un parcours plus ou moins prévu à l’avance parsemé d’obstacles faciles et entrecoupés d’une »pose whisky »pour les vieux briscards,de « pose coca » pour les addicts de Coca-Cola et se terminant par un bon repas . . . chasseur évidemment ;arrosé comme il se doit d’un bon vin d’Alsace four finir avec du schnaps . La bonne vie de cavaliers dans une ambiance Joyeuse,chaleureuse et conviviale. Et pour la petite histoire, je me souviens d’un cavalier alsacien très sympa, genre petit paysan qui après avoir passé une légère butte qu’ il redoutait un peu, me rejoingnant au petit galop me dit avec son fort accent « Yo ch’ai passé sur la petite pute, yo z’était pas zi tur; il faut chuste pousser au tébut et après za fa dou zeul.Yo maitenant za fa mieux , che saurait pour la prochaine fois ». Succulent! j’adore entendre çà. Voilà donc encore une bonne équitation motivante et distrayante à laquelle j’ai participé malheureusement qu’une fois. Il est regrettable qu’à une exception dans le Bas-Rhin, les centres équestres ne proposent plus cette activité festive où il y a beaucoup à gagner y compris pour le trésorier .

LE CROSS -CONDUIT

Lorsque je préparais le Monitorat à Dijon chez Gilbert L’écrivain; ce dernier nous emmenait, nous ses élèves à cheval au galop derrière lui en file indienne et parcourions ainsi à bonnes intervalles un circuit sinueux, parfois valonné. Ce qu’on appelle « Cross-conduit ». Ça aussi c’est plaisant et avec de l’émulation surtout si à la fin on fait un petit sprint. Ça l’est moins lorsqu’on fit une fois ce cross-conduit sans étriers! Mais cela me donna des idées par après lorsque j’étais moniteur en Anjou à Longué. Les dimanches matins j’avais instauré une séance de 2 heures à cheval à l’extérieur. Panachage de mise en selle d’abord puis un peu de dressage suivit d’une promenade se terminant par un cross-conduit les cavaliers derrière moi au petit galop en suspension sur les étriers à travers la ravissante campagne environnante. Des moments très heureux, les cavaliers ravis et les chevaux en pleine forme.

« CROSS D’AUTOMNE » ET « CROSS DE LA SAINT GEORGES »

De façon informelle ou non officielle c’est à dire affranchie de toute demande aux administrations et aimant des activités sortant des sentiers battus; certaines sociétés hippiques de l’Ouest,région propice au cross et des associations de propriétaires dynamiques organisaient je m’en souvient des épreuves uniquement de cross, sans dressage ni saut d’obstacles. je me souvient que les haras voyaient cette initiative d’un très bon œil et dixit un responsable que je connaissait un peu l’encourageait.Il s’agissait donc d’un simple cross de niveau moyen auquel il m’est arrivé de participer. Du fait que ce n’est pas officiel ça donne un ton très décontracté car c’est alors pour le plaisir pur et manifestement ça enlevait tout trac aux anxieux .L’esprit de gagne peut être là sans ce côté sérieux des compétitions officielles où on ne s’amuse pas vraiment. là,c’est bon enfant,simple sans snobisme dans une bonne ambiance et je dirais une saine mentalité attirant beaucoup de cavaliers qui n’ayant pas les moyens de monter en complet et qui sont répartis par niveau équestre .

J’ai donc participé à deux cross de ce genre . L’un; un cross dit « d’automne » en octobre. Cross assez facile et très galopant dans un joli cadre champêtre non loin de Longué sur un terrain un peu trop plat avec des passages entre vergers, prairies et bosquets verdoyants entrecoupés de jachères .Un cross que j’ai remporté haut la main dans ma catégorie avec Ugolin, un pur sang que je sortais autant en complet qu’en C.S.O. et aussi bon dans ces deux disciplines Nous étions très en forme et la griserie aidant j’avais le pressentiment de gagner. Péché d’orgueil et présomption récompensés par un parcours ou je n’ai pensé qu’à foncer,nous mettant de fait dans le meilleur temps avec un trophée en récompense. Ce qui n’est pas ma façon de faire en concours complet officiel où je privilégie l’équilibre sur la vitesse; mais là vous l’avez saisi, tout le monde s’amusait .Je retrouvais des collègues avec qui on passait de bons moments et ne manquions pas  » le coup de l’étrier »: une bière fraîche qui fait du bien pour étancher la soif. De ce « cross d’automne » j’ai encore en mémoire ce grand cheval noir qui m’avait subjugué par sa beauté et sa prestance et bien monté par son cavalier. L’autre cross à Thouarcé et toujours dans le Maine et Loire en Anjou organisé par un club hippique du coin en avril pour la Saint Georges patron des cavaliers avec toujours cette même ambiance festive et sympathique qui attire beaucoup de monde lors de ce sympathique » cross de la St Georges » avec les quelques autres animations équestres à côté ,là, dans ce cadre pittoresque plein de cachet avec au loin un petit château que l’on apercevait entouré de prairies et d’arbres. Deux chevaux montés quasiment au pied-levé, ce que je n’aime pas du tout faire. Deux classements avec eux et le cheval Orifan classé 3è dans sa catégorie sur 28 partants.Là encore une super ambiance partagée par tout le monde et tous ces bénévoles qui n’auraient surtout pas voulus manquer de participer activement à cet évènement. Ces organisateurs donnaient l’impression d’être une grande famille. Il était agréable de voir ce mélange harmonieux de gens de la campagne dont des éleveurs de chevaux avec les bourgeois élégants,quelques hobereaux du coin et tous les autres , cavaliers et spectateurs; tous passionnés de chevaux. Pas mal de jolies filles ne passant pas inaperçues dont la gagnante de ce cross, une certaine Hélène de …qui eut droit je m’en souviens bien à une petite ovation à la remise des prix et un beau cheval en bronze. Une atmosphère qui met le cœur à la joie dans un esprit radicalement opposé de ce qu’on ressent dans les C.S.O. Nous montions en veste de concours, je ne sais pourquoi,une tradition peut-être. Après la bénédiction du prêtre et un petit mot sur Saint George monté sur son cheval et vainqueur du démon s’en suivit un vin d’honneur puis le cross .Un cross très nature dont un obstacle justement on ne peut plus naturel et pourtant insolite par un grand arbre déraciné étendu de tout son long sur l’herbe d’une prairie à vaches que l’on sautait deux fois en son milieu, causant étrangement quelques petits problèmes.Durant l’épreuve de cross un concurrent fit son parcours avec son chien. Un setter anglais l’accompagnant et courant à tout va devant lui puis derrière en aller-retours incessants en grandes enjambées; c’était un spectacle amusant. Un autre concurrent membre d’un équipage de chasse à courre du coin fit son cross en tenue de vènerie la trompe autour du cou et de l’épaule terminant au galop debout sur les étriers en sonnant, ça avait de la gueule,du panache.Et comme il se doit tout celà se terminant par un pot offert par le club et par l’inévitable cri collégial de . . . »A NOS CHEVAUX ET PAR SAINT GEORGES VIVE LA CAVALERIE »

LE POINT TO POINT

A défaut d’être monté en steeple-chase,j’ai monté en point to point. Le point to point est une course pour amateurs sur des chevaux en principes autres que des pur-sang. Formule qui nous vient d’Angleterre réservée aux chevaux de chasse, les fameux hunters ainsi qu’à tous cavaliers d’un certain niveau où bien-sûr abondent les cavaliers de complet. Si ce n’est pas du coss pur çà s’en apparente. Ce sont des courses qui ne se courent pas sur en pleine campagne où il faut galoper librement comme son l’indique « de point à point » avec quelques haies ou autres obstacles assez sommaires aménagés pour la journée sans des lisses blanches entourant la piste, laissant ainsi la possibilité d’aller au plus court ou au plus éloigné suivant le terrain et l’itinéraire qu’on choisi. La distance était de 3000 m et avec 8 chevaux maximum par course. C’est très plaisant et attractif pour ceux qui aiment l’action sans les risques du steeple-chase. Ça développe le sens du train et ne peut que faire du bien aux chevaux et amateurs de complet. Malheureusement délaissé chez nous sauf que je sache en Île de France et dans l’Ouest où là précisément j’ai courru 6 courses dont une gagnée et deux classées . Et dans la foulée . . .de galop.Outre le « point to point » j’ai couru quelques courses d’amateurs en plat.Là çà va plus vite mais c’est enivrant.

LE CROSS LIBRE ou « FREECROSS »

Pardon pour l’anglicisme,j’avais envie de m’amuser.
Le coss que je sache n’est pas que l’attribut du concours complet donc de la compétition. Certains ne pensent « cross » qu’à travers le complet,c’est un peu restreint sinon sectaire. Pour moi ,le cross ne se limite pas au cross du concours complet que j’ai pratiqué de la 1è série à la 4è (3 étoiles je crois) mais par d’autres formes de cross comme déjà cités : Cross » pur « sans le dressage et le C.S.O. .Chasses à courre;Chasses au renard; Cross-conduit, Point-to-point et le Freecross. Ainsi en dehors du concours complet on peut très bien se faire plaisir à « se faire » son petit cross libre » en « solo »hors des chemins battus donc en hors-pistes comme au ski . C’est ce que j’ai souvent fait seul ou éventuellement avec un ou deux camarades.En équitation d’extérieur je monte quasiment en simple filet et rênes lisses; le cheval dans son équilibre naturel. Pour ceux qui en ont entendu parler: je laisse Baucher au manège et sort à l’extérieur « avec D’Aure »( le comte D’Aure). C’est donc le plus souvent en promenade à cheval et seul comme je l’aime qu’il m’est arrivé de me régaler à faire du cross lorsque c’était un jour favorable pour le cheval et que le terrain s’y prêta. Pas forcement galoper vite mais plutôt un galop moyen entrecoupé de trot en circuitant le plus souvent sur du terrain dénivelé et sinueux, des passages parfois tortueux à prendre au pas . Il m’arrivait parfois de descendre de cheval et marcher à pieds devant lui si le sol était trop douteux ou au milieux de trop de buissons et fourrés pour remonter ensuite à cheval et poursuivre notre promenade-cross au trot et au galop en improvisant notre circuit. C’est surtout avec mon cheval Allinton que je faisais ces cross parce qu’ étant propriétaire j’avais cette liberté. Et pour ce genre de chose c’est plus agréable lorsqu’il y a une vraie complicité comme c’était le cas avec Allinton. Il aimait çà, c’était bon pour son moral et le mien aussi. Pour finir notre circuit,souvent en bon pur-sang il ne demandait qu’à gicler au galop. J’ouvrais alors les doigts et le laissait s’échapper sur un sprint au grand galop dans une montée mais sans jamais le pousser afin de lui ouvrir les poumons et surtout pour son plus grand plaisir. Il adorait çà même à 23ans. C’était surtout en Touraine et à Rambouillet près de Paris que je faisais ces petits cross-libres ; mais aussi à Saumur sur le terrain du Breil le long de la Loire où j’allais fréquemment avec Allinton . Après un petit canter sur la piste sablée j’improvisais un petit circuit au petit galop parmi un choix d’obstacles de cross des plus variés: banquettes, passages de chemin, talu breton, douve sèche . . ..Bien en mains, Je sentais parfaitement Allinton, il se délectait autant que moi. De retours en Alsace à Mulhouse avec mon compagnon . . Allinton bien sûr , je n’ai plus vraiment fait cela,juste un peu sur les coteaux d’Eschentzwiller, les terrains ne se prêtant pas aussi bien à ce genre de chose: le cross. Quand je repense à ces moments là, aussi simples fussent ils que je vivais à cette époque avec Allinton comme naturels et sans m’en rendre vraiment compte sur le moment; après,bien des années après,et là en 2018? je me rends compte que c’étaient des moments bénis frôlant le bonheur.

CONCLUSION

Ainsi, le cross sous quelque forme que ce soit et par les concours complets m’ont procuré des moments heureux à cheval dans la nature. Souvent exaltants, intenses, que je pense avoir partagé avec tous les chevaux que je montais. Allinton assurément car plus complice qu’un autre.
Le cross et le complet sont la discipline où la personnalité du cheval explose le plus. Là il est obligé de prendre ses responsabilités beaucoup plus qu’en C .S.O.où on lui impose des foulées . En cross la confiance réciproque doit être plus forte . C’est là où le cheval est capable d’extérioriser le plus ses qualités pures, ce qui est en lui, sa personnalité. Le cross rend habile le cheval,l’équilibre,le muscle,le fortifie.Combien de mauvaises reprises faites par des gagnants et chevaux bien plaçés en cross. Le paradoxe est donc que c’est le cross voire le C.S.O. qui sont la preuve du cheval bien ou moins bien dressé et non pas l’épreuve de dressage! .C.Q.F.D.Ce que confirme le colonel Durand écuyer en chef du Cadre Noir et par ailleurs ancien cavalier de concours complet international écrivant: « Le dressage pur doit vérifier son bien-fondé, son authenticité par des preuves irréfutables qu’est la réalité,le terrain varié, le franchissement de petits obstacles.Lorsque le cheval est bon sur le plat; l’obstacle constitue une preuve par neuf de l’équilibre, de la franchise et de la soumission. »Tout est dit. Le cross est donc une preuve des qualités athlètiques du cheval et une révélation irréfutable de son dressage.

Ainsi,le cross-country et le concours complet restent pour moi la discipline équestre reine qu’elle a toujours été et ma prédilection.

Patrice Crivelli

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Passage de la rivière Oudon au cross de Craon en Mayenne .Ce n’est pas moi sur les photos .On est loin de la flaque d’eau en guise de gué que l’on voit aujourd’hui en internationaux.

Sans remonter à la nuit des temps avec les arabes.Les vrais connaisseurs de chevaux ayant une sorte d’intuition,un sens inné du cheval,de sa psychologie et d’un savoir faire se trouvent chez les peuples et les gens qui naissent avec les chevaux. Tout simplement comme l’étaient les paysans autrefois et comme le sont encore chez nous les éleveurs et les artistes équestres de haute volée tel Frederick Pignon, Jean Marc Imbert et d’autres vivant 24h/24 avec leurs chevaux et si proches d’eux. Enfin et c’est là où je veux en venir: les entraineurs de chevaux de courses et les jockeys.Ces hommes qui vivent de près avec les chevaux en plus du caractère extrême,la vitesse et les risques que sont les courses les aide à être de fins connaisseurs et les vrais professionnels du cheval. Tant par leurs compétences, leur sérieux, leur connaissances du cheval que leur savoir faire. C’est frappant lorsque comme moi on a un peu fréquenté le milieu des courses.

Une bonne écurie de course est comparable à une écurie de formule1.Ça dit tout.D’un mot: l’excellence. J’ai vu de près en Anjou l’écurie Hall, un entraîneur anglais et surtout à Maisons- Laffitte près de Paris l’écurie Gallorini, la meilleure écurie de steeple. Mais il y a bien d’autres entraîneurs de premier plan et de grandes écuries avec les Pelat, De Royer Dupré,Cunnington, Freddy Head,André Fabre,Bouttin etc . . à Chantilly, le must des centres d’entraînement de courses dont me disait encore il y à peu mon copain Guy Laffargue,lui même ancien entraîneur à Chantilly « que ce centre vaut largement le centre de New- Market en Angleterre. »

Ce qui frappe en premier c’est la propreté et l’ordre dans ces belles écuries. Tout a une importance,il n’y a pas de détail, même la façon de balayer ou de rincer un mors et gare s’il reste un infime bout d’herbe, c’est un scandale et vaut une réprimande! c’est dire pour plus important. Tout est méticuleux.L’à-peu-près n’éxiste pas.On n’est pas dans un club hippique et des amateurs. Cela me rappelle mon service militaire au tout début des classes où le lieutenant nous disait « il n’y a pas de petits détails « . Bonne école mon service militaire et par ailleurs un bon souvenir. Le pansage! Fait comme s’appliquent à le faire tout cavalir ou propriétaire c’est pour un jockey ou un soigneur dans les courses du bricolage et tout à l’avenant ;particulièrement pour les soins des chevaux. C’est d’ailleurs un premier garçon (adjoint de l’entraîneur) qui m’a appris à mettre encore mieux les bandes de travail que je savais pourtant mettre ainsi que les viscobandes ( bandes plâtrées au zinc). J’ai appris ou perfectionné pas mal de choses à ce niveau et noté des recettes de mashs que seuls les écuries de courses connaissent pour mettre en forme les chevaux (sans dopping je vous rassure). Quant aux procédés de mise en forme et de mise en souffle si pointus là aussi ; j’en ai tiré profit en l’adaptant par après a certains chevaux de selle en commençant par mon cheval Allinton. Pas un lendemain de courses sans mettre les chevaux au paddok ou sans les faire marcher au pas et pour certains un léger trot en fractionné pour éliminer l’acide lactique,les courbatures et de bons massages simplement par un bon pansage très énergique voire des douches.Ce qui me semble un point important différenciant ce monde des courses de celui de l’équitation classique, compétitions comprises, ce sont les énormes enjeux qu’il y a dans les courses. Enjeux financiers, gros risques en tous genres impliquant propriétaires,entraineurs, jokeys et chevaux, engendrant forcement de fortes exigences et responsabilités imposant: sérieux, compétences,intelligence et connaissances à haut niveau . . . d’excellence. Cette excellence je l’ai constaté aux écuries,sur les terrains, dans les faits, les propos tenus etc. . .Dans aucun autre domaine équestre classique, aucune autre écurie je n’ai vu cette excellence, ce professionnalisme à ce point. C’est pourquoi je vois là, dans les courses les vrais de vrais » pros »; jockeys et entraineurs. Quant aux jokeys,ces fous de vitesse au tempérament de battant on sait qu’ils font un métier à hauts risques physiques tout comme leurs pur-sang. Cela leur demande beaucoup d’efforts,de courage et de tripes on le sait et là encore je l’ai constaté à Maisons- Laffitte en particulier. Pour autant les jockeys que j’ai pu côtoyer ne sont pas austères mais souvent plaisantins et aiment la vie. Étrange monde que j’ai appris à mieux connaître et que je respecte.

C’est là, dans une bonne écurie de courses que les élèves soigneurs peuvent le mieux apprendre le métier et être à bonne école. J’en parle en connaissance de cause pour être moi- même soigneur diplômé et connaître un peu les établissements équestres et des écuries de courses. Si toutefois le jeune plutôt mince,doté d’une bonne santé acceptant de se lever tôt,la rigueur et la discipline et une ambiance disons plutôt virile (je me levais à 5h du matin pour aller à Maisons-Laffitte)doublé d’une certaine trempe il peut se faire une bonne place de soigneur et cavalier d’entraînement en même temps bien rémunérée comme j’ai pu en rencontrer quelques uns (garçons ou filles). Les premiers garçons que j’ai vu étaient compétents pour encadrer voire former mais attention, les courses restent un milieu dur. Pas plus de place pour des brutes envers les chevaux que pour les « tièdasses-molasses ». Être « bisounours » oui mais qu’avec les chevaux et sans trop s’attacher. La plupart de ces pur-sang sont très attachants,d’un calme olympien bien que nerveux et très sensibles.Je les adore. Les entraîneurs sont les patrons, ils font un beau métier mais trop prenant 24h sur 24 et pouvant être anxiogène . La passion des chevaux et des courses oui mais il y a une vie après les chevaux de mon point de vue. Ils ont l’art comme personne de mettre les chevaux au meilleur de leur forme. Certes c’est leur métier mais quand même. Je l’ai constaté chez William Hall et surtout chez J.P.Gallorini à Maisons- Laffitte. La mise en forme c’est une chose, la mise en souffle une autre ainsi que le développement de la vitesse. A la fois différenciées, liées et interactives. L’entraînement des chevaux de courses comme j’ai pu le voir pousse ces chevaux dans leur retranchements afin de donner le meilleur d’eux-mêmes sur le plan athlétique sans aller jusqu’au forcing et risquer de les claquer, mais juste histoire de les tester au tout début afin de voir leur potentiel physique et quel type d’entrainement convient. Après, c’est progressif bien entendu mais cela permet aussi grâce à la difficulté de l’épreuve-test de connaitre leur tempérament, leur caractère, leur mental. Tout ceci expliquant cela . . c’est à dire les connaissances pointues des entraîneurs et des bons jockeys. De fait, l’art d’ajuster le bon entraînement et aussi le bon dosage à chaque cheval tout comme choisir la bonne course, la bonne distance afin de se donner le plus de chances fait appel autant à la science qu’à l’expérience et l’intuition et demande du temps . C’est pour cela que j’ai compris pourquoi les entraîneurs sont des gens très réfléchis et passent un temps considérable à étudier tous les paramètres qui parfois me disait J.P.Gallorini sont de véritables équations difficiles à résoudre.

Avant le travail du matin et après, en collaboration avec le premier garçon adjoint de l’entraîneur et les jockeys il y a beaucoup de concertations en étudiant les chevaux . A les écouter et les observer on se rend compte par leurs propos pertinents,qu »ils ont un savoir pointu et des réflexions loin d’être simplistes et que ce sont là de vrais « pros ». Par exemple j’entends dire le jockey Christophe Soumillon à propos de tel cheval:  » il faut qu’il aille plus sur son mors; il ne se tend pas assez pour que je le contienne mieux avant les 800 mètres ». J’entends l’entraîneur Nicolle à la télé sur Equidia dire: « Ce cheval prend son second souffle à mi- parcours mais trop tard pour une course de 3000 mètres.Il va falloir doubler son « interval-traîning « pour améliorer sa petite respiration, c.a.d.pas celle des poumons mais celle des tissus via les globules rouges donc le sang ! » . Ça c’est du langage de vrai pro. Et là, récemment j’entendais encore le jockey Charles Boudot dire: » . . .Avant le dernier tournant je l’avais bien sur la main mais je l’ai contenu en mains impulsives pour qu’il ne se déploie pas avant les chevaux de tête.Sa pointe de vitesse étant très rapide mais de courte distance »!!!! En mains impulsives !…et pas en demi-arrêts!!! Subtil non ?(c’est à dire en fait ce qu’on fait nous aussi en fermant les doigts et en poussant du rein deux secondes sans ralentir pour emmagasiner l’impulsion puis « donner un coup de turbot » en accélérant ). Ou encore :. . . »Ce cheval est susceptible,il manque encore de confiance, il n’aime pas avoir un autre cheval à son côté dans le peloton c’est pour çà qu’il a une muserolle australienne »!. Jockeys et entraîneurs ont vraiment des connaissances sur les chevaux qui nous échappent.Quant à l’entrainement de chaque cheval, son tempérament, son caractère, comment monter celui-ci ,celui-là et la fameuse stratégie à adopter pour la course; là il n’y a qu’eux qui ont cette science.Par exemple j’entends à la télé le jockey Alain de Chitray dire: »…Ce cheval il faut le monter en course d’attente parce qu’il a tendance à avoir son second souffle vers 2000 mètres et là, cette course n ‘est pas sa meilleure distance, mais il peut se placer avec ce terrain lourd qui lui convient « 

Actuellement on voit des chevaux terminer de longues courses avec une forte accélération sans la moindre sueur,soufflant à peine,sans plus et pas haletant comme autrefois.Quelle ambiance que ce milieu particulier d’hommes et aussi de quelques femmes énergiques, connaisseurs oh combien, réfléchis et pour les jockeys d’obstacles des types sacrément courageux sans être des têtes brulées comme autrefois. Je suis admiratif des jockeys d’obstacles pour leur courage et leur façon de monter en finesse comme montent tout aussi bien les jockeys de plat actuellement.. Leur équilibre est parfait. Incomparable monte par rapport à ce qu’elle était il y a quelques temps encore. Regardez les déjà avant la course ,au canter en super équilibre et en légèreté,aisance , finesse, tout y est, rien ne bouge avant le sprint final: jambes fixes,talons bas et non chaussés à fond jambes en avant ou très momentanément, l’instant d’un rééquilibrage.Comme pour les cavaliers internationaux de saut d’obstacles actuels,la monte,le style des jockeys actuels est excellente, parfaite même.

Je montais deux à trois pur-sang, généralement un lot de trois comme pour la plupart des autres cavaliers d’entraînement ou des lads et apprentis-jockeys.En Île de France, à Maisons-Laffitte, Chez J.P.Gallorini qu’on appelait le roi du pas , ce n’était pas une demi heure de pas mas plutôt trois quart d’heures de pas extrêmement lent en file indienne au retour des galops en forêt de Saint Germain. Les chevaux complètement décontractés, certains mâchouillant leur mors, sereins et en pleine forme, le poil rutilant. Après l’effort le réconfort à « L’Auberge Bleue »,le café des gens de courses en bordure de forêt, bombé de jockeys,soigneurs; premiers garçons, entraîneurs, cavaliers d’entraînement devisant. Une ambiance particulière mais sympathique que j’aimais bien et qui n’a rien à voir avec celle de l’équitation classique. Je me souviens bien de petites conversations avec des jockeys ayant de l’expérience, on dira là, »de la bouteille »puisque nous étions au bar!. J’en apprenais autant qu’en écoutant à Saumur les écuyres Patrick Le Rolland ou J .M.Donard avec son accent du Sud-Ouest mais dans un autre registre: le dressage. Des moments agréables après avoir monté « mes » chevaux et avant de reprendre la route pour Rambouillet.Cette auberge que ne fréquentent encore pratiquement que les gens de courses. Toujours pleine en fin de matinée et où il était un peu difficile de s’entendre avec tout ce monde et je m’en souviens bien à l’époque, les chansons du groupe suédois ABBA très à la mode dans ces années fin 1970 sortant continuellement du judbox.Ces belles mélodies participant par ailleurs à l’ambiance de mon séjour à Rambouillet.

Alors puisque nous sommes toujours au bar de cette auberge. Je lève mon verre aux pur-sang ces seigneurs. Aux jockeys de plat. Aux jockeys de steeple et de cross-country, particulièrement pour leur courage. Enfin aux entraîneurs . Et clame tout haut « VIVENT LES COURSES »

Patrice Crivelli

Je ne peux évoquer tous mes déplacements, remplacements et vacations dont certains très agréables.

Je garde toutefois un souvenir particulièrement agréable d’un séjour de deux mois d’été dans le Limousin à Bujaleuf en 1998. Grande colonie de vacances équestres où je travaillais avec d’autres enseignants. Tout un ensemble heureux dans un cadre semi sauvage avec vue panoramique sur les monts du Limousin dominant le lac. Très bonne ambiance, une organisation irréprochable. Trois à cinq heures de cours et uniquement de cours en manège ou carrière, en promenades ou jeux à la guise de chaque enseignant soit trois à cinq heures de travail avec «des galops » 2 à 7.

Reprises rondement menées surtout avec les galops 5, 6, 7. Avec moi on ne s’ennuie pas me disaient mes élèves et c’est encore le cas actuellement; ce à quoi je réponds moi aussi car je fais attention qu’il n’y ait pas de lassitude ni pour les chevaux ni les élèves et moi-même. Cavalerie adéquate, collègues sympas, les jeunes aussi. Le reste du temps : Délassement, lecture, footing, un petit peu de yoga et baignades à gogo dans le lac pour ce qui me concerne. Le travail dans une atmosphère vacances et festive. Ce fut partie remise l’année suivante.

Assigny dans le Cher reste un bon souvenir parmi d’autres. Un centre équestre dans les communs d’un château en pleine campagne style vielle France dans le centre de la France. Terrains naturels et prairies immenses, cross de quoi se régaler. Une monitrice sympa que je venais aider pour un surcroît de stages et stagiaires.

Le châtelain propriétaire du centre avenant, simple, gentil et chaleureux dont je n’oublie pas ce moment comme je les aime en bonne compagnie où l’on parle de je ne sais quel sujet intéressant après le travail comme ce fut le cas dans cette grande cuisine à haute cheminée où nous savourions un Sancerre rouge du meilleur cru dont je garde encore une bouteille qui m’a été offerte. Moments simples, anodins mais emprunts de sensations douces et de ce bien-être qui font aimer la vie .J’aime ces moments détendus dans la convivialité.

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C’est aussi en Alsace à Erstein au sud de Strasbourg cette fois non pas en vacation mais en tant qu’enseignant attitré à plein temps au centre équestre  »Ecurie du Krittwald  »d’abord puis appelé  » La cavalerie du Ried » que j’ai connu une période de vie très heureuse grâce à une conjonction d’éléments heureux s’ajoutant à ce poste très plaisant et motivant dans un cadre forestier très agréable.

Un grand manège, de l’espace, de bons terrains d’exercices, un spring garden et une clientèle jeune très sympa et disons le bien éduquée. En plus des habituelles reprises classiques de différents niveaux et de préparation aux incontournables examens. Je suis heureux d’avoir pu innover pour apporter des améliorations appréciées de tous.

Entre autre ; d’avoir déstressé les chevaux de club majoritairement nerveux parce qu’anxieux que je découvrais à mon arrivée ; certains hyper craintifs et non sans raisons. Des chevaux ne connaissant que leur boxe et le manège dans lequel par ailleurs ils n’allaient pas jusqu’au bout ! Invraisemblable. Certains redoutés des cavaliers causant m’a-t-on dit un très grand nombre de chutes.  »Pas une reprise sans chute » parait-il ; certaines graves.

Promenades quasiment jamais dixit; trop risqué et pour cause. J’ai donc vite fait de prendre l’affaire en mains dès mon arrivée ou plutôt pris chaque cheval à part et de régler au plus vite cette question entre les chevaux et moi. Sans rentrer dans les détails. Toute manière de s’y prendre afin de remettre les chevaux en confiance puis d’approcher de l’objet qui faisait peur pour au final aller où l’on veut sans le moindre écart même avec les chevaux ayant un débutant sur le dos et les rênes longues n’a rien d’extraordinaire et est à portée de tout cavalier ayant un peu d’expérience ou savoir-faire et de patience.

Conjointement à cet objectif ; tous les matins je m’organisais par roulement pour que tous les chevaux aillent au moins quinze minutes dans les paddocks. Chose qui ne se faisait pas avant et expliquant en partie ces désordres et cette anxiété.

Comme c’est écrit dans la page « ma pédagogie » sur ce site  je déplore cette  »artificialisation » de l’équitation (pardon pour ce néologisme) trop pratiquée dans un manège et pas assez à l’extérieure comme on le voit trop. C’est se priver des effets formateurs et salutaires tant pour les chevaux que pour les cavaliers, élèves de surcroît. Ainsi au bout de quelques jours  »l’affaire » était réglée. Tout était rentré dans l’ordre. Chevaux sereins, heureux  »opérationnels » pour satisfaire et les élèves et moi-même au grand étonnement de tout le monde.

Finis les rodéos, les écarts et les chutes. Oui des chevaux transformés. J’avais de quoi être heureux de ce résultat et je l’étais d’autant qu’avec certains grands anxieux ce fut délicat. Néanmoins ; encore une fois pas besoin pour cela de faire venir un expert en éthologie ; un peu d’expérience, de patience et surtout de bon sens suffisent …La preuve !
Ainsi de voir la gamine de douze ans tout sourire se laisser bercer par le rythme d’un galop souple sur le dos du pur-sang qui deux semaines avant partait en folie. Ça, ça fait plaisir et confirme que c’est gagné. En fait ; connaissant un peu les pur-sang cela ne me surprenait pas.
De là, les reprises toujours coupées de poses au pas ou d’arrêts. Les jours où il y avait deux ou trois reprises à la suite j’avais fait en sorte qu’au lieu qu’elles se suivent sans interruption comme c’est souvent le cas, qu’il y ait quinze minutes de pose pour les chevaux entre deux reprises .Cela permettait aux chevaux de récupérer et moi de boire mon rituel schweppes.

Pendant les cours beaucoup de retour au pas ou d’arrêts  »Poses sucres » ; car j’ai toujours des sucres dans mes poches quand je suis à pieds avec des chevaux. Ça entretien de bons rapports entre nous en plus de la voix dont je me sers beaucoup. Ils la craignent et me respectent  »au mot  » si on peut dire suivant la tonalité. Montés mais surtout en longe et en liberté .Ils savent que je ne trahi pas leur confiance.

Mon cheval Allinton en liberté au pré, galopant et bondissant comme un cabri s’arrêtait des quatre fers s’il m’entendait crier  »holla’’ et ne bougeait plus. Encolure relevée, le regard tourné vers moi, l’œil vif du pur-sang ; il attendait  »les ordres » sans trembler que je sois proche ou éloigné. La confiance était réciproque. J’avais une totale confiance en lui comme j’aurais aimé l’avoir avec les êtres humains.

Toujours à Erstein. J’ai instauré la monte libre hors reprises pour les non propriétaires en plus des reprises à partir des galops 3 et au- delà, en restant bien sûr dans les limites de l’établissement .Avec quelques recommandations et à conditions de respecter les chevaux notamment en fractionnant sans cesse par des repos au pas .Formule ayant eu un succès fou pour le bonheur des cavaliers et du trésorier. Aucune chute ou une occasionnelle, aucun incident, jamais de chevaux en sueur ou quelque abus sans quoi tous ces jeunes savaient que tout pouvait s’arrêter net.

Comme je crois beaucoup au travail personnel en plus des cours, même si durant les reprises il y a des temps où chaque élève travaille dans son coin, j’ai donc mis en place cette formule. Rien ne remplace ces moments seuls à cheval confronté à soi-même qui responsabilisent .Où l’on tâtonne, on découvre on essaie de répéter ce qu’on a fait avec le prof avant et en attendant la prochaine reprise. C’est ce que je dis sans cesse encore actuellement à mes élèves en cours particuliers.

Cette partie d’empirisme c’est à dire l’expérience alternée avec le rationalisme des cours me semble important et je témoigne des progrès autant que du succès de cette formule.

Sachant que les personnes, surtout les adolescentes non propriétaires d’un cheval montant une fois par semaine en reprise montent autant pour les joies de l’équitation que pour le contact avec le cheval et l’affectif. Sachant l’importance de ce côté affectif pour ces jeunes dont certains ne sont pas riches. Sachant que montant le cheval avec lequel ils ou elles s’entendent bien ils ou elles seront plus décontractes, plus à l’aise cela favorisera leurs progrès…en plus du plaisir d’avoir monté leur  »préféré » .Pourquoi les priver de monter le cheval qui leur convient ?

Ainsi j’ai opté pour laisser libre choix du cheval sauf bien sûr s’il ne doit pas travailler ou en cas d’arbitrage et sachant qu’à tout moment je peux en décider autrement et que le chef c’est moi. Aucun problème et jamais mon autorité n’a été perturbée ou remise en cause .J’ai toujours été respecté et je peux le dire sans prétention estimé de mes élèves. Là, à Erstein mais aussi partout ailleurs.

Bien sûr comme tout prof on tombe parfois sur des cas particuliers d’ordre de savoir vivre, d’impolitesse, de je ne sais quelle impertinence ou attitude déplacée. Dans ces cas où la ligne jaune fut franchie (j’en ai connu quatre. Pas à Erstein mais ailleurs) sur le champ j’arrêtais le cheval et l’élève descendait ipso-facto viré de la séance …et  »basta ».

A Erstein j’ai instauré la voltige et initié le horse-ball qui fut peu après pris en mains par quelqu’un de plus compétent que moi dans ce domaine. J’autorisais les jeunes et les incitaient lorsqu’ils venaient au centre à sortir des chevaux, les promener à pieds, les panser. Ce qu’ils attendaient avidement car ça ne se faisait pas avant. Conformisme oblige.

Cela eut pour effet de les faire venir plus souvent; une plus forte intégration et implication créant vraiment un bon esprit club. Un lieu où tout le monde se sentait vraiment bien moi compris.

Dès que c’était possible; plutôt que de rentrer directement les chevaux aux boxes après les reprises je laissais les cavaliers se promener au pas à leur guise, hors du manège dans le parc ou le spring garden. Petit rab de temps gratis qu’ils appréciaient et j’en suis sur les chevaux aussi.

Les gymkhanas ! J’adore ça, les concevoir, les organiser. Ces parcours individuels ressemblant un peu à l’agility canin version equus à la fois ludiques et très pédagogiques dont l’objectif peut être plus orienté vers l’équilibre, la maîtrise des aides, l’adresse du cavalier suivant l’objectif recherché. Donc en créant un parcours adéquat à dominance obstacle, conduite, dressage, adresse suivant le cas où un mélange complet. C’est très amusant et efficient pour former des cavaliers dont le but ne l’oublions pas est de devenir autonome. Aussi ai-je fais découvrir à Erstein et ailleurs dans d’autres centres équestres ces divers parcours de gymkhanas trop délaissés.

Et comme j’aime bien animer et mettre de l’ambiance; j’aimais stimuler les élèves en fin de séance surtout s’ils étaient sympas, vivants et studieux comme c’était le cas a Erstein et ailleurs par après. Sorte de lâcher prise très récréatif après le travail où je les autorisais de changer de monture entre eux et les laisser libres. Le plus souvent j’animais des courses poursuites dont j’ai été l’instigateur, ainsi que des chasses au renard frénétiques au galop souvent a cru, à cor et à cris pourchassant et essayant d’attraper le foulard ou la queue du  »cavalier -renard » parfois la perruque punk orange sur la tête. Mais aussi des courses relais, les  »quatre coins  », passes de ballon, ou galopades derrière ma voiture tournant en tous sens au son de je ne sais quelle musique vibrante.

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On sait certains effets heureux de la musique chez le cheval. On pense évidemment à la musique douce pour calmer. Il est certain que du Mozart ne fait pas de mal aux chevaux surtout ceux qui dans leur boxe ont besoin de repos. Lors de séances de dressage du moins dans les reprises où l’on travaille et où il faut un minimum de concentration pour les cavaliers ; lorsqu’il y avait du bon matériel de sono puissant me permettant de choisir la musique comme c’était le cas à Erstein et avant à Bujaleuf, assez souvent mais pas systématiquement je mettais un fond musical. En l’occurrence musiques relaxantes actuelles ou classiques avec un penchant pour  »Les Préludes de Liszt ».

Mais le rythme de la musique et la tonalité (comme la voix) ont leur importance et curieusement les rythmes soutenus, toniques ou martiaux sont bénéfiques pour tous les chevaux, anxieux compris comme j’ai pu le constater.

Car autant j’aime le silence religieux dans la solitude d’un manège lorsque je suis à cheval seul à seul avec lui afin d’être en osmose dans  »ma bulle ». Autant lors de séances purement récréatives avec des adolescents ou en fin de reprise après le travail j’aimais souvent mettre de la musique entraînante, clinquante, vibrante. De la country, du rock, des marches militaires (hohenfriedberg march = une merveille à donner des frissons); les Pink floyd, trompes de chasse, beaucoup de bonne techno existante, planante plus qu’abrutissante et le nec plus ultra mettant tout le monde d’accord: Les Klostertaler (groupe autrichien= mixture de traditionnel et moderne) avec leurs musiques et chansons grisantes irrésistibles. Toutes musiques créant de bonnes vibrations et participant à une super ambiance dans la joie et de franches rigolades au cœur de ces ‘‘récréations’’. Manifestations d’enthousiasme par tous ainsi que des chevaux justement, dont les attitudes et les signes de joie ne trompent pas.

Aucune chute, aucun cheval fatigué, soufflé ou en sueur par ces jeux très dynamiques. Au contraire, des chevaux semblant se prendre au jeu comme leurs cavaliers. Joyeux autant que ces ados ou grands adolescents par cette liberté libérant leur énergie. Me limitant à superviser et non pas à diriger ; je n’en perdais pas moins le fil conducteur; l’idée directrice c’est à dire l’objectif pédagogique voire psychologique. Conscient donc de tous les bienfaits que tout ce mode d’animation apporte pour progresser. Effets se constatant de façon probante de visu et surtout à entendre les élèves.

De fait tout cela du point de vue de l’équilibre du cavalier vaut mieux qu’une séance courante de mise selle ennuyeuse à tourner en rond bêtement dans un manège. Valant au minimum une bonne séance de horse ball ou un trotting sans étriers en terrain vallonné voire de montagnes russes. Quant aux chevaux ! Encore une fois c’est bénéfique pour eux si c’est bien dosé : Les craintifs se calment, les paresseux sont remis en avant et dans tous les cas de figure quel que soit la nature du travail, après la séance même si les chevaux ne sont pas essoufflés ou si peu …comme il se doit. Ma marotte est : Du pas, du pas, du pas et encore du pas (on ne fait jamais trop de pas ni avant le travail, ni après). Enfin ; des jeux affranchis de toute référence ou règlement de la fédération dans ce contexte. (Je ne conteste pas les règlements dans le cadre d’épreuves officielles) Exemple pour le parcours d’obstacles  »choisissez vos points  » (j’aimais particulièrement ces épreuves quand je montais en concours) : Choix d’obstacles à 50, 100,150 points à passer autant de fois qu’on veut et peu importe le sens fut-ce une spa à l’envers! Hé oui ! Le tout en 1mn ! Donc rien à voir avec les sacro-saints règlements qu’il eut été ridicule d’appliquer à la lettre et n’auraient pas permis un tel engouement mais plutôt de crisper l’ambiance.

Et pour la petite histoire, il m’est arrivé lors de ces moments récréatifs en fin de reprises, pris par la griserie du moment alors que j’étais à cheval, de sauter par-dessus ma voiture, une Volkswagen stationnée au milieu du manège; sachant bien sûr que le cheval en avait largement les moyens sans quoi évidement je ne l’aurais pas fait. Ça plus quelques autres petites  »folies’‘ bien innocentes ou loufoqueries originales et insolites, sans le moindre risque même limité pour le cheval me valut le diplôme de  »moniteur fou » visible sur ce site dans  »références » décerné par une élève et dont je suis fier.

Autre innovation dont seraient bien inspirés les centres équestres. A Erstein encore. Cette fois pour une question de sécurité. J’avais enlevé tous les étriers des selles de club pour les remplacer par des étriers de sécurité  »loock » légers et efficaces, se détachant de l’étrivière en cas de chute. Etriers que j’avais encore en stock après la fermeture de ma sellerie à Mulhouse en1997.

Un échec. Je n’ai pas réussi à convaincre mon employeur de l’achat d’un appareil de cuisson et d’un chaudron pour assurer des mashs aux chevaux une fois par semaine comme je le souhaitais. Dommage pour les chevaux et la prévention des coliques.

Voici donc depuis le volet A Erstein jusqu’à celui-ci « musique » des innovations que j’avais mis en place durant ma présence au centre équestre d’Erstein sans oublier quelques traditions un peu oubliées que j’ai remis au goût du jour. Faire un petit quelque chose à la Saint Georges patron des cavaliers si ce n’était pas carrément une petite manifestation au centre où je me trouvais à cette date et ici en Alsace fêter la Saint Nicolas en décembre. Un séjour merveilleux que je n’oublie pas. Par après en d’autres régions, j’ai continué d’instaurer ces mêmes façons de faire et innovations en m’adaptant au contexte et à la situation.

A côté de ces moments bien agréables en Alsace, j’ai connu aussi en Alsace certains désagréments c’est le moins qu’on puisse dire, malheureusement fréquents et inhérents aux centres équestres ici ou ailleurs dont je ne vais pas trop m’étendre.

L’un proche de Mulhouse qui, venant d’avoir de sérieux problèmes avec son enseignant. Le président vint me demander d’assurer la suite ; ce que je conclue. Après une année sans une ombre j’ai été confronté à une trahison de la direction. Je démissionnais sur le champ non sans avoir informé du pourquoi tant la direction que la clientèle. Clients avec lesquels s’étaient créés des liens et où j’ai passé de bons moments avec eux sur le lieu même. Ébranlement général parait-il. S’en suivit peu après la venue d’une collègue durant quelques mois avant fermeture de  »la boutique » pour dislocation par elle-même ’‘Loisirs équestres 68 ». Une vieille histoire datant de 1990 sans conséquences pour moi. M’ayant laissé droit dans mes bottes mais faisant toutefois partie de mon parcours équestre.

Quand on sait tout le bénéfice et la facilité de faire progresser les élèves avec de bons chevaux parce que ceux-ci très bien dressés exécutent comme il faut ce que l’enseignant demande de faire ( le cheval étant maître d’école donc enseigne a l’élève)développent les sensations justes. Exemple l’impulsion ou la légèreté et au final le tact.A l’inverse développer ces qualités et former des élèves avec des chevaux lourds et inadéquats c’est quasiment impossible ou extrêmement fastidieux et le meilleurs prof est limité dans son objectif de progrès malgré ses capacités et sa ténacité.Malheureusement c’est souvent le cas.Les pauvres chevaux de clubs n’ont pas ou pas assez ce niveau et ces qualités . . .et il faut bien faire avec.

Que l’on soit salarié d’un comité ou d’un dirigeant n’étant pas du métier. Ce qui est très pénible et c’est un euphémisme, c’est de voir que quoi qu’on fasse, quoi qu’on suggère pour améliorer rien n’est pris en compte. C’est d’autant plus rageant lorsqu’il s’agit de soins aux chevaux ou de leur bien-être pour ne parler que de cela. Ainsi de mettre des chevaux au pré ; oui bien sûr, ce n’est pas à moi qu’il faut dire ça mais de là à ce qu’ ils soient jours et nuits, été comme hiver sans le moindre abri les pieds dans 20cm de boue, sous la pluie et le vent, la neige ou un soleil de plomb comme je l’ ai vu de près tous les jours ; c’est un crève-cœur. Que faire ? Expliquer ? Etre diplomate? Se fâcher ?

Dans le passé pour avoir dit certaines vérités et pris la défense d’un palefrenier maltraité par notre employeur commun ça m’a valu de me mettre à dos l’employeur et être dans une tension pour le moins stressante .Alors ?!… Menacer au risque de perdre son poste ou d’engager un conflit et une tension insupportables ? Démissionner alors qu’on est en l’occurrence bien payé ? Faire profil bas mais alors se sentir lâche et très mal à l’aise ? Dilemme cornélien auquel j’ai été confronté plusieurs fois comme tous mes collègues eux aussi l’ont été la plus part pour de multiples raisons ou situations différentes à un moment ou un autre.

Cas vécus dans deux centres équestres dans la région de Mulhouse et sud de Mulhouse mais aussi à Colmar  »Loisirs équestres de Colmar » ou à titre d’exemples s’entendre dire de mon employeur  »pas cet enrênement sur ce cheval  » !!!!! Enrênement gogue en l’occurrence pour un cheval maigre à dos creux et encolure renversée! Est-il besoin de dire que cet individu n’était pas un professionnel mais un profane. Profane oui, mais directeur et moi son subordonné tenant à son emploi ! Ou encore, sur un ton très agressif et devant des gens  »Faut les faire galoper nom de… » ! !!!. Ou d’apprendre qu’une jument dont j’estimais qu’elle devait se reposer un ou deux jours et en avais informé les dirigeants avait travaillé et sauté durant mon absence le week-end malgré mes recommandations!!!……… J’étais fou de rage et avais envie d’exploser. Voir débarquer un nouveau cheval de club sans m’informer de cette intention, sans me demander mon avis! Voilà quelques exemples concrets parmi bien d’autres et hélas courant dans ce milieu à quelques exceptions près.

Attitudes d’autant plus désagréables que dans ces mêmes centres les adhérents augmentaient ainsi que les reprises. Ainsi je redis et maintient pour la x ième fois qu’il y a incompatibilité pour un salarié professionnel de travailler en bonne intelligence avec un employeur amateur. Que ce soit un seul patron ou que ce soit un comité. Les faits le prouvent depuis toujours ; on peut même dire que c’est antinomique.

Et pour ne pas prendre que mon exemple, j’ai vu et connu trop de collègues souffrir de telles  »indélicatesses’‘ et beaucoup être stressés, anxieux, dégoûtés non par le métier en lui-même mais par ce genre de comportements de leur employeur; comité en particulier. Beaucoup abandonnant prématurément (voire les statistiques officielles effarantes du GHN). Alors quelle est la juste attitude ou répartie à avoir si cela se passe surtout en période d’essai ou il faudrait à la fois s’affirmer dès le début pour être respecté quitte à montrer son désaccord et à la fois faire attention à ne pas contrarier le ou les employeurs de crainte de déplaire et ne pas décrocher un CDI ? Surtout si cet employeur a d’autres enseignants  »sous le coude » !

Je pense à une jeune monitrice que je connais et qui me demandait conseil il y a quelques mois en pareilles circonstances. J’avoue que c’était embarrassant pour ne pas l’induire en erreur. Je lui ai toutefois dis qu’ il faut choisir entre s’affirmer sans se préoccuper du reste que ça plaise ou non au risque de ne pas avoir son poste en CDI ou au contraire aller dans le sens du poil, ne pas contrarier, espérant que cette stratégie permette de décrocher le CDI si cela peut le permettre. Un choix pas facile quand on ne connaît pas l’employeur et sa réaction. Une loterie en somme car dans les deux cas; ou ça passe ou ça casse. On connaît le dicton  »Poignez vilain il vous oindra .Oignez vilain il vous poindra  ». Voilà bien une réalité qu’on peut ériger en vérité et simple évidence. La vie nous apprend par ailleurs que malheureusement on est respecté que pour trois raisons. A . Si on est craint. B. Parce que on a besoin de vous. C. Si l’on est admiré. Le respect par principe n’existe pas ou très rarement. A chacun son choix sa stratégie pour rester en accord avec soi.

D’un mot et ce n’est pas moi qui refait le monde nous savons que la fermeté est plus payante. Mais ça ne veut pas dire que cette attitude plaira et permettra forcement de décrocher le contrat à durée indéterminée s’il s’agit de cela. Tel patron appréciera cette fermeté tel autre n’appréciera pas, éliminera le postulant !

Que faire ? Ce n’est pas simple ; mais loin de moi de critiquer l’enseignant qui voulant décrocher un CDI aurait un profil bas face à une  »indélicatesse’‘ vexante bien entendue injustifiée, car je sais que dans ce cas ce n’est pas évident vu le risque. Pour ma part, avec un peu d’expérience et en essayant de rester cohérent je m’en tiendrais à ma devise qui est marquée sur ce site dans  »Ma pédagogie » : ‘‘Souple mais Ferme .Ni rigide ni Mou ».

  Être critiqué ou pas apprécié d’un employeur professionnel, un vrai qui connaît les chevaux et le métier et peut m’en remontrer je l’accepte . Mais d’un employeur n’y entendant rien ou si peu non ; c’est inacceptable. Etre salarié donc subordonné d’un employeur amateur, voire d’un comité, oui pourquoi pas si ceux ci dans les faits savent rester à leur place et donc ne se permettent pas la moindre critique ou insinuation…

Mieux, s’ils se mettent totalement au service et a la cause de leur enseignant salarié censé faire prospérer  »la boutique » du moins maintenir son rendement et une bonne ambiance. Si ces employeurs sont au final le meilleur soutien du salarié pour travailler mano à mano comme ça devrait l’être normalement.Alors là oui,mais là seulement c’est possible d’être salarié d’un employeur non professionnel et travailler sereinement.

Mais soyons réalistes, les faits sont là.Pour combien de temps ? Changement de comité ! . . . il suffit qu’on déplaise à une personne influente pour que la vie devienne tendue voire intenable et être confronté  à ces questions citées plus haut: Qu’elle est la bonne attitude voire la repartie face à telle  »indélicatesse’‘ avec les éventuels risques de  »représailles » ? (sauf bien entendu si on a une autre offre intéressante ailleurs,un plan B comme on dit permettant ainsi de rester serein et de dire tout haut ce que l’on pense en toute quiétude parce que l’on est prêt a quitter sur le champs)

La solution !!! C’est d’avoir sa propre boutique et être seul maître à bord après Dieu; propriétaire ou gérant et de là, éventuellement salarié.

Mais pour cela (être salarié) il faut que l’enseignant soit propriétaire du centre et des chevaux comme l’était Norbert Lamy à Orléans. Salarié dans son propre centre équestre par le comité de la société (loi 1901). Il va de soi que dans ce cas il n’avait à craindre personne ni la moindre  »indélicatesse’‘ et pour cause le comité étant fictif Mr Lamy était le patron voire le dirigeant et le comité a son service. Tout est là.

Et voilà, la boucle est bouclée . Être  »son patron’‘ . Mais à défaut d’être propriétaire ou gérant d’un centre équestre l’autre solution pour un professionnel; enseignant en l’occurrence et afin de travailler normalement c’est à dire sereinement (même si on n’échappe pas à des contrariétés) je le redis c’est d’être salarié d’un patron du métier, mais un vrai professionnel comme avec certains avec lesquels j’ai travaillé. Sinon l’autre voie c’est de se mettre à son compte ; être indépendant itinérant pour des remplacements,des vacations, des cours particuliers,des stages etc. .comme je l’ai choisi et évoqué dans  »itinérances et postes fixes.

Toutefois par cette formule s’adressant non plus à un employeur mais essentiellement à des propriétaires de chevaux pour des cours particuliers, on peut être confronté à d’autres difficultés c’est a dire à des clients difficiles au mauvais sens du terme. Certains jamais contents malgré les progrès constatés et montrés par le prof mais qu’ils ne savent pas apprécier à leur juste valeur.

Il est manifeste que plus le cavalier est d’un bon niveau mieux il comprend et accepte les difficultés, les subtilités du dressage, le temps pour bien faire les choses et voir les progrès, la patience nécessaire. Plus il est débutant ou profane moins il se rend compte des difficultés, des finesses et de la patience nécessaire et là il y a risque qu’il soit désenchanté; perde patience voire critique le prof.

De fait, comment un cavalier peu avisé peut-il savoir par exemple que le cheval en serrant sa mâchoire tend et contracte sa ligne du dessus à cause des interactions musculaires ? Et que pour décontracter sa mâchoire il faut aussi bien agir directement sur elle que faire des assouplissements de tout le dessus de la nuque à la queue avec engagement des postérieurs se répercutant sur la mâchoire!? Comment le propriétaire débutant ou presque peut-il deviner que durant les premiers temps du dressage de son jeune cheval il faut remonter le garrot. . .en baissant son encolure ? Si possible avec un gogue ou un chambon. Tout ceci, et c’est bien normal, échappe au débutant et peut lui sembler biscornu autant que le prof pas a la hauteur.Alors c’est là que le prof doit expliquer le pourquoi, le comment et la relation de causes à effets justifiant ces exercices pouvant paraître bizarres ou contradictoires (baisser l’encolure pour remonter le dos ! ! ! )

Bien expliquer l’exercice ne suffit pas toujours pour convaincre. C’est pourquoi l’élève doit s’en remettre en confiance à son prof; c’est ce qui se passe généralement. Mais c’est pourquoi aussi vis à vis des clients et a fortiori des nouveaux je les affranchis en quelques sortes en les informant des difficultés, contraintes, efforts et patience et parfois ne pas tout saisir tout de suite à accepter ou. . . ne pas travailler avec moi (un collègue me disait:  » la première chose que je demande à un propriétaire voulant des cours pour améliorer son cheval (et lui-même) :Êtes-vous pressé ? Si oui ce n ‘est pas la bonne adresse.) C’est ce que j’appelle  faire de la pédagogie  parallèle en guise de prévention tel que c’est écrit clairement sur la page  »Ma pédagogie ».

C’est en 2000 que j’ai fait la connaissance d’Arnaud Thiebault instructeur d’équitation lors d’un stage en Alsace. Il était alors directeur du plus important centre équestre d’Alsace près de Strasbourg. Nous avons d’amblé sympathisé et partagé des idées communes sur l’équitation et le milieu du cheval.

Les mêmes critiques aussi, et ce qu’on pensait être les bons remèdes. Lorsqu’il fut directeur au centre équestre de Mulhouse, il m’avait dit souhaité me prendre comme enseignant. Ce que j’aurais probablement accepté car on se serait bien entendu sous condition que je n’ai à traiter et rendre de comptes qu’à lui et ne voulant rien savoir d’un comité (vous savez ma passion pour les comités!!!). Comité par ailleurs avec lequel il eut quelques démêlés puisque à peine dix mois après sa prise de fonction de directeur il pliait bagages et quittait ce centre équestre nommé Waldeck ! Qui pour la petite histoire a vu défiler une flopée d’enseignants depuis 1971.

Dès lors, changement de cap. Arnaud se mis à son compte en itinérant pour donner des cours à des propriétaires de chevaux comme je le fis moi aussi quelques temps après. Une formule qui lui réussit à merveille pour avoir eu une très grosse clientèle entre Mulhouse et Strasbourg, être libre et ne rien regretter.

Parfois il venait manger chez moi le soir. C’était toujours un moment très agréable. Moments comme je les aime en bonne compagnie et en toute convivialité. J’aimais l’écouter, il était intéressant. Il connaissait certains coins de la région parisienne où il avait exercé que je connaissais aussi pour y avoir travaillé ou monté en concours. Nos conversations ne se limitaient pas qu’au cheval et heureusement. Je reste épaté voire subjugué par son parcours, ses ambitions, ses réalisations (à 19 ans reprendre un club tout seul!) puis un deuxième à Mantes la Jolie … entre autres entreprises.

Arnaud faisait honneur à la profession. Il avait de l’allure, rien de commun, de vulgaire, ce qui devient rare de nos jours en général ; le milieu du cheval compris, et vis à vis duquel comme moi il avait un regard plutôt lucide. J’aimais son élégance, son calme qu’il me transmettait lorsqu’il m’arrivais d’être irrité par je ne sais quel désagrément. Un sage, un philosophe aussi .Comme moi il aimait une certaine discrétion ; ce que nous déplorions chez certains collègues se mettant en avant et de forte voie en n’entend qu’eux ! Autant qu’il disait du bien d’autres collègues, Cathy Jacob pour ne citer qu’elle. Il m’avait rendu service et je lui ai rendu l’ascenseur.

Arnaud était un bon camarade. Ami en puissance. Il fallut qu’il se tue à cheval un certain matin de juin 2013 après une année de coma. Un type bien et marquant dans ma vie, parti trop vite, auquel je pense souvent et que je tenais à évoquer ici.

Alors que j’étais en vacation dans les Alpes, je reçois un coup de fil inopiné de Michel Mull instructeur d’équitation au centre équestre de Seebach en Alsace, me demandant de travailler avec lui. Affaire conclue à mon retour à Mulhouse.

Je vais à Seebach au nord de l’Alsace effectuer donc une autre vacation. Pourquoi l’évoquer elle et pas d’autres pourtant agréables et intéressantes ? Aucune raison particulière  en apparence: Travail classique comme ailleurs. Beaucoup d’adolescents avec lesquels là aussi j’ai fait vibrer les murs du manège par de la musique entraînante à fortes décibels lors des moments récréatifs, voire de. . . . . .Douches surprises sur les cavaliers au galop sur la piste par l’arrosage automatique des tuyaux au plafond lorsque la chaleur devenait étouffante.

Non rien de particulier si ce n’est d’avoir peut-être travaillé un peu plus détendu, dans une atmosphère très décontractée de vacances en plus des bonnes conditions de travail, nourri, logé que je trouvais ailleurs.

Seebach c’est un grand village dans un cadre champêtre et une ambiance typique de l’Alsace profonde comme on l ‘imagine et comme je l’aime avec le charme des maisons à colombage aux balcons fleuris, aux fermes bordées d’un jardin, les champs et vergers, les crucifix en pierres aux croisées des chemins.

Je n’oublie pas cette fête du village, non pas la fête ordinaire de tous les villages mais cette grande fête réputée de Seebach attirant la foule chaque année où Michel Mull et moi encadrions les cavaliers défilant dans les rues bordées de monde à la tombée de la nuit. Fête avec illuminations des maisons à colombages garnies de fleurs de toutes les couleurs aux pieds et aux balcons mettant en exergue les traditions alsaciennes ou plus qu’un folklore pour touristes, j’ai ressenti de l’authenticité et un attachement des habitants et de ces belles alsaciennes en costumes traditionnels rouge et noir. Puisse tout cela perdurer face à l’uniformisme et la modernité.

On se connaissait Michel Mull et moi depuis Saumur il y a des années puis à Mulhouse au début des années 1990 lorsqu’il était instructeur au centre équestre du Waldeck.

Aucun accroc entre nous comme il se devait normalement entre gens du métier. Mais si j’avais eu droit à une critique je l’aurais accepté parce que venant d’un employeur du métier pouvant m’en remontrer et non pas d’un profane. Et quand l’utile se joint à l’agréable comme ce fut le cas; sans stress, en toute aisance dans une confiance réciproque qui n’a pas été démentie. Quand le travail est entrecoupé de ces moments conviviaux en fin d’après-midi lorsqu’il fait encore chaud, assis à la terrasse du restaurant en contre haut de la carrière dominant les toits et le clocher du village un peu plus loin et la Foret Noire en arrière fond ;c’est un régal pour les yeux ; un vrai plaisir. Convivialité évidement devant une assiette appétissante et une Kronenbourg ou un vin blanc de Cleebourg ; le vignoble de la région. Et comme j’aime écouter les cavaliers d’expérience a fortiori lorsque ce sont d’anciens champions comme c’est le cas avec ses 18 années dans l’équipe de France de complet et un sérieux palmarès en hippique il y a de quoi être ravi d’entendre de ces anecdotes passionnantes et d’apprendre des choses intéressantes sur l’équitation et le milieu équestre.

Moments de rire aussi et quel rire ! On savait Michel Mull bon vivant. Je l’ai vu joyeux, festif, amusant, bout-en-train. Aimant rire moi aussi et en ayant besoin ça tombait bien.

C’est pour tous ces souvenirs de bons moments où le plaisir donne goût à la vie que j’ai eu envie d’écrire ce petit épisode Seebach.

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Le restaurant devant la carrière du club

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On apprend beaucoup en regardant et observant attentivement les chevaux et la monte des bons cavaliers. Leur façon de faire associée à leur position et leur style. Analyser et comprendre la relation de cause à effet pour peu qu’on ait certaines connaissances, des repères, des critères. Tous ces regards avisés affûtent le coup d’œil et le bon jugement.

On s’accorde à reconnaître qu’un beau style doublé d’une bonne technique vont souvent de pair et sont à rechercher.

C’est ainsi que pour ne parler que du style du cavalier à l’obstacle et plus particulièrement en C.S.O. anciennement appelé Concours Hippique; j’ai beaucoup appris en regardant certains cavaliers notamment Laurent Elias que je voyais quasiment monter tous les jours lorsque nous étions élèves au Centre Zootechnique de Rambouillet et qui fut peu après champion de France de C.S.O. 1è catégorie à Fontainebleau en 1980.

Mais c’est surtout en regardant et le mot n’est pas exagéré admirant la monte à l’obstacle de François Franzoni, cavalier de complet et de C.S.O. Encore aujourd’hui quand j’y pense son style dépassait tout ce que j’ai pu voir depuis même parmi les plus stylés comme le sont où l’étaient les américains et egalant maintenant Eric Navet, Philippe Rozier, Michel Robert ou encore le suisse Guerdat sans atteindre l’allemand Erhing et la portugaise Luciana Diniz qui sont le summum du style alliant technique et esthétique ! J’ai en mémoire ces parcours de François Franzoni à Lons le Saunier dans le grand prix quelques jours avant qu’il aille au championnat du monde de complet à Burgley en Angleterre en 1974. Une merveille. Parcours assez lents dans un galop régulier presque cadencé, à peine deux foulées croissantes à l’abord et l’envol ; le plané arrondi rappelant les photos de certains esthètes bien connus d’avant-guerre. Je crois que ce jour la si des juges de hunter étaient là, à l’unanimité ils auraient donné un 10 sur 10 sans hésiter. Je me souviens l’observant à Dijon chez Gilbert L’écrivain au  »Castel de la Colombière » s’entrainant sur des barres. Je me délectais de le voir franchir ces barres très doucement calmement le cheval s’arrondissant sans effort apparent, le cavalier l’accompagnant en parfaite harmonie dans une position absolument parfaite. Jambes à leur place imperturbables sans le moindre recul, talons bas et non pas remontés comme on le voit souvent ce qui est autant inefficace qu’inesthétique; mains basses et fixes, aucune faute de mains. La perfection. Une impression de facilité sans le moindre effort. Un régal à voir.

J’ai eu l’occasion bien des années après d’assister à quelques séances d’entraînement à l’obstacle de jeunes chevaux menées par François Franzoni où j’ai bien observé la méthode si on peut dire, et en apprendre sur l’apprentissage du saut donc de l’abord de l’obstacle, les combinaisons, distances et sur la mécanique équestre .

Toujours dans la belle équitation d’obstacle je retiens Sylvie Seailles. Grande et belle jeune femme excellente cavalière qui avait ses chevaux de compétition à Longué en Anjou, au club hippique où j’étais quelque temps à l’époque. Là encore une position à cheval et un style à l’obstacle impeccable pouvant ravir et subjuguer le pire critique. Style hunter si on peut dire cela comme ça avant son importation en France mais un peu plus rapide et sur de gros parcours de classe B ou A et pas loin d’égaler François Franzoni en esthétisme. On cherche en vain ce qui pourrait heurter un tant soit peu l’émerveillement. Là encore l’excellence.

C’est aussi en regardant Thierry Estheve à l’époque où j’étais moniteur à Longué en Anjou près de Saumur et Thierry cavalier à l’ENE (Ecole Nationale d’Equitation) de Saumur. J’allais à l’ENE voir et observer les cavaliers d’élite. Parfois Thierry venait me voir à Longué accompagné de son fox terrier  »Oslo ». Nous avons fait nos premières armes à cheval à l’ancienne société hippique de Mulhouse puis il alla au haras du Pin pendant que j’étais en formation d’enseignants en Anjou. Après qu’il soit allé bourlinguer en Normandie et s’enrichir d’une forte expérience et d’un palmarès déjà éloquent en C.S.O. et en complet (vis champion d’Europe junior de complet à Rome) nous nous sommes retrouvés en Alsace. Professionnel totalement orienté sur la compétition de C.S.O. et la mise en valeur des jeunes chevaux chez des marchands de chevaux ou éleveurs. De sacrés chevaux ! A la hauteur de l’excellent cavalier qu’est Thierry qui monte très juste et dans un bon style lui aussi. Je me suis remis à l’observer à l’obstacle et un peu sur le plat lorsque j’assistais a des concours dans la région. Technique doublée du style, je retrouve le Thierry de Saumur mais sur de gros parcours de C.S.O. et non plus de cross. Qu’importe, il domine et est à tous les classements. Bravo Thierry !

A l’inverse de lui j’ai toujours considéré les concours comme devant rester un pur loisir pour préserver le plaisir pur de  »l’amateur » et de son cheval. Le plaisir pur de l’amateur c’est d’avoir certes des ambitions mais que  »sportives » et à la mesure des moyens du cheval mais pas au-delà et raisonnablement, ce qui veut dire surtout de ne pas s’enfermer et enfermer le cheval exclusivement dans le système  »compétition – compétition » et finir par en faire une machine à concours que ce soit par pur plaisir ou par spéculation financière ou les deux.

Il y a d’autres joies et sensations à cheval que par la compétition seule. La spéculation financière ou  »compétition business  » est antinomique de l’équitation  »amateur » et du plaisir pur qu’on peut en tirer ; quoi de plus logique, ce n’est pas moi qui refait le monde. C’est ma façon de voir les choses concernant la compétition hippique. Laissant donc la spéculation financière et la compétition exclusive aux professionnels, éleveurs, marchands comme il se doit car ça fait partie intégrante de leur métier. Il n’y a aucune critique à cela tant qu’ils respectent le cheval (donc sans abus) comme tout un chacun amateur ou pas.

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SYLVIE SEAILLES

J’aime Jean d’Orgeix. Je le voyais quelques fois à Saumur lorsqu’il était entraîneur national de saut d’obstacles. J’ai parlé un peu avec lui à Paris au salon du cheval et je l’ai vu donner un stage à Mulhouse (stage auquel je n’ai pas participé). Le connaissant plus par ses écrits, ses livres que j’ai lu et ses vidéos. De ce que je connais de lui et l’impression qui en ressort, il m’est fort sympathique. J’aime cet homme à forte personnalité, bien trempé, intelligent, au fort tempérament et certainement au franc parlé ayant bousculé à bon escient routines et traditions mal comprises…donc dérangeant et enfin son charisme , cette énergie qui se dégage de lui qui est certainement communicative.

Sympathisant de Jean d’Orgeix de la première heure si je peux dire (1977) tant pour  »le personnage » que le fond, c’est à dire ses idées, ses concepts. Mais d’autres que moi plus compétents et le connaissant mieux sont mieux placés pour en parler. En cela je suis conforté sur mon point de vue pour apprendre bien des années après que des références équestres en disent le plus grand bien tant sur l’homme que ses idées et conceptions techniques, étayant ainsi mes propos.

J’entends encore François Franzoni (ex international de complet et de C.S.O.) me dire  » je l’adore ». De voir que Cathy Jacob (instructrice et juge de dressage) le cite dans une vidéo. Le docteur Pradier (vétérinaire de l’équipe de France à l’époque  »de d ‘Orgeix » ou pour la petite histoire Jean d’Orgeix contribua à la médaille d ‘or de l’équipe de France de C.S.O. aux jeux olympiques de Montréal en 1976) citer lui aussi d’Orgeix dans son livre  »mécanique équestre’‘ Et enfin Jean Marie Donard écuyer réputé du Cadre Noir et cavalier de C.S.O. ayant eu Jean d’Orgeix comme patron écrit dans son livre  »le guide de dressage »(éditeur BELIN) page 74  »mon éternel ami et champion dont j’ai été l’adjoint  ». . . . Ça en dit long !

Je ne vais pas épiloguer sur sa méthode que je connais bien en théorie pour l’avoir bien étudié sans toutefois l’avoir vraiment pratiqué. Mais d’un mot; cette méthode extrêmement pertinente clairement expliquée et bien démontrée me semble parfaite pour monter des parcours de vitesse donc essentiellement en foulées décroissantes. Ce qui du reste était la spécialité de d’Orgeix avec tous les succès qu’il eut.

La primauté de l’équilibrage et le contrôle permanent du cavalier à l’abord pour régler les foulées notamment pour reculer le centre de gravité du cheval dans les foulées décroissantes afin qu’il se serve plus de l’élan ou de la vitesse (c’est pareil) plutôt que de sa force musculaire autrement dit l’intervention totale me semble être du ressort des très bons cavaliers sinon doués mais pas pour la majorité. La méthode d’Orgeix a fait ses preuves avec ses élèves surdoués comme l’étaient Christophe Cuyer ou Etienne Laboute dans des parcours au chronomètre ; elle est donc excellente mais je ne la vois pas généralisée et applicable pour des parcours sans chronomètre. Je suis plus réservé aussi sur certains points. La flexion latérale outrée par exemple.

Paradoxalement je lui dois beaucoup en tant qu’enseignant dans ma façon de former mes élèves sur le plat par d’excellents exercices purement d’Orgeix dont je me suis inspiré. Exercices d’école des aides; d’équilibre et de développement du tact que je ne manque pas de faire faire pour tous les résultats concrets constatés.

Il est indéniable que Jean d’Orgeix est non seulement un technicien hors pair mais aussi un excellent pédagogue; préoccupé de la psychologie du cheval autant que vrai homme de cheval. Une façon de travailler les chevaux innovante notamment par du galop très lent sur courbes, beaucoup de reculer, un travail très varié très vivant et surtout des temps de travail très fractionnés qui me sont si chers par ces nombreux temps de mini poses et de récompenses pour le cheval.
Tout ce à quoi j’adhère et que je mets en pratique depuis longtemps. A cela s’ajoute à son actif une belle écriture, des réflexions fines et profondes. Il n’est que de lire la préface qu’il dédia au livre  »l’équitation » de son ami Jean Saint Fort Paillard (écuyer du Cadre Noir et cavalier olympique de dressage et de complet comme d ‘Orgeix fut médaille de bronze en C.S.O. à Londres en 1948).

Ce même Saint Fort Paillard homme respectueux des traditions équestres mais d’esprit ouvert et non borné, premier soutien des idées d’Orgeix lui aussi !!!! Alors il me semble qu’après tout cela le moins qu’on puisse dire de Jean d’Orgeix lui même ,de ses idées et concepts équestres; le C.S.O. en particulier, c’est que l’on est dans l’excellence. Et d’ailleurs à moins d’être un cavalier émérite ou un grand champion que suis je, que sommes-nous pour le critiquer ou critiquer ses idées et sa méthode ?

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Jean d’Orgeix. Entraîneur national de CSO, médaille d’or par équipe 1976

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Etant enfant durant l’été en Touraine mon père m’emmenait aux courses. Les premières courses de chevaux auxquelles j’assistais. Cela se passait en petite province dans des cadres champêtres non dépourvus du charme et du cachet propre à cette belle région du Val de Loire telle que Loches où se disputaient en août des courses de trot attelé et de steeple-chase dont certains réservés aux militaires.

Courses de Chinon: plat, trot, steeple avec le château en arrière fond au-dessus de la ville cachée par des peupliers ou encore aux courses de Richelieu en juillet, dans le grand et magnifique parc où se trouvait la demeure du cardinal du même nom avant la Révolution. Parc fleuri et garni de grands arbres offrant à lui seul un émerveillement pour les yeux.

A cela les chevaux ; trotteurs et galopeurs montés par leurs jockeys aux toques et casaques multicolores marchant au pas dans le pesage avant le départ et enfin les courses proprement dites avec toute la frénésie de l’action du peloton faisant gronder le sol. Spectacles hauts en couleurs qui depuis m’ont toujours séduit en parallèle avec le goût pour l’équitation.

Mais il est un spectacle équestre à cette époque bénie des années 60 qui m’a tout autant marqué ; c’est d’avoir assisté à une vraie fantasia lors d’une grande fête hippique dans le parc d’un château tout proche de Richelieu là encore.

Fantasia de l’escadron de spahis de Saumur venu spécialement pour l’occasion ainsi que les trompettes de l’école de cavalerie. Charges de cavalerie à plein galop par vagues d’une trentaine de spahis debout fusils en l’air sur leurs chevaux blancs crinières au vent et burnous rouges et blancs des spahis claquant dans leur dos comme des voiles en furie dans cette charge furieuse au son des coups de fusils en l’air. Arrêts brusques; départs au galop rapides d’une réactivité à faire pâlir nos  »spécialistes des rectangles » ! Demi-tour ou demi-pirouette non pas décomposée en trois temps et les rênes dans les deux mains comme on fait généralement mais d’un coup leste et rapide le fusil dans l’autre main ! (vous imaginez face à un ennemi les spahis faisant leur demi-tour ou pirouette comme celles du grand prix de dressage en trois temps au petit galop !!!). Chevaux arrêtés se couchant de tout leur long et parfois les spahis debout sur l’épaule du cheval; parfois debout sur le siège de la selle les chevaux à l’arrêt rênes longues et bien sûr après un galop rapide et arrêt franc » le saut du caïd  » ou cabré ! Un beau spectacle qui avait de la gueule.

Mais au-delà de ces charges de cavalerie spectaculaires ce qui était émouvant c’est qu’il s’agissait de vrais chevaux de guerre que ces petits barbes entiers vifs comme l’éclair pouvant paraître un peu indisciplinés en dépit de leur soumission mais les rendant encore plus sympathiques. Les spahis, de vrais combattants.

Cet escadron de spahis et ces mêmes chevaux de fait avait combattu en Algérie dans les Aurès et le Djebel; confrontés au feu et peut-être à la peur avant d’être rapatriés à Saumur peu avant la fin de la guerre d’Algérie en 1962. Cela mérite respect. Cette fantasia je l’ai su après devait être la dernière de cet escadron avant qu’il ne soit dissout comme le fut le dernier régiment de spahis à cheval de Senlis au nord de Paris; le 7è. Tous les chevaux, barbes en l’occurrence vendus, dispersés, faisant l’affaire des centres équestres à l’époque. Dernière fantasia de nos spahis de l’escadron de Saumur donc que j’ai eu la chance et le plaisir de voir.

Juillet 1979 . De retour à Mulhouse après mes séjours et formations à Saumur et Rambouillet; faute de trouver un terrain bien situé et suffisamment vaste pour pouvoir monter une écurie comme je l’ambitionnais .Reconverion. Création de la Sellerie Allinton à Saint Louis près de la Suisse d’abord puis je la déménage à Mulhouse.Quelques photos.

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Parfum Allinton

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Lorsque j’étais dans le Loiret je montais parfois au pied levé des chevaux de propriétaires. C’est ainsi qu’il m’est arrivé de monter un cheval de selle français très puissant du genre holsteiner,cette race de grands et forts chevaux d’Allemagne du Nord.Un cheval plein d’énergie mais très mal dressé. Une bouche en béton,brutal,sans foi ni loi. Bien mal m’en pris de ne pas être resté sagement dans la carrière mais de sortir en forêt. La grande forêt d’Orléans.

A peine détendu,reprenant le trot il me prit la main et partit dans un galop croissant de foulée en foulée au milieu d’une de ces longues allées entourées de chênes et de chataîgners qui n’en finissent qu’à la croisée d’une route à forte circulation. Impossible bien entendu de tourner et le mettre sur un cercle.La position debout et en équilibre sur les étriers étant celle qui au galop rapide donne la stabilité optimale et par conséquent permet les meilleurs conditions de conduite; Je suis donc en équilibre et en suspension sur les étriers essayant de le contenir par des demi-arrêts répétés et alternés avec la main gauche puis la main droite .Rien n’y fait. Le cheval allonge et tire comme un fou ,le bruit des sabots dans le sable s’entend nettement . Il est désormais au galop allongé avec tout son poids sur l’avant-main et la mâchoire complètement contractée ( résistance de force ). Impossible de lui relever l’encolure et faire refluer du poids sur l’arrière-main. Je vois défiler à grande vitesse les arbres de chaque côté autant que dans ma tête défilent des idées noires .Aucun souci pour mon équilibre ,j’ai l’habitude mais suis totalement impuissant perché sur cette machine infernale tirant comme un treuil . J’aperçois très loin à environ quinze cents mètres la route nationale où défilent voitures et camions, c’est celà que je redoute et qui me fait peur.. c’est jutifié . Impossible de l’arrêter ni de le ralentir, le frien ne répond pas ! Que faire? …. La voix ! il ne connait pas ,ce n’est pas Ugolin,Floréal (en photo dans mon parcours) ou Allinton . Le bruit des battues très rapprochées me rappellent au cas ou je ne l’aurais pas remarqué que nous sommes désormais au galop »vite » comme on dit dans le jargon ( expression absurde pour ne pas dire tout simplement rapide en bon français). Tout ceci se déroulant en moins de trois minutes. Je tente de le mettre dans le vide c’est à dire lâcher brusquement tout le poids et toute la tension que j’ai dans les bras et les rênes pour espérer un rééquilibrage obligé du cheval pour ne pas tomber et ainsi récupérer » la mise » ou plutôt la mise en main par de nouveaux demi-arrêts. Rien… nada…niente…nicht… le cheval galope…galope…galope …comme un effréné indifférent à moi et à toute tentative pour le ralentir. J’en ai plein les bras ,ils se tétanisent. Dans ma tête ça bouille mais je reste lucide et réagi au plus vite; pas une seconde a perdre.Que faire? Je tente alors la méthode de James fillis(ecuyer anglais) à savoir pousser le cheval malgré la vitesse pour donner un surcroît d’impulsion afin d’exploiter celle-ci et avoir le cheval en mains ;le maitriser en somme .Mais…. toujours rien…. peut-être est ce moi qui applique mal la méthode. Très rapidement me vint à l’esprit d’y joindre la rêne intermédiaire (5è effet) cette merveilleuse rêne que je sais très efficace et utilise beaucoup. Là ça va un peu mieux mais pas assez pour ralentir ce cheval fou. La route se rapproche à vitesse grand V…la rage et la peur du pire m’envahissent…ça me prend maintenant à l’estomac ! A moi Saint Georges!( patron des cavaliers pour ceux qui qui ne le sauraient pas). Le cheval est maintenant au maximum de son galop, explose toute son energie » la force explosive » à plein, le mors aux dents,emballé.

Et je file file file file sur l’allée des veneurs à ce train où défilent filent filent filent filent au loin ces voitures de malheur. . .

 

Ultime recours le freiner par la méthode que l’on enseigne aux apprentis jockeys.Passer la rêne gauche par dessus l’encolure un peu au-dessus du garrot et tout en effectuant ce mouvement je descends la main droite le plus bas possible le long de l’encolure à droite.Celà décoince la mâchoire 1é degré de la décontraction et de la soumission . L’effet est quasi immédiat alors que le cheval n’a pas encore craché tout son feu et que la route et les voitures sont maintenant à un peu plus de deux cents mètres. Le cheval se reprend,ralentit et s’arrête enfin, soufflant comme un taureau et moi le coeur battant mais enfin libéré de la peur du pire scénario que mon imaginaire me laissait entrevoir.Demi tour aussitôt et… Ouff! Je reprends mes esprits et loue le ciel. Fin du cauchemard; je souffle. A cet instant le mot libération fut le plus beau mot que je connaisse.

Cette anecdote passée,le surlendemain je reprenais le cheval en carrière cette fois afin de commencer un travail de fond à la base, de soumission donc et bien entendu de la bouche du cheval à la main . Et là ,on ne peut guère échapper à la méthode Baucher (l’ecuyer génial)….Demander des flexions de mâchoire sur légères tension d’une rêne à l’arrêt pour commencer. Marcher…. dès que le cheval tente de tirer,l’arrèter net,demande de flexion de mâchoire = décontraction , récompenser, marcher…recommencer etc… ce que Jean d’Orgeix démontre remarquablement bien à cheval dans ses vidéos et ses livres . Bref ce que François Baucher appelle « décomposer la force et le mouvement ». . . mais ceci est une autre histoire.